Chapitre 16

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On arrive devant sa maison. Il me prend la main, on passe devant une cuisine et je reconnais sa cuisine, sa maison. Il me conduit jusque dans la salle de bain, allume l'eau et me dit :

- Prend une douche, ça te remettra les idées au clair.

Puis il sort en fermant la porte derrière lui.

Mon corps est moite de transpiration. Enlever mon short est une épreuve plus dure que ce à quoi je m'attendais : lever une jambe puis l'autre... Je trébuche sur le rebord de la douche. Le mur auquel j'essaie de me rattraper à était rendu glissant par l'eau. Je termine assise au fond de la douche, trempée, et accompagné des quelques gels douche qui me sont tombé dessus. Au moins j'ai réussi à enlever mon short.

La porte s'ouvre brusquement et Lucas apparait dans l'entrebâillement de la porte.

Il m'attrape sous les bras pour me relever. Une fois debout je lui murmure un "merci".

- Est-ce que tu t'es fait mal ? demande-t-il doucement.

Il examine mes bras.

- Non ça va, répondis-je en chuchotant.

Ses mains se sont arrêtées à hauteur de mes épaules. Le bout de ses doigts caresse le relief de mes clavicules. Mes vêtements humides me collent à la peau. Je pose les mains sur ses avant-bras et fait un pas de plus vers lui. Nos corps ne sont séparés que par quelques millimètres. Mon regard passe de ses avant-bras à ses épaules. Est-ce qu'elles ont toujours était aussi bien dessinées ? Puis son cou, sa mâchoire. Tous ses endroits sur lesquels la fille dans le bar à préalablement posé ses mains. Je continu à scruter son visage. Est-ce qu'il sourirait aussi comme ça pour moi ? J'approche mon visage du sien, nos nez se frôlent. Je me mets sur la pointe des pieds mais il ne bouge pas ses yeux sont fixés sur moi. Je recule d'un pas.

- Ou est-ce que tu crois aller ? murmure-t-il dans mon oreille

Il passe ces mains derrière ma nuque avec impatience et écrase ses lèvres contre les miennes. Mon souffle se coupe et tout mon corps est parcouru de frissons. Sa main se déplace dans mon dos et je sens sa langue me chatouiller les lèvres. Je passe ma main dans ses cheveux en répondant à son baiser. Sa chaleur, son contact, son baiser, tout est enivrant. On se sépare presque à bout de souffle. Il pose son front contre le mien et nos corps se soulèvent en rythme. Nous restons plusieurs secondes sans parler l'un contre l'autre. Mon corps frissonne mais cette fois-ci c'est à cause du froid : je suis toujours mouillée.

Il attrape une serviette et m'enroule dedans.

Il sort de la pièce. Je me demande pendants quelques instants s'il m'a abandonné ici mais il revient finalement avec des vêtements.

- Prends ça avant d'attraper froid.

Puis il m'indique une chambre.

- Tu peux dormir ici ce soir, je dormirais sur le canapé. Rester trop près de toi et dangereux en ce moment.

Il quitte la pièce en me soufflant un "bonne nuit".

Le tee-shirt qu'il m'a donné m'arrive au milieu des cuisses et le supposé short tombe jusqu'au genou sans compter sur le fait que j'ai dû le retourner plusieurs fois au niveau de la taille pour qu'il tienne.

Je me glisse dans les draps frais et enfouis mon visage dans le coussin. Mon corps devient lourd et je suis rapidement attraper par le sommeil.

Je suis réveillée par les rayons du soleil qui traversent les rideaux. Je me tourne sur le dos et un mal de tête lancinant me submerge. J'attrape ma tête entre mes mains et me roule en boule au fond du lit. Les souvenirs de la nuit dernière sont gravés dans mon esprit. Je n'ai aucune envie de sortir du lit : je ne sais pas comment je pourrais lui faire face. C'est ma vessie qui me force à sortir du lit. Je marche sur la pointe des pieds pour ne pas faire de bruit.

- Est-ce que tu cherches à m'éviter, dit-une voix rauque derrière moi.

- Pas du tout

- C'est écrit partout sur ton visage, répond-t-il en détaillant mon visage

- Ça, je pense que c'est la gueule de bois.

Il rigole et je ne peux pas m'empêcher de sourire en le voyant.

Mon regard est attiré par des feuilles posés sur la table. Ce sont celles que la fille lui a donné hier. Je la chasse aussitôt de mon esprit. Ce n'est qu'une liste de noms avec d'autres informations superflus tels que les anniversaires, adresses... Mais parmi eux figure les noms de Léa et Thaïs. Il pose sa main au milieu m'empêchant de lire la suite.

- Qu'est-ce que tu fais ? Sache que peu importe ce que tu dis, je n'en ferais qu'a ma tête.

- Le contraire m'aurait étonné, avoua-t-il en souriant

Il faut vraiment qu'il arrête de sourire comme ça.

- C'est une liste des consommateurs de MPH+.

- C'est cette drogue...

- Techniquement ce n'est pas une drogue. C'est du méthylphénidate : un psychostimulant utilisé dans le traitement des troubles de l'attention et de l'hyperactivité. Cela permet d'accroitre l'attention, la vigilance et de manière générale les performances cognitives. Pas besoin de dormir pendant 72h et cela produit une sensation de satiété. Mais le MPH+ est beaucoup plus addictif à fort dosage.

Il marque une pause le temps que j'assimile toutes les informations puis il pointe un nom du doigt : Cécile".

- C'est la fille qui a sauté du 4ème étage de la fac.

A côté de leur noms une petite écriture en italique indique "fin de contrat". En parcourant la liste je découvre une quinzaine d'autres noms en face de laquelle ces mots sont écrits. J'ai un mauvais pressentiment.

Je prends un nom au hasard parmi ces personnes et le cherche sur google. "Alexandre.P, un étudiant de 25 ans c'est pendu chez lui. Il a été retrouvé par...". Je ne continue pas ma lecture.

- Toute ces personnes sont mortes... dis-je avec difficulté.

- Et apparemment ce sont tous des suicides.

- Ce ne sont pas des coïncidences.

- Je ne crois pas non plus, me confirme Lucas. C'est aller trop loin : depuis que je leur ai dit que je ne ferais plus rien pour eux, ils m'on déjà fait accuser d'un meurtre. Rien ne les empêchera de recommencer si leur business tourne mal. Le seul moyen que j'ai de m'en sortir c'est d'y mettre fin.

Une question me brûle les lèvres : qu'est ce qui la poussé à entrer dans ce réseau ? Mais je n'ose pas la poser, ce n'est pas le moment... où c'est tout simplement que je crains d'entendre la réponse.

- Je connais quelqu'un qui pourra nous aider. finis-je par dire.

Je sors mon téléphone et envoie un message à mon père avec une photo de la liste suivi du mot "MPH+" et "boite de nuit évasion".

- Mathilde, dit-il en m'attrapant les poignets pour que je me tienne face à lui. Pourquoi est-ce que tu fais ça pour moi ?

Je ne sais pas... depuis quand est-ce que j'ai commencé à me soucier autant de lui ? Depuis quand sa présence me semble-t-elle indispensable ?

- Regarde-moi, continu-t-il en prenant mon visage dans ses mains.

Et depuis quand est-ce que je me perds dans ses yeux ? Tout m'attire irrémédiablement à lui. J'ai l'impression que mon cœur va bondir hors de ma cage thoracique. Je respire profondément en essayant de reprendre le contrôle.

- Il faut que j'y aille. dis-je précipitamment

- Je viens avec toi.

- Ce n'est peut-être pas une bonne idée.

Etant donné que la personne qui peut nous aider à qui je faisais allusion est mon père, je ne pense pas que ce soit un choix judicieux de l'emmener avec moi.

- Je ne te laisse pas le choix. Dans la voiture.

Il va vite le regretter au moment où il se retrouvera face à face avec mon père.

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