Chapitre 5

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Je quitte Thaïs vers 11h le lendemain et je me rends au restaurant où mon père m'attend.

- Alors comment était ta semaine, me demande-t-il

- M'en parle pas, dis-je en soupirant, et toi ?

- M'en parle pas, répondit-il en rigolant.

- Qu'est-ce que tu fais dans le coin ?

- Il y avait une réunion avec la brigade criminelle.

- Ah bon ?

- C'est de ça que je voulais te parler Mathilde, dit-il avec un air sérieux.

Je ne réponds pas inquiète de savoir la suite.

- Une étudiante a été retrouvée morte dans une forêt. Sa disparition avait été signalée il y a quelques jours. Elle a était aperçu pour la dernière fois à une soirée.

J'ai peur de comprendre où il veut en venir.

- Ton nom et celui d'Thaïs apparaissent dans les rapports. Comment est-ce que tu as connu cette fille ?

- Est-ce que tu m'interroges ? demandé-je méfiante

- Je ne plaisante pas Mathilde.

Je le vois sur son visage : ses traits sont durs. Effectivement il ne plaisante pas.

- Je ne l'a connaissais pas. Elle était saoul, on n'a même pas parlé : je connais ce prénom uniquement parce qu'Thaïs me l'a dit. Puis je ne sais pas ce qu'elle a fait après cette soirée. J'ai passé le reste de la soirée avec Thaïs, je suis partie de chez elle que le lendemain.

- Thaïs peut confirmer ce que tu dis ?

- Oui.

- Et aucune de vous ne l'a vu partir ?

- Non.

- Vous ne serez appeler au poste mais c'est un avertissement : ne t'approche pas de près ou de loin avec tout ce qui pourrait avoir un lien avec cette affaire.

J'hoche la tête silencieusement. Mon père enquête sur la disparition de Léa et si la brigade criminelle est impliquée ça veut dire qu'il y a une suspicion de meurtre.


J'arrive à la fac le lendemain, des étudiants distribuent des prospectus pour une association mais mon attention est vite absorbé ailleurs : je le vois, il est entouré d'un groupe d'amis mais son regard à l'air vide. Il pourrait presque avoir l'air chaleureux.

Il remue la main dans ma direction et son geste me sort de ma rêverie. Je détourne le regard un peu honteuse qu'il m'ai prise en flagrant délit et rentre dans la salle de classe. J'entends des pas me suivre. Il s'assoit à côté de moi.

Pendant les dix premières minutes de cours, il ne dit rien mais je sens son regard sur moi.

- Comment est-ce que tu connais Léa ?

Je le regarde étonnée qu'il m'adresse subitement la parole.

- Est-ce que t'es sourde en plus de ça ?

- T'es tellement aimable. C'est dans tes habitudes d'agresser les gens comme ça.

Je continue de suivre le cours en l'ignorant.

- Je ne reposerai pas ma question une deuxième fois, dit-il en s'approchant

- Est-ce que tu essayes de m'intimider ?

- J'ai beaucoup d'autres méthodes pour te faire parler. Laquelle tu veux essayer, me demande-t-il en s'accoudant à ma table.

- Je l'ai vu qu'une seule fois répondis-je rapidement en me dégageant. À la soirée de Thaïs tu y étais aussi.

Au vu de ce que m'a dit mon père, je trouve toute question concernant Léa très suspicieuse. Surtout venant de sa part. Maintenant que j'y réfléchis il était présent à la soirée et à l'enterrement. Il sait forcément plus de chose que moi. Est ce qu'il la connaissait ?

- Pourquoi est-ce que ça t'intéresse autant ?

- Tu n'as pas besoin de savoir.

Cette habitude qu'il a de snober les gens me met hors de moi.

Une fois le cours terminé je rejoins Thaïs pour la pause repas et on arrive finalement à trouver une table libre dans la fac bondée. On se raconte nos matinées respectives. Il lui suffit de 10 minutes pour qu'elle réussisse à me faire éclater de rire.


Lorsque je quitte la fac, il est 20h passé. Les cours de 18h à 20h sont définitivement les pires : je suis épuisée. Je m'éloigne d'Thaïs et me retourne pour lui faire signe de la main mais je heurte quelque chose... ou plutôt quelqu'un. C'est encore lui.

- Faut ouvrir les yeux dit-il sarcastiquement

Je lève les yeux au ciel et continue ma route. À cette heure, la nuit est déjà tombée. Les magasins sont fermés, il n'y a plus personne dehors. Je tourne au coin de la rue et aperçoit deux hommes un peu plus loin. Je m'arrête quelques secondes. Je ne veux pas paraitre trop angoissée mais deux hommes dans les rue de Marseille après 19h, c'est rarement bon signe. Je décide de faire demi-tour et de prendre une rue adjacente afin de les contourner. Simple précaution. J'entends leurs rires au loin. J'accélère l'allure et essaye de me faire le plus discrète possible.

- Bah alors mademoiselle, tu croyais qu'on ne t'avait pas vu.

Je m'arrête nette. Il est adossé au mur quelques mètres devant moi. Je me retourne mais le deuxième homme est déjà derrière moi. Ils s'approche tous les deux, un étau se referme autour de moi.

- Tu ne rentrerais pas seule par hasard ?, un sourire malsain s'affiche sur son visage

Mon souffle s'accélère. J'essaie de partir en courant mais une main m'attrape par les cheveux et me tire en arrière. J'essaie de me débattre mais je suis incapable de bouger. Des larmes montent, je me met à crier jusqu'à ce que ma gorge me brule. Entre deux sanglots, je les entends rigoler.

- Regarde là, dis le premier

- Tu crois vraiment que quelqu'un viendra ? me crache l'autre au visage

L'angoisse grandit dans mon ventre et m'envahit : mes jambes commencent à trembler. Je me sens tiré en arrière et une main passe autour de mes épaules. Je ne peux plus bouger, mon regard devient vide. J'ai l'impression que la connexion entre mes pensées et mon corps vient de s'arrêter.

- Il ne faut pas avoir beaucoup de fierté pour s'attaque à une femme seule.

Je regarde à qui appartient la main qui est sur mon épaule, c'est le garçon de la piscine. Une partie de ma crainte semble s'évaporer. Son visage est tendu, sa mâchoire crispée, ses yeux sont terrifiants. Il pourrait tuer une personne d'un simple regard.

Je vois qu'un des deux hommes se tient la mâchoire. Il a dû recevoir un coup.

Il enlève son bras d'autour de moi et me fais signe de me mettre derrière lui.. Je le vois sortir de sa poche un objet métallique qui brille. Un couteau ?

Il reprend d'une voix grave.

- Ne faites pas un pas de plus... A moins que vous vouliez que vos corps sans vie soient retrouvés demain matin.

Plus personne ne bouge. Un des hommes lève les mains et dit :

- C'est bon mon gars, t'excite pas... On ne savait pas qu'elle appartenait déjà à quelqu'un...

Ils font lentement marche arrière. Puis ils partent sans demander leur reste.

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