PARTIE 1 : PROLOGUE

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PARTIE 1: Introduction.

« Si tu plonges longtemps ton regard dans l'abîme, l'abîme finit par ancrer sont regard en toi »

- Friedrich Nietzsche, Par-delà le bien et le mal

Elle regarde à travers la vitre du véhicule de police qui roulait à toute allure, la lumière des gyrophares rend visibles les arbres qui l'entourent à travers l'obscurité. La jeune femme n'avait pas prononcé un mot depuis que l'agent George Rivers l'avait récupéré, errant seule au milieu de la forêt de l'Eric Houck Mémorial Park dans le Michigan.

La jeune femme dont le prénom est encore inconnu est assise sur la banquette arrière, les jambes en tailleur courbées sur elle-même.
Elle s'agrippe à la couverture que l'inspecteur lui a donnée lorsqu'elle est montée dans la voiture, le regard plongé dans le vide.

Elle ne porte aucun vêtement si ce n'est qu'une maigre culotte gorgée de sang visiblement trop petite pour elle puisqu'elle ne cachait pas grand-chose de son intimité.

À cette époque de l'année, le froid et la neige règnent encore sur tout l'état, le froid avait rendu sa peau aussi pâle que la neige est bleutée ses fines lèvres habituellement rosées. Ses cheveux, atteignant le bas de son dos, sont à présent en mêlée, ne formant que des boules sur son crâne.

Ne voulant pas la brusquer, l'inspecteur ne posa aucune question durant le trajet, seul le son de la radio résonnait dans le véhicule.
De temps à autre, son regard se pose dans le rétroviseur intérieur, observant cette femme dans un piteux état, rempli de cicatrices, d'écorchure et de sang qui de toute évidence ne viennent pas de la forêt.

L'envie dévorante de lui soutirait des informations sur ce qui lui est arrivé lui tiraille la gorge, mais il pourrait causer plus de dégâts qu'elle n'en a déjà s'il force le contact, peut-être une de ses collègues féminines y parviendra.

— Où allons-nous ? dit une petite voix tremblotante.

Le corps tout entier de l'inspecteur se figea, il lui fallut plusieurs secondes avant de reprendre ses esprits. Lui qui pensait que sortir la jeune femme de son mutisme traumatique serait une épreuve, elle prouva tout le contraire.

— Au poste de police, troublé par la situation, il marque une pause. Vous parlerez à l'une de mes collègues.

— D'accord... Son regard vide de quelconques émotions reprit sa position initiale, observant de nouveau la forêt.

* * *

Arrivé au poste, on l'isola dans une salle d'interrogatoire camouflé en un étrange salon où y demeurer un petit canapé ainsi qu'une table basse bon marché. Une policière s'installa avec elle et lui tend un jogging gris avec une veste à capuche.

— Je ne peux pas porter ça. Dis la jeune femme confuse.

— Pourquoi ça ? Demande l'inspecteur Rowena Graham.

— Je ne dois porter que du noir, c'est sa couleur.

Surprise qu'une victime prenne de si tôt un tel parti pour ce qui semble être son agresseur, l'inspecteur Graham décida de ne pas bouleverser la victime, allant donc ainsi dans son sens.

— Si tu commençais par me dire ton nom, tu crois que ça serait possible ?

— Léria

— Léria, très bien. Tu peux m'appeler Rowena, dis-moi, peux-tu me dire ce que tu faisais dans la forêt ? Que s'est-il passé ?

Un silence figea la pièce, Léria qui paraissait en confiance et disposé à parler ne répondit pas. Son visage est à présent fermé, comme un souvenir qu'on ne veut pas déterré. L'inspecteur Graham devint quelque peu rassuré, elle reconnaît là une réaction traumatique, chose qu'elle n'avait pas vue jusqu'à présent chez elle.

Loin de mettre la parole en doute d'une victime, l'inspecteur Graham était étonné quand son collègue lui amena une jeune femme dans un tel état physique, mais qui psychologiquement avait l'air normal, cela fait plus de vingt ans qu'elle travaillait dans le service d'aide aux agressions et jamais, elle ne vit une réaction pareille.
Cela dit, avec son expérience, elle apprit que chaque personne réagit différemment au traumatisme et que mettre la parole en doute d'une victime ne faisait qu'aggraver la confiance qu'elle s'efforçait de bâtir pour recueillir les informations dont elle avait besoin.

Si tu ne te sens pas prête, tu n'es pas obligé d'en parler pour le moment, mais il va falloir faire quelques examens, tu comprends ?

Elle hocha la tête, le regard vide, bloqué sur les habits qu'on lui avait apportés.

Malachai - Tome 1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant