Chapitre 4 :

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J'arrive sur le circuit. Mon cœur bat la chamade. Je sais que je vais être obligé de le revoir, j'imagine que je devrais trouver une excuse dès maintenant.
J'essaye d'esquiver le paddock d'alpine mais je sais bien que ce n'est que retarder l'inévitable. J'ai décidé d'aller me chercher une boisson juste avant. Je déteste le café, j'espère qu'il y aura du thé ou du chocolat chaud. Dans le cas contraire cette journée s'annonce vraiment mal, sans le moindre petit détail pour tenter de l'améliorer.
- Camille ?
Je me fige en entendant cette voix que je reconnais immédiatement.
- Pierre !
Il y a un soupçon de peur dans ma voix. Pour la première fois de ma vie, je me plonge dans le silence plutôt que dans une longue tirade gênante.
- Je ne pensais pas te revoir.
- Je suis désolé...
- On a passé une bonne soirée ensemble, je t'ai invité à dîner, je pensais qu'on se verrait après ça mais non tu n'as donné aucun signe de vie, ça en dit long sur toi.
- Je ne suis pas comme ça ! Parfois il vaut mieux ne...
- Mademoiselle Moreau !
- J'arrive tout de suite !
Je me retourne vers mon nouveau chef qui m'appelle. J'aperçois le regard de Pierre qui semble se décomposer. Je devine qu'il a compris.
- Moreau ?
- Pierre je...
- Tu comptais me dire quand que tu avais le même nom de famille qu'un de mes meilleurs amis décédé ?
- C'est un nom de famille très répandu en France. C'est une coïncidence.
- Ah oui ? Et le fait que tu lui ressemble trait pour trait. Je suis idiot de ne pas l'avoir remarqué avant. Tu es sa copie conforme et je n'ai rien vu. Ne me fait pas croire que c'est une coïncidence !
- Je dois y aller...
Je tente de m'enfuir et d'échapper à cette situation qui commence à peser lourd dans l'air. Je commence à me retourner et à commencer à partir mais Pierre me retient par le poignet. Je tente de m'échapper de son emprise mais il referme sa poignée sur moi, me faisant mal par la même occasion. Il ne me lâchera pas c'est évident.
Les larmes commencent à monter mais je ne veux pas qu'il me voit comme ça.
Pourtant je ne veux pas répondre à ses questions.
- Réponds-moi !
- Je dois aller travailler !
- T'es journaliste et moi pilote tu auras qu'à dire que tu m'interview encore une fois. Il est hors de question que je te laisse t'en sortir sans la moindre explication.
- Je vais me faire virer par ta faute.
- Je parlerais à ton patron si il le faut mais je veux des explications.
- Très bien... C'était mon frère. Je n'avais pas envie de te dire mon nom de famille parce que je ne voulais pas que tu fasses le rapprochement, et je ne veux que personne ne fasse le rapprochement. Lui et moi on se ressemble beaucoup, beaucoup de gens n'ont pas besoin de mon nom de famille pour le faire remarquer.
- Tu savais que je ne t'inviterais pas à dîner si je le savais ! Tu savais que je ne chercherais pas à te courtiser ! Qu'est-ce que tu cherchais exactement ?
- Je ne cherchais rien du tout ! Je voulais faire mon travail et repartir ! C'est tout. Ce qui s'est passé ensuite n'était pas prévu... Nos échanges étaient fluides et j'ai beaucoup aimé passer du temps avec toi. Cette soirée était magique. Je me suis laissé dépassé par mes émotions, je peux dire la même chose de toi.
- Comment ça ?
- Tu viens d'avouer que tu as tenté de me séduire, Tu m'as invité au restaurant, sans doute espérais-tu plus alors que nous ne connaissions pas.
- J'en sais rien, j'ai eu un bon feeling avec toi.
- Et ça a été pareil pour moi ! Mais j'ai l'impression que tu me comprends pas.
- Si c'était le cas alors pourquoi ne m'as-tu pas appelé ?
- Parce que je ne voulais pas que tu saches qui j'étais.
- C'est sûr, maintenant que je le sais, il ne se passera plus rien entre toi et moi. Je ne couche pas avec les sœurs de mes amis même quand ceux-ci sont décédés.

Une journaliste pour une écurie ( Pierre Story )Où les histoires vivent. Découvrez maintenant