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La porte d'entrée du château-fort permettait de franchir la muraille qui l'entourait mais ne débouchait pas réellement à l'intérieur de la structure. En réalité elle donnait sur la cour intérieure où le chemin se divisait rapidement en trois directions différentes.

— Il fallait s'y attendre, on ne va pas pouvoir progresser simplement en ligne droite, commenta le prince Castellan en observant la bifurcation. Nous allons donc être confrontés à un labyrinthe, du coup à partir de maintenant interdiction formelle de s'éloigner les uns des autres. Les labyrinthes des dédales antiques ont souvent des passages dérobés ou des portes qui se referment toutes seules qui peuvent très facilement nous isoler si nous nous éloignons trop.

— Pas très rassurant, grimaça Coley en entendant le prince.

— Oui et inutile de dire qu'être séparés est extrêmement dangereux, alors évitons cela à tout prix. Si jamais cela nous arrive malgré tout, nous suivrons une règle simple : Si un ou plusieurs d'entre vous se retrouvent séparés de moi vous devrez rester où vous êtes dans la mesure du possible tandis que ceux qui seront avec moi tenterons de les rejoindre. Si jamais je suis le seul à être isolé de vous, alors ce sera à la personne ayant le plus d'expérience avec les dédales antiques de décider quoi faire, en l'occurrence Liliana.

— Vous êtes sûr de vouloir me confier une telle tâche votre altesse ? Demanda la sorcière surprise.

— Je l'ai déjà dit avant d'entrer dans le dédale antique, ici faire confiance à ses compagnons est primordial, alors pourquoi aurais-je des problèmes à te demander ça ? A moins bien sûr que tu ne sentes pas à la hauteur.

— Humpf, même moi je ne cède pas à une provocation pareille.

Alaron avait pourtant la certitude d'avoir vu son visage marqué par un profond agacement et vu la tête que faisaient les jumeaux, il était clair qu'il avait vu juste. Mais puisqu'elle n'ajouta rien, le prince prit ça comme une approbation tacite et le groupe se mit en route.

Il fut décidé d'utiliser la méthode élémentaire consistant à toujours suivre le même mur pour ne pas se perdre dans le labyrinthe, même si Castellan et Liliana étaient d'accords pour dire que ce genre d'astuce montrait rapidement ses limites dans un dédale antique. Ils prirent donc la porte située à leur droite et commencèrent à longer le mur de droite.

Avec l'obligation de rester groupé, Béléri ne pouvait plus se permettre de partir en éclaireur. D'autant plus que même si le couloir dans lequel ils étaient était assez large pour permettre aux six membres du groupe de marcher de front, il n'avait en revanche aucune cachette qui aurait pu permettre à la jeune femme de se cacher en cas de problème.

De fait, quand ils croisèrent leur premier ennemis, une simple statue vivante fort heureusement, elle fut forcée d'aller se mettre à l'écart et d'observer sans rien pouvoir faire. Elle commençait à vraiment avoir l'impression d'être un poids mort pour le groupe, mais se força à ravaler sa frustration.

Le groupe finit par arriver à un croisement de quatre chemins et la voie de droite, qu'ils étaient censés emprunter selon leur logique, était gardée par trois statues vivantes. Même pour les plus faibles des sentinelles, ça faisait tout de même beaucoup, surtout dans un espace aussi réduit et sans obstacle. Le groupe dû les attaquer de front, en prenant bien garde à ne pas se gêner mutuellement. Liliana restait à l'arrière pour se tenir prête à agir en cas d'urgence et Béléri restait à ses côtés, pas tant pour protéger la sorcière que parce qu'elle ne voyait pas quoi faire d'autre.

Elle observait le combat de ses compagnons, tremblant à chaque fois qu'une attaque manquait de peu de toucher l'un d'entre eux. La tension que cela provoquait chez elle, couplé à la frustration qu'elle ressentait, expliqua sans doute pourquoi elle ne vit pas venir le danger assez vite. Ce fut un bruit qui l'alerta, le son sourd d'un pied bien trop lourd pour appartenir à un humain qui résonnait en se posant au sol. La jeune femme sentit son échine se glacer quand son cerveau analysa ce qu'elle venait d'entendre. Car ce son ne venait pas du combat qui avait lieu devant, mais de son dos.

Vorsem tome 4 - Le crépuscule écarlateOù les histoires vivent. Découvrez maintenant