Chapitre 10

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Pendant la semaine suivante c'est le froid arctique avec Lucas : on ne s'adresse pas la parole et faisons en sorte de garder une distance de sécurité minimale d'au moins 2m. Quand à Thaïs, je n'ai pas eu de nouvelles. On se croise quelque fois à la fac mais elle ne reste jamais longtemps. Son visage est pale, elle me parait squelettique : elle doit avoir perdu au moins 5 kilos.

Je sors mon téléphone est l'appel une première fois : elle ne répond pas. Je l'appel une deuxième fois... toujours pas de réponse. Je fais sonner son téléphone une dizaine de fois et personne ne décroche. Même si elle est en colère contre moi, elle devrait au moins me donner un signe de vie. Je vais juste passer rapidement chez elle pour obtenir un signe de vie de sa part.

J'arrive devant chez elle, les volets sont fermés et tout est noir. Peut-être qu'elle n'est pas chez elle. Je la rappel une dernière fois. A travers la porte je perçois le bruit de son téléphone qui sonne puis un grand bruit résonne. Je toque violemment à sa porte.

- Thaïs ? Est-ce que ça va ?

Personne ne répond. Je suis haletante et mes mains commencent à trembler. Je colle l'oreille contre sa porte mais je n'entends plus de bruit à l'intérieur. Mon angoisse s'intensifie. J'hurle son prénom depuis le couloir. Soudainement la porte s'ouvre et je suis tiré à l'intérieur. Une faible lumière passe à travers la pièce, il me faut un peu de temps pour m'adapter à la luminosité. Je découvre Thaïs entortillé dans une couverture, les yeux injectés de sang. Mon cœur se déchire et un gout amer m'envahit la bouche. Elle part se recroquevillé au fond de son lit.

- Je ne voulais pas que tu vois ça, dit-elle faiblement

- Je m'accroupie au près d'elle

- Qu'est ce qui se passe Thaïs ?

- J'en peux plus Mathilde susurre-t-elle.

Sa respiration parait lourde et saccadé. Rien que tenir debout parait être un effort insurmontable.

- Qu'est-ce qu'il se passe ?

- S'il te plait ne m'en veux pas...

L'appréhension me saisit l'estomac. Je passe une main dans ses cheveux et acquiesce.

- Il y a ce médicament que j'avais commencé à prendre... Je n'arrive plus à m'arrêter.

- Depuis combien de temps Thaïs ?

- 1 mois...

Des secousses parcourent son corps.

- Je t'assure que j'essaie d'arrêter. S'il te plait crois-moi... dit-elle à mi-voix

- Bien sûr que je te crois.

J'essaie de paraître la plus apaisée possible.

- C'est trop dur...

Sa phrase sonne comme un ultime appel à l'aide. Elle s'effondre au sol.

- Ne t'inquiète pas je suis là pour t'aider maintenant, je lui murmure à l'oreille

Elle ferme les yeux, les tremblements de son corps se calment mais elle reste trempée de sueur. Je prends une serviette froide et lui éponge le front. Elle ne se lève pas du reste de la journée : reste recroquevillé haletante au fond de son lit. Parfois elle laisse échapper des gémissements. Je reste au près d'elle et lui signale ma présence en lui prenant la main. Elle ne dort pas vraiment, elle git seulement au milieu de son lit dans un état de conscience minimale. Par intermittence j'exerce une pression sur sa main et elle me répond à son tour en serrant la mienne. Comment est-ce que j'ai pu laisser ça arriver. Des larmes coulent silencieusement sur mes joues.

Au milieu de la nuit elle semble reprendre conscience, se redresse lentement sur son lit.

- Est-ce que tu veux que je te fasse quelque chose à manger ?

Elle fait non de la tête. Je m'assois à côté d'elle, et elle pose sa tête sur mon épaule. Je ferme les yeux... je l'ai laissé dans cet état pendant plusieurs jours...seule.

- Je suis désolé de ne pas avoir était la plutôt

- Tu es là maintenant. Merci.

Son corps est pris de tremblements violents. Elle essaye de se lever, fait quelque pas mais s'effondre. Je la soulève et l'attrape sous les bras.

Salle de bain, elle essaie d'articuler entre deux spasmes qui la secouent

Elle jette la tête dans les toilettes. Je lui attrape les cheveux et lui frotte le dos. Elle se ramasse du sol pour aller se nettoyer. Elle s'écroule de nouveau sur le sol et fond en larme.

On reste sur le sol de la salle de bain. Elle laisse échapper un petit gémissement en même temps qu'elle s'allonge et pose sa tête sur mes cuisses. Je décolle quelques mèches de cheveux collés à son visage. Je pose une main sur sa joue et la laisse glisser le long de son bras. Elle finit par s'endormir épuisé. J'aurais envie de pleurer en voyant ce qui se passe devant moi, mais une boule dans la gorge m'en empêche. A ce moment, je me fais la promesse qu'il ne lui arrivera plus rien.

Le carrelage de la salle bain est dur, froid, et je suis appuyé contre une porte de placard dont la poignée me rentre dans le dos. Cependant je reste dans cette position jusqu'à ce que le soleil se lève. Je n'ai pas fermé l'œil de la nuit.

Un téléphone sonne et Thaïs relève la tête en sursaut. Elle met immédiatement ses mains sur ses tempes, puis elle porte son tee-shirt à son nez.

- Je pense que je ferais mieux d'aller me doucher, précise-t-elle

Je me lève en prenant appui sur les meubles et toutes mes articulations craquent. Je me tiens le dos comme une personne âgée et je vois Thaïs sourire timidement. Puis je quitte la salle de bain.

Au bout de 5 min je n'entends toujours pas l'eau couler. A la place on entend un grand vacarme.

Je toque à la porte et l'interroge :

- Tout va bien ?

- Oui ça va, j'ai juste fait tomber le shampoing. J'ai bientôt fini.

Je colle l'oreille à la porte. Toujours pas d'eau qui coule seulement un bruit d'agitation... J'ouvre brusquement la porte. Lorsque Thaïs me voit elle étouffe un cri. 

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