XI

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Alaron avait maintenant l'habitude de côtoyer les membres de la famille royale et connaissait donc les codes à respecter dans ce genre de situation. Mais en observant la scène devant lui, il se rendit compte que les règles qu'il connaissait ne s'appliquaient pas de la même manière dans d'autres pays. La princesse Anesteria était venue pour rendre visite aux réfugiés du camp, ce qui était déjà assez surprenant en soit car Alaron était certain de ne pas avoir été mis au courant de cet évènement pourtant important. Mais le pire, c'est qu'elle se baladait parmi les réfugiés sans le moindre garde et se mêlait à eux sans aucune hésitation.

Le jeune homme était stupéfait, jamais il n'aurait imaginé qu'un membre d'une famille royale se présente ainsi sans barrière devant son peuple. Elle discutait et riait avec eux, comme si elle rencontrait de vieux amis. Il hésita un moment à intervenir, vu qu'elle était la princesse d'un autre pays il devait quand même être prudent, mais il se devait de le faire malgré tout. Il se dirigea donc vers elle, laissant derrière lui les jumeaux qui semblaient encore plus perdus que lui.

— Mes hommages altesse, dit-il en arrivant à sa rencontre. J'ignorais que vous deviez venir aujourd'hui, vous m'excuserez que nous n'ayons pas pu vous accueillir comme il se doit.

Alaron avait rarement été aussi hypocrite de sa vie et il en aurait presque eut une grimace de dégout. Il était bien forcé d'en arriver là malgré tout, il ne pouvait quand même pas la laisser sans surveillance, si jamais il lui arrivait quoi que ce soit ce serait une catastrophe. La princesse se tourna vers lui et sembla reconnaitre son uniforme blanc cassé.

— Tu es l'un des agents de Nérissa c'est bien ça ? Tu tombes bien, j'aurais quelques questions à te poser, peux-tu m'accorder quelques minutes de ton temps ?

— Ce serait pour moi un honneur, princesse.

Pour être franc, ce n'était pas vraiment la réponse qu'Alaron avait envie de donner. Mais refuser serait d'une impolitesse impardonnable et au moins, si elle souhaitait lui parler cela lui donnait une excuse parfaite pour la mettre en sécurité. La princesse salua une dernière fois son peuple, s'excusant de devoir les laisser. Ces derniers ne semblèrent pas lui en tenir rigueur et lui dirent au revoir, avec une familiarité qu'Alaron trouvait déconcertante. Il guida ensuite la princesse vers un coin isolé du camp, où il était sûr que personne ne viendrait les déranger.

— Excuse-moi de vous avoir pris de court, déclara Anesteria une fois qu'ils furent seuls. J'imagine déjà Nérissa me faire la leçon si elle l'apprend, ne lui en parle pas d'accord ?

— Je suis désolé altesse, mais vous ne pouvez pas me demander comme ça de cacher des choses à ma maitresse, répondit Alaron mal à l'aise.

— T'es pas drôle, elle l'aurait su de toute façon, alors tu ne perdais rien à faire semblant d'accepter.

— Je n'ai pas pour principe de mentir, surtout à un membre d'une famille royale.

— Quelle rigidité, tu es bien un agent de Nérissa toi, le parfait représentant du royaume de Filoria.

Alaron comprit parfaitement le sous-entendu et il se sentit insulté, avant de soudainement se souvenir des paroles de Liliana. Elle avait dit que pour les autres pays les habitants du royaume de Filoria, passaient pour des personnes coincées. Ses pensées furent toutefois interrompues quand il se rendit compte que la princesse Anesteria l'observait en s'étant approché de lui d'un peu trop près à son goût.

— Bon sinon, reprit-elle. Vu que tu es sous les ordres de Nérissa tu vas peut-être pouvoir me renseigner. Je sais qu'une grosse partie de l'aide apportée à mon peuple vient de fonds privés, est-ce que tu saurais me dire où je peux apprendre de qui il s'agit ?

Vorsem tome 4 - Le crépuscule écarlateOù les histoires vivent. Découvrez maintenant