Vorsem tome 4 - Le crépuscule écarlate

VIII

Après leur arrivée à la capitale, le groupe s'était rapidement rendu au palais afin de faire leur rapport à la princesse Nérissa. Comme à son habitude, elle s'occupait d'une multitude de dossiers comme en attestait la quantité impressionnante de parchemins et de feuilles de papiers étalés sur son bureau, ce qui ne l'empêcha pas de les recevoir immédiatement. Elle les félicita pour la réussite de la mission avant d'écouter le rapport détaillé de son frère.

— On peut dire que vous avez vécu une belle aventure, je vous remercie d'avoir accompli cette tâche sans vous blesser. Je sais la réputation que peuvent avoir les dédales antiques, revenir vivant de l'un d'entre eux n'est pas un mince exploit.

Il était rare de voir la princesse exprimer aussi clairement ses inquiétudes, même à postériori. Son frère la rassura immédiatement en disant qu'il n'y avait pas eu tant de dangers que ça. C'était parfaitement faux et la princesse Nérissa n'était pas dupe, mais elle sembla apprécier l'intention malgré tout.

— Bien, tout cela est donc un franc succès, y compris pour l'objectif secret que je t'avais confié semble-t-il Castellan.

Son regard s'était posé sur Liliana quand elle avait prononcé ces mots et pour la première fois depuis qu'il la connaissait, Alaron eut l'impression qu'elle se sentait mal à l'aise.

— C'est donc toi, la fameuse sorcière qui a aidé mes agents pendant l'une de leurs missions, reprit la princesse. On peut dire que tu n'es pas quelqu'un de facile à trouver, je suis ravie de pouvoir enfin te rencontrer en personne.

Malgré le ton tout à fait sympathique qu'elle employait, la princesse dardais sur la sorcière un regard qui rappelait terriblement celui d'un serpent ayant repéré sa proie.

— Je vous dirais bien que tout le plaisir est pour moi, mais étant donné la manière dont j'ai été invitée ici je ne peux m'empêcher de me demander ce que vous attendez de moi, votre altesse, répondit Liliana d'un ton bien éloigné de son arrogance habituelle.

— Craindrais-tu d'être tombée dans un piège ? Lui demanda la princesse avec un léger sourire en coins. Si c'est le cas, alors c'est une très bonne chose, cela signifie que tu as la tête sur les épaules. Tu as parfaitement raison de te méfier de moi, néanmoins, si je t'ai fait venir devant moi ce n'est pas pour te piéger. Je vais avoir besoin de ton aide.

— Pourrais-je savoir pour quelle raison ? Je ne suis qu'une sorcière itinérante qui vient en aide aux nécessiteux et j'ai la politique en horreur. J'ai du mal à imaginer comment je pourrais vous être utile.

— Tout simplement parce que tu es douée et j'ai besoin de personnes douées en ce moment. Notre royaume traverse une période de crise et il est important que je l'en sorte le plus vite possible avant que mes sujets n'en souffrent trop. Mais puisque tu dis détester la politique, j'imagine que ce n'est pas ce genre d'arguments qui sauront te convaincre.

La princesse croisa les mains sous son menton avant de poursuivre.

— Dans ce cas, que dirais-tu si je t'annonçais que ceux contre qui je lutte sont les mêmes personnes qui sont responsables de la ville remplie de morts-vivants dans laquelle tu as rencontré mes agents ?

Liliana tressaillit légèrement en entendant cette phrase et Alaron put voir sa main droite se crisper.

— Ceux que vous affrontez, sont les responsables de cette horreur ? Demanda-t-elle.

— En effet, lui répondit la princesse. D'ailleurs, ils ne se sont pas contentés de la ville que tu as pu voir de tes propres yeux, d'autres villes situées en bordure du désert d'Artagan ont subi exactement le même sort. Tu comprends certainement pourquoi je ne souhaite pas les laisser libre de faire ce qu'ils veulent plus longtemps.