Chapitre 5 :

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Je reviens de ma réunion avec mon nouveau chef, juste que dans les paddocks de chez alpine.
J'entends quelqu'un hurler. En réalité tout le monde l'entend hurler. Je continue de m'approcher et aperçoit Pierre en train de réaliser des grands gestes dans tous les sens en hurlant.
- Je ne veux pas d'elle ici !
C'est alors que je comprends qu'il parle de moi. J'imagine que nos échanges de tout à l'heure l'on mis dans une rage folle. Je ne pensais pas que ce serait à ce point.
Les visages des gens autour se ferment, certains baissent la tête et Pierre se retourne dans ma direction. Son regard est dur, il se radoucit parce qu'il me revoit. Comme si il se sentait triste. Inutile d'être devin pour se rendre contre que j'ai tout entendu. Je commence à partir mais une nouvelle fois il me retient.
- C'est pas ce que tu crois.
- Je ne crois rien.
- C'est trop dur de t'avoir près de moi comme ça.
- C'est dur pour moi aussi...
Peut-être que je m'étais trompé sur Pierre, il n'était peut-être pas énervé de me voir tout à l'heure en réalisant que j'étais la sœur d'un ami à lui. Peut-être était-il simplement triste. Après tout si Pierre était vraiment sur le point de me courtiser, j'imagine que cette nouvelle déclaration doit lui faire un choc.
- Je disais ça par rapport à ton frère.
Oh !
Je reste sans voix, ma bouche s'est ouvert à en gober les mouches. Je ne sais même pas quoi répondre.
- Cette soirée était une erreur. Tout ce que j'ai vu en toi, tout ce que je semblais apprécier, venait de ton frère. Tu lui ressemble tellement, qu'inconsciemment je n'ai pas pu faire la différence, tu me l'as tellement rappelé. Ce n'est pas toi que j'apprécie Camille, mais ton frère. Alors faisons comme s'il ne s'était rien passé.
Je hoche de la tête pour dire oui. Après tout, il n'y a pas grand chose à répondre.
Je sors du paddock morte de honte. C'est mon premier jour, Pierre me déteste et tous les membres de l'écurie l'ont remarqué. Et j'imagine que je vais bientôt retrouver mon ancien poste.
Je baisse la tête tendit que je marche. Je ne mets pas longtemps avant de percuter quelqu'un. Je me redresse et m'excuse.
- Je suis désolé ! Je ne regardais pas où j'allais c'est ma faute.
La personne que je viens de bousculer s'excuse aussi et je réalise qu'il s'agit de Esteban Ocon, le second pilote de alpine. Décidément, je suis maudite.
Il me sourit. Et d'une voix bienveillante, il me demande si tout va bien, fidèle à moi-même je craque.
- J'ai passé une horrible journée. Enfin « journée » je me comprends. Il est à peine 11 heures mais j'ai l'impression d'être à bout. Je crois avoir eu ma dose d'émotions pour la journée, du week-end même. Désolé, je suis... vous n'en avez sûrement rien à faire de ce que je vous raconte. J'aimerais faire comme si rien ne s'était passé, continuer mon chemin mais nos chemins vont se recroiser. Je... Je ferai mieux... Je devrais... Enfin vous voyez.
Il me sourit. Soit ce type ne parle visiblement pas la même langue que moi, soit il est très gentil et ne se moque pas de la débilité dont je fais preuve actuellement.
Je m'excuse une dernière fois avant de m'éclipser rapidement. Je préfère ne pas m'éterniser ici, je suis déjà suffisamment morte de honte comme ça.

Une journaliste pour une écurie ( Pierre Story )Où les histoires vivent. Découvrez maintenant