Vorsem tome 4 - Le crépuscule écarlate

VI

Le prince leur avait dit d'être concentrés au maximum pour éviter les dangers, Alaron se rendit vite compte que ce n'était pas des paroles en l'air. Outre les sentinelles qui pouvaient surgir à n'importe quel moment, le nombre de pièges auxquels ils devaient faire face était assez effrayant. D'autant que la majeure partie d'entre eux s'avéraient bien plus dangereux que les trappes dans lesquels ils étaient tombés un peu plus tôt.

Certains projetaient des flèches, d'autre faisaient jaillir des lames acérées, d'autres encore faisaient se refermer sur eux les murs pour les écraser. Une des pièces qu'ils avaient explorées s'était même remplie d'un gaz à l'allure inquiétante qui les avait poussés à fuir à toute vitesse. Un autre problème était la gestion de la fatigue. Car si Alaron ne la ressentait pratiquement pas, le reste du groupe était en train de s'épuiser, ce qui augmentait les risques d'accident. De plus, impossible pour eux de savoir combien de temps ils avaient bien pu passer dans le dédale ni s'il faisait jour ou nuit à l'extérieur et cette absence de repère était une charge mentale de plus.

Après une énième statue vivante vaincue, Alaron se plaça avec Coley de part et d'autre d'une porte pour se tenir prêt à intervenir quoi qu'il puisse y avoir derrière. Ils avaient tous les deux répété cette opération tellement de fois aux cours de leur exploration qu'ils n'avaient même plus besoin de se concerter. La salle sur laquelle ils débouchèrent s'avéra toutefois très différente de ce dont ils avaient l'habitude.

Assez vaste et haute de plafond, une vaste estrade occupait la majeure partie de la pièce. Cinq braséros éteints étaient disposés dessus, un à chaque coin et le dernier au milieu. Les murs de la pièce étaient ornés d'une succession de numéro ainsi que de plusieurs rectangles colorés en rouge, bleu et violet situés à leur base. Alaron restait sur ses gardes, inquiet de découvrir quel genre de dangers pouvaient bien les attendre, mais il fut surpris d'entendre le prince Castellan et Liliana soupirer de soulagement derrière lui.

— La chance nous sourit, dit le prince qui semblait se détendre. C'est une salle d'énigme.

— Qu'est-ce que c'est ? Demanda Coley.

— Comme son nom l'indique c'est une salle qu'on ne peut franchir qu'en résolvant l'énigme qui s'y trouve. Mais c'est aussi une zone sûre dans laquelle nous allons pouvoir nous reposer.

— Nous reposer ? Alors que les sentinelles rôdent ? Intervint Jenia perplexe.

— Les sentinelles n'entrent jamais dans une salle d'énigme et il n'y a aucun piège, ça fait partie des règles de cet endroit, répondit Liliana.

— Les règles hein ? Tu décris souvent les dédales antiques comme un jeu, mais avec tout ce qu'on a traversé j'ai du mal à le voir comme ça, déclara Alaron.

— Ne te méprend pas, c'est pour les dieux qu'il s'agit d'un jeu, pas pour nous. Mais au moins ils respectent les règles qu'ils ont établis, nous n'avons donc rien à craindre ici. De toute manière je ne pense que nous aurions pu aller beaucoup plus loin sans prendre de repos.

— En effet, traverser un dédale antique met les nerfs à rude épreuve et celui-ci semble être plus long que la moyenne, ajouta le prince. Je veux qu'on soit en pleine forme et puisque nous avons la chance d'avoir un endroit sûr, nous allons en profiter pleinement. On mange et on s'accorde l'équivalent d'une nuit de sommeil, c'est un ordre.

Personne n'eut envie de contester et après avoir mangé une partie de leurs rations tout le monde alla se coucher dans un coin de la salle. Alaron se sentait un peu gêné de ne pas ressentir la même fatigue, dans ces moments là sa condition creusait, qu'il le veuille ou non, un écart avec les autres. Surtout qu'il n'allait pas vraiment dormir, ou très peu, le reste du temps il le passerait à méditer pour reposer son esprit.