CHAPITRE 21

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GEORGE RIVERS

— Tu veux bien me répéter une dernière fois ce qu'il s'est passé ?

Le jeune homme souffle d'énervement.

— Je ne fais que ça depuis des semaines, vous savez déjà tout !

— Nous sommes sûrement passés à côté d'un indice, s'il te plaît une dernière fois.

Il prend une inspiration et s'exclame à contrecœur.

— J'étais son esclave, sa propriété. Parfois, il ramenait quelques filles et une fois qu'il les avait baisées devant moi, il leur prenait leurs organes avant de les tuer. C'est arrivé qu'il viole leurs cadavres, qu'il me prenne dans des mares de sang atroce parce qu'il savait que je détestais ça. J'ai cru qu'il se passerait la même chose avec cette fille, mais aller savoir pourquoi elle a retenu son attention, il a attendu des semaines entières avant de l'aborder, il n'a jamais été aussi prudent. Son frère en a eu marre et a pris les choses en main et je sais que ça la énerver, il a commencé à se méfier, à être distant de moi. Au bout d'un certain temps, j'ai compris qu'elle allait me remplacer, au fond, je l'ai toujours su. Il était trop gentil avec elle, j'ai voulu agir, mais elle a survécu et il a décidé de me le faire payer de façon lente et douloureuse. Vous croyez qu'il fait ces choses-là par hasard ? Que je me retrouve avec un moignon à la place de la main parce que ça le fait rire ? Il y a du vrai dans tout ça, néanmoins ils calculent tout, vraiment tout. Vous ne le retrouverez pas sauf s'il le décide. Si j'étais vous je me tiendrais à l'écart, vous n'imaginez pas l'ampleur de tout ce qu'il se passe, fermer les yeux et passer a autre chose.

Décidément ce garçon a encore l'air dévoué corps et âme à son maître, il nous a beaucoup aidés certes, mais il n'ira pas plus loin.

Grâce à lui, nous avons pu fournir des détails à la mère de la gamine sur ce qui lui est arrivé. Depuis, elle s'est fait interner en hôpital psychiatrique, savoir ce que sa fille a enduré et qu'elle est toujours entre les mains de son ravisseur a quelque peu détérioré sa santé mentale.

Nous avons pu faire quelques reconstitutions, des visites poussées de chaque pièce dans l'espoir de trouver des indices, mais rien.
Ses affaires sont bien présentes comme les cadavres qu'il a laissés derrière lui, mais aucune trace de sa destination.

— Tes parents n'auraient pas apprécié qu'on arrête les recherches, tu veux vraiment faire vivre ça la mère de Léria ?

— Je me fiche d'elle, de sa mère et de tous les autres ! Vous avez été une grande aide dans ma disparition, c'est vrai... Si elle ne s'était pas échappée, vous ne m'auriez jamais retrouvé et je serais mort dans le sous-sol !

Derrière le miroir de la salle d'interrogatoire où nous nous trouvons, les parents de Trystane observent notre conversation. Je n'ose pas imaginer leurs états en entendant cela.

Ils ont assisté à chacune de nos entrevues, couvert par le miroir, il ne voulait pas que leurs fils parlent dans la retenue, mais il voulait savoir ce qui lui était arrivé.

— Il te forçait souvent à manger ses victimes ?

— Vous voulez rire ? Moi ? Jamais. C'était à son frère qu'il le faisait, une sorte de vengeance intérieure. À elle aussi, il la fait, vous savez, je l'ai fréquenté assez de temps pour le voir évoluer, il était à court d'idées.

— À court d'idées ?

— Quand vous avez torturé et tué des gens pendant un certain temps, vous finissez par tourner en rond, il avait besoin de quelque chose de nouveau, quelque chose qui le stimule. Savoir ce qu'il leur faisait avaler à leur insu l'excitait.

Trystane semble trouver sa normale, ce fils de pute lui a vraiment détraqué le cerveau.

— Pourquoi il agit comme ça ?

— Je ne sais pas grand-chose, il ne parle pas beaucoup de son passé. Je sais qu'il a vécu plusieurs années avec un homme et que ça l'a éloigné de son frère. Que sa mère le détestait et a tout fait pour l'éloigner de la famille alors qu'il était l'élu de son père.

Je note ces quelques phrases dans mon carnet, au fur et à mesure des entretiens et au fil de la conversation il dit des choses qui lui paraissent insignifiantes, mais qui sont d'une importance capitale pour moi.

— Pourquoi elle le détestait ?

— Ce n'était pas son fils, ni à elle, ni à Monsieur Marricelli.

— Comment il l'a vécue ?

Il se redresse de sa chaise pour mieux me fixer.

— Il ne le sait pas, c'est Lucianno qui m'a dit ça. Ce n'est pas étonnant, vous savez, il ne ressemble à aucun d'entre eux.

— Qui sont ses parents biologiques ?

— Je ne sais pas.

Un sentiment de colère m'envahit, il pense qu'il peut me mentir sans que je le repère ?

— Ne me mens pas !

Le gamin me regarde hésitant.

— Je sais seulement qu'ils viennent d'une organisation.

— Une organisation ?

— Oui, vous savez, un genre de mafia, un truc dans le genre.

Malachai - Tome 1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant