XII

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Les chants faisaient partie intégrante de la culture de Galidian. Même Alaron le savait, ce peuple de marin avait la réputation de chanter pratiquement en toute occasion. N'ayant jamais entendu à quoi pouvait bien ressembler leurs chansons, il s'était imaginé des rythmes simples et vulgaires qui collaient à l'image qu'il se faisait d'eux. Mais là encore, la réalité lui montra qu'il était loin du compte, car la mélodie que chantait la princesse Anesteria était très éloignée de cette image.

La dame d'azur danse parmi les embruns

Toujours gracieuse, dans ce refrain

L'onde la porte de manière sensuelle

Dans une danse intemporelle

Parfois douce et aimante

Elle veille sur chacun de nous, avec bienveillance

Parfois cruelle et violente

Elle nous impose à tous sa surveillance

Ô déesse bleu

Toi si miséricordieuse, que ton regard soit toujours présent

Notre destin nébuleux

Sera toujours entre tes mains, porte nous au firmament.

La chanson s'arrêta là et Alaron se rendit compte qu'il avait écouté les dernières paroles les yeux fermés. Il se sentait bizarre. Il était sûr et certain de ne jamais avoir entendu cette chanson auparavant. Il ne voyait pas dans quelle situation il aurait pu. Mais pourtant, il se sentait submergé par une émotion incompréhensible qui lui faisait monter les larmes aux yeux.

— Tu sembles apprécier cette chanson, fit soudainement la voix d'Anesteria.

Alaron sursauta tellement fort face à cette interruption de ses pensées que la princesse ne put retenir un léger rire. Honteux, le jeune homme songea un instant à partir avant de se reprendre. Il n'était quand même pas un enfant pour s'enfuir à la moindre humiliation.

— Excuses-moi, dit-elle en mettant fin à son rire. Je ne m'attendais pas à ce que tu réagisses comme ça.

— Vous m'avez juste surpris, répondit Alaron toujours un peu gêné. Cette chanson m'a intrigué, j'ai presque l'impression de la connaitre.

— C'est un chant galidien en l'honneur de notre gardienne primat, Aménotissa. C'est rare de l'entendre en dehors de notre pays.

— Ce chant est sur une gardienne primat ? Là je dois avouer que je suis surpris, à l'entendre je pensais que cette chanson évoquait la mer.

— C'est normal, Aménotissa est plus ou moins considérée comme l'incarnation de la mer chez nous. Je sais que les gardiens primats ne sont pas des dieux, mais elle a toujours été notre protectrice et pour nous, une déesse bien plus concrète que les dieux jumeaux.

Alaron savait que les galidiens étaient prompts à la superstition, du coup le fait qu'ils prennent une gardienne pour une déesse ne le surprenait pas tant que ça. Il trouvait ça assez ridicule, mais en réalité ça ne le concernait pas vraiment et il ne voyait pas trop pourquoi il se moquerait d'une telle croyance. Surtout que pour l'instant, autre chose occupait son esprit. Il continuait de revoir la scène un peu plus tôt où il avait dû égorger un homme. Le souvenir suffit à le faire frissonner et à lui donner envie de vomir.

— Et sinon, qu'est-ce qui t'amène ici en dehors de ma chanson ? Lui demanda Anesteria. Tu m'as l'air troublé.

— Ah bon ? Demanda Alaron un peu surpris.

Vorsem tome 4 - Le crépuscule écarlateOù les histoires vivent. Découvrez maintenant