Chapitre 4 :

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La pluie a recommencée à tomber. Mon père m'a foutue dehors pour la nuit, j'ai seulement un sweat sur le dos. Je suis entrain de pleurer. Une heure, il m'a frappé pendant une heure en me traitant de salope. Je suis recroquevillée sur le perron. Je ne veux pas passer la nuit dehors, mais je n'ai aucun moyen de rentrer à l'intérieur. Je sors mon téléphone de ma poche, je ne sais pas pourquoi, mais j'ai envie d'appeler Tom. J'ai besoin d'un "ami". Je cherche son contact et l'appelle, il répond au bout de quatre sonneries. J'entend de la musique et beaucoup de voix, il est à une soirée.
- Allo, Lucy ?
- Ouais Tom, salut.
J'essaie de ne pas montrer ma voix remuée par les sanglots, même si c'est sur qu'avec la musique il ne le remarquera pas.
- Tu vas bien ?
- Hum ouais, désolée de t'avoir dérangé.
Je raccroche sans attendre de réponse, quelle idiote. J'ai froid, j'ai mal, je suis trempée, j'ai juste envie d'être dans mon lit, au chaud. Le lampadaire sur le trottoir d'en face grésille, je le fixe n'ayant rien d'autre à faire. C'est dans ces moments que je me rend compte à quel point je suis seule et que je n'ai plus personne, si j'avais une meilleure amie, je serai probablement allée chez elle, on aurait parlé toute la soirée de ce qui n'allait pas en mangeant de la crème glacée et des cookies en regardant un film.

Je ne sais pas combien de temps passe, la fatigue commence à m'envahir mais le froid et l'inquiétude me gardent éveillée. Une voiture se gare en face de la maison, je relève la tête pour voir qui sort de la voiture.
- Tom ?
Il s'approche rapidement de moi.
- Merde Lucy, qu'est ce qu'il y a ?
- Rien. Et qu'est ce que tu fais là ?
J'essuie rapidement mes larmes.
- Quand tu m'as appelé, je suis peut être un idiot des fois, mais j'ai bien compris que quelque chose n'allait pas.
- Je veux juste partir loin d'ici.
- Oui allez viens, on s'en va.
Il m'aide à me relever puis on part dans la voiture, la route jusqu'à Loitsche ne dure pas longtemps. Pendant tout le trajet, je regarde dehors, j'ai envie de dormir mais je n'arrive pas à m'endormir, sachant que je n'y arriverai pas tant que je serai trempée. Après un temps de route incertain, Tom se gare devant une assez grande maison, elle est blanche, le toit est brun, les volets sont peints de rouge foncé, c'est très joli. Je descend de la voiture, Tom passe devant moi et je le suis. On rentre dans la maison, du peu que je vois, l'intérieur est tout aussi beau que l'extérieur. Je ne m'attarde pas sur les détails, trop fatiguée pour.
- Essaies de ne pas faire trop de bruit, ma mère dort.
- D'accord.
On monte à l'étage, il pousse une porte et m'invite à entrer, c'est sa chambre. Je le regarde trifouiller dans son armoire, il en sort un t-shirt noir avec un crâne rouge dessus et un jogging noir.
- C'est à mon frère, ça t'ira mieux que mes vêtements à mon avis. La salle de bain est au bout du couloir, il y a des serviettes dans le placard sous le lavabo si tu as besoin de prendre une douche.
- D'accord... merci Tom.
- C'est normal.
Je me rend dans la salle de bain, je me déshabille en vitesse, j'ai très froid, ma peau est gelée donc je me dépêche d'aller dans la douche. Une fois que j'ai terminé, je me sèche en vitesse et enfile les vêtements que Tom m'a prêté, je sens le t-shirt, le parfum de son frère sent vraiment bon, je ressors et pars vers la chambre du garçon. Je toque timidement, il est assit sur son lit, il relève la tête de son téléphone.
- Tu peux entrer si tu veux.
- Hum je vais aller me coucher je pense. Je dors où ?
- Je vais te montrer la chambre d'amis.
Je le suis jusqu'à une autre porte, je rentre et ferme la porte derrière moi sans oublier de dire bonne nuit à Tom. La chambre est assez grande, les murs sont blancs, il y a quelques tableaux accrochés aux murs, une commode en bois est dans un coin de la pièce, une table de chevet est placée à côté d'un grand lit deux places. Je plonge en vitesse sous les draps et ferme doucement les yeux.

Je suis entrain de lire un livre sur mon lit, le soleil du mois d'août brille dehors, les rayons viennent me caresser le ventre. La porte d'entrée claque, je ferme rapidement mon livre et je dévale les escaliers pour rejoindre l'entrée. Je cours me réfugier dans les bras de maman, elle laisse tomber son sac et me sert aussi dans ses bras.
- Alors comment s'est passée ta journée chérie ?
- Bien et toi ?
- Très bien aussi, je suis contente d'avoir fini le boulot plus tôt. Je pourrais passer plus de temps avec toi. Qu'est ce que tu veux faire ce soir ?
- On regarde un film en mangeant devant la télé ?
- Avec plaisir. Je vais aller prendre une douche d'abord. Tu commandes.
- D'accord.
Maman me dit ce qu'elle veut puis elle monte à la salle de bain, je prend le téléphone fixe et commande à manger. Elle redescend en pyjama un peu plus tard.
- Je vais aller prendre une douche.
- D'accord. Il faut que j'envoie un message à Maria sinon je vais encore oublier.
Pendant qu'elle sort son téléphone, je l'observe en m'arrêtant au milieu des escaliers. Ses longs cheveux blonds font ressortir son magnifique visage si fin et si doux, ses yeux chocolats débordent d'amour, de joie et de beauté, maman est la plus belle femme que je n'ai jamais vue. Je monte dans la salle de bain prendre une douche ensuite je pars directement dans ma chambre pour me mettre en pyjama. Quand je redescend, maman n'est plus à l'intérieur et la baie vitrée est ouverte, je sors dehors. Je la vois assise de dos sur la balançoire, je m'avance vers elle pour me mettre en face. Elle ne porte plus son pyjama mais une magnifique robe de mariage, ses cheveux sont rassemblés dans un chignon, quelques mèches de cheveux ressortent. Je regarde son ventre qui est maintenant celui d'une femme enceinte. Elle relève et me regarde dans les yeux.
- Maman ?
- Lucy, quand je suis tombée enceinte, je savais que tu allais devenir merveilleuse. Aujourd'hui, je suis tellement fière de toi. Ne laisse personne de tirer vers le bas, jamais. Tu es unique, tu es mon miracle, je t'aime si fort ma puce.
- Maman tu me manques.
J'ai l'impression que ma voix est lointaine, elle s'éloigne de moi, ou peut être que c'est moi qui m'éloigne d'elle. L'image de maman devient floue, je tend les bras pour la toucher mais ça m'est impossible.

Je me redresse d'un coup sur le lit, je regarde autour de moi, le réveil sur la table de chevet indique 03:37, je me lève doucement pour ne réveiller personne. Je sors de la chambre pour me rendre dans la salle de bain. Je me regarde dans le miroir, j'ai des cernes énormes et les larmes aux yeux, je me frotte vigoureusement le visage. Maman n'est pas là.
- Tu vas bien ?
Je sursaute et me retourne brusquement.
- Tom. Tu m'as fais peur.
- Désolé. Ça va ?
- Hum oui oui. J'ai juste fais un mauvais rêve.
- Ça n'a pas l'air pourtant.
- Ah ?
- Tu veux m'en parler ?
- Non.
- Oh.. d'accord.
- Je vais retourner me coucher.
Je m'apprête à repartir quand il pose doucement sa main sur mon bras.
- Tu veux dormir avec moi ? Si tu refais un cauchemar je serai là si tu as besoin.
Je le regarde un instant, je n'ai ni envie de dire oui, ni envie de dire non. Je le regarde une nouvelle fois dans les yeux.
- D'accord.
Je le suis jusqu'à sa chambre, on se couche dans le lit, je me met au bord du lit pour éviter de toucher Tom. Mes yeux se ferment sans que je m'en rende compte.

Je me réveille doucement, mes yeux me piquent légèrement, Tom est à l'autre bout du lit, à deux doigts de se casser la gueule par terre, je me retourne pour être sur le dos, mes yeux s'accrochent au plafond. Je ne sais pas ce qu'il se passe en ce moment, rien de ce qu'il fait ne me pose un problème, c'est même rassurant. Habituellement, je déteste que quelqu'un me touche, qu'on m'adresse un peu trop la parole ou qu'on me pose des questions trop personnelles. Pourtant avec Tom, ça ne me dérange pas, au contraire. Sans que je ne m'en rende compte, je me dis que peut être que je pourrais être amie avec lui. Au bout de quelques minutes, je me lève doucement, je trouve une feuille et un stylo, j'écris rapidement pour dire à Tom que je lui rendrai ses vêtements le plus vite possible et le remercier de m'avoir hébergé. Je récupère mes vêtements et pars de chez lui.

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