CHAPITRE 6

381 22 3
                                    


LÉRIA

J'ai arrêté de pleurer depuis ce que je pense être une heure, je suis épuisée, au fond de moi, j'espère encore que ce ne soit qu'une mauvaise blague. Mais quand je regarde le corps de Victoria, je me dis qu'il n'y a aucun doute sur la réalité des choses.

Au bout d'un certain temps, je me rapproche pour examiner ces marques ou plutôt ces plaies. On dirait qu'on l'a ouverte à plusieurs endroits, qu'ils ont pris ces organes. Pitié pourvu que ça ne soit pas ça, une seconde plus tard me voilà de nouveau en pleur.
Je ne suis pas triste, je suis en colère ! Je suis recouverte de sang et d'urine, je partage ma « chambre » avec un cadavre et je suis probablement tombée dans les mains de deux psychopathes de frère trafiquant d'organe.
Je voulais juste plus de liberté, un peu d'aventure, mais ça... c'est loin de tout ce que j'imaginais.

La porte s'ouvre et laisse apparaître une vive lumière m'aveuglant les yeux, pourquoi il a une lampe torche, il fait encore jour.
Je reconnais le garçon que j'ai vu tout à l'heure, c'est un de leur complice ?

— Voilà ton repas, profites-en, tu n'en auras pas d'autre.

Il pose un plateau sur le sol, il est constitué d'un morceau de pain, un verre d'eau et une pomme.

Le garçon va pour s'en aller, mais je l'interpelle.

— Attends ! Qui es-tu ?

Il me fixe un moment, on dirait qu'il hésite à me répondre.

— Je suis Trystane.

— Moi, c'est Léria, je...

— Je sais qui tu es, et si tu t'imagines pouvoir prendre ma place, sache que je ne laisserai pas cela arrivé.

Prendre ça place ? Mais de quoi parle-t-il ?

— Prendre ta place ? Il ne te force pas à rester ? Tu es conscient de ce qu'il fait ?
Au vu de l'expression que dégage son visage, il semble énervé par mes propos.

— Estime-toi heureuse qu'il te porte de l'attention, mais j'étais là avant toi et je serais encore là après ton départ, est-ce que c'est clair ! Tu n'es qu'un jouet de plus et comme toutes les autres, tu finiras par partir.

Il claque la porte si fort que tous les murs ont tremblé.

Ce pauvre garçon a l'esprit bien embrouiller, comment peut-on défendre un tel monstre ? Je devrais être heureuse de son attention et puis quoi encore. Il est vrai qu'avant ces événements j'aurais été plus que ravie, mais à présent, je veux me tenir le plus à l'écart possible. Tyler a dit qu'il « est doux comme un agneau » oui bien sûr.
Je ne peux pas vraiment lui en vouloir, je doute qu'il soit au courant.

Soudain un éclair de réalisation me frappe, je n'ai pas entendu les verrous lorsqu'il est sorti. Il faut que je vérifie, un regain d'espoir anime mon corps tout. Je jette un coup d'œil au sol, tant pis, je marche sur la flaque restée intacte au sol et enjambe Victoria avant d'atteindre la porte.
Je vous en prie, faites qu'elle soit ouverte.

Je tourne doucement la poignée afin d'éviter de faire le moindre bruit, la porte bouge, elle est ouverte ! Sous le coup de la colère, Trystane a dû oublier de la fermer, c'est mon unique chance de sortir d'ici.

Je sors et referme lentement la porte, le couloir n'est pas éclairé, mais je sais quelle direction prendre. Je marche sur la pointe des pieds tout en gardant mon souffle lent, parfois, je m'arrête.
Je ne sais pas différencier le son des pas de celui des vieilles poutres qui se déplace de temps à autre.

Arrivé en haut des escaliers, je me stoppe quelques secondes pour reprendre mon souffle, s'il se trouve non loin de la porte, je suis foutue. Je tends l'oreille essayant de percevoir un son, je n'entends rien, c'est le moment d'y aller.

Malachai - Tome 1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant