CHAPITRE 17

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LÉRIA

Je me contemple à travers le miroir sur le côté du lit, cette robe n'est pas si mal après tout.

Je laisse mes cheveux détacher pour cacher la cicatrice que Deucalion m'a faite dans le cou, le décolleté de la robe ne plonge pas assez pour qu'on puisse apercevoir les marques que Kai m'a faites.

Dans cette robe, j'ai l'air normal, sans histoire, une gamine riche qui se rend à un bal. Si seulement mon histoire pouvait ressembler à celle que le miroir reflète.

Fiona est partie il y a quelques heures, je n'ai pas voulu me changer, à quoi bon.

Je tourne en rond dans cette petite chambre, je suis partagée entre l'envie de sortir de là où espérer que l'attente a duré éternellement.
Le discours de Fiona ne m'a pas vraiment rassuré, les femmes ici n'ont pas l'air d'avoir une vie joyeuse.

Elles sont constamment entourées d'hommes, avec Kai, j'étais la seule, enfin avant notre arrivée chez Andy.
Je vais lui faire payer sa trahison, il croyait avoir une petite amie faible, mais il va ce retrouvé en face de son pire cauchemar.

Quand j'en aurai fini avec lui, j'irai donner une petite visite à Andy, elle a sa part de responsabilité et si elle croit que je vais la laisser s'en tirer comme ça elle se trompe.

— Fiona avait raison, tu es splendide.

Je me retourne et vois Deucalion appuyer contre un meuble, j'étais tellement absorbée par mes pensées que je ne l'ai pas entendu arriver.

— Merci, elle a bon goût.

— Elle t'a expliqué pour ce soir ?

— Plus ou moins oui.

Il hoche la tête et s'approche de moi jusqu'à poser ses mains sur mes épaules.

— Ce soir, les choses sérieuses vont commencer. J'attends de toi une attitude irréprochable, c'est donnant donnant. Ici, tu me dois respect, soumission et obéissance. Dans le cas contraire, je serais plus sévère avec toi, en privé, tu pourras exprimer ton opinion ou tout ce que tu voudras, mais en public, tu dois être de mon côté même si ça ne te plait pas.

Il pose sa main sur mon menton et fait glisser son pouce sur ma bouche.

— Rempli t'est devoirs conjugaux et tu pourras avoir une belle vie ici, je ne m'attends pas à avoir ton amour alors ne t'attend pas à avoir ma fidélité. Suis-je clair ?

Je hoche la tête et fixe le sol.

— C'est très clair.

— Bien.

Il s'écarte de moi et se dirige dans la salle de bain.

J'ai une forte impression de déjà vue, d'un retour en arrière. Une boule d'anxiété se forme au creux de mon ventre. N'oublie pas ton objectif Léria, tu peux encaisser.

Deucalion revient avec quelques mèches de cheveux mouillés et me tend son bras.

— Mademoiselle, si vous voulez bien me faire l'honneur.

     
          * * *

Le trajet s'est déroulé en silence, la maison n'est pas très loin de la salle de fête, mais Deucalion a tenu à y aller en voiture.

À notre arrivée, plus d'une dizaine de voitures étaient déjà garées, deux hommes vêtus de rouge attendent devant la porte et l'ouvrent à ceux qui souhaitent rentrer.
Le chauffeur gare la voiture devant les escaliers du bâtiment, Deucalion sort en premier et me fait signe d'attendre puis vient ouvrir ma portière.

— Merci.

Il me tend son bras que je saisis, j'ai l'impression de me retrouver au milieu d'un film.
La jolie fille qui arrive au bras de son prince charmant au milieu de la foule qui l'acclame.
Hélas, ce n'est pas un prince charmant que je tiens.

Les deux hommes ouvrent les grandes portes, je me retrouve aveuglé par les lumières de la salle.
Tout est si grand et si blanc, de grandes tables rondes avec des chaises sont disposées un peu partout.

Il y a un espace suffisant pour circuler, mais pas pour danser, au fond de la salle, il y a une estrade en bois, sans doute pour faire les annonces. En vérité cette salle me rappelle celle où l'on nomme le Harper Avery dans la série Grey's anatomie.

Plus nous avançons, plus les gens se retournent pour nous regarder, certains approchent et viennent serrer la main de Deucalion et m'adresse un léger regard sans vraiment s'attarder sur moi.

Je ne suis pas très à l'aise de cette situation, j'ai l'impression d'avoir été jeté dans la fosse aux lions.

— Léria te voilà !

Fiona arrive dans une magnifique robe noire à paillettes et me saute au cou.

— Viens avec moi, il faut absolument que je te présente aux autres.

Elle prend ma main et sans même que je puisse dire quoique ce soit, elle me tire vers une table et me fait assoir là où d'autres femmes de tout âge sont assises.

Je lance un regard furtif à Deucalion qui se fait envahir par une horde d'hommes sans se soucier d'où j'ai pu aller.

— Vous n'êtes pas d'ici n'est-ce pas ?

Je lève les yeux vers une femme d'une cinquantaine d'années.

— Comment avez-vous pu rentrer dans l'organisation ? Deucalion a beau être le dirigeant, nous avons des règles strictes.

— C'est une longue histoire, mais disons que j'ai eu de la chance.

De la chance... Même moi, je n'ai pas cru un mot de ce que je viens de dire. Elles ont beau avoir le sourire aux lèvres, être remplies de bijoux et de vêtements de marques. Je vois bien leur mal-être à travers leurs yeux ; comme Fiona me la dit, nous sommes toutes traitées de la même façon.

Pourtant, elles n'ont pas l'air de vouloir empêcher ça ou bien elles ont trop peur de le faire. Ç'a l'air d'être un sujet assez tabou ici, tout le monde sait, mais personne n'en parle. Je commence sérieusement à me demander si j'ai fait le bon choix.

Je sens deux mains se poser sur le dossier de ma chaise, je me retourne et vois Deucalion qui se tient au-dessus de moi.

— Mesdames, je vois que vous venez de faire connaissance avec ma magnifique femme. Dit-il le sourire aux lèvres alors que sa main vient caresser ma joue.

— Et comment est-elle arrivée ici ? Tu connais nos lois. Grogne une femme d'un certain âge à l'autre bout de la table.

— C'est moi qui ai créé cette loi, Layla, et si je me souviens bien, c'est toi qui étais venu me voir pour me supplier d'intégrer ton mari, le petit fonctionnaire de quartier. Il faut se renvoyer l'ascenseur, tu ne crois pas ?

La vieille dame se contente de souffler avant de tourner son regard dans une autre direction.

— Si tu acceptes de la lâcher un peu, je serais ravie de lui faire visiter sa nouvelle maison.
Je regarde la jeune femme avec un sourire, elle n'a pas l'air d'être beaucoup plus âgée que moi. Avoir une amie de mon âge, une amie tout court me ferait le plus grand bien.

— Merci, Lexie, tu n'auras qu'à passer quand tu auras le temps.

La fille a la chevelure blanc souris et me fait un signe de tête.

Deucalion rapproche sa bouche de mon oreille.

— Profite bien de ta soirée, on se revoit tout à l'heure.

Il dépose un baiser dans mon cou et s'en va derrière une porte à côté de l'estrade, suivi de nombreux hommes.

Malachai - Tome 1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant