Chapter 7 - Hope

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Mardi 12 septembre, 12:30, Paris 1er

L'heure d'espagnol approchait. Nous avions eu SVT, pendant une heure trente également, et je m'étais mise avec Maëlle. Je n'étais pas fan de cette langue, et pourtant j'étais assez forte.

Les dizaines d'heures à mourir d'ennui l'année dernière avaient finalement payé. Car en voyageant en Espagne cet été, j'avais réussi à plutôt bien parler espagnol. Mais Elena, qui était venue avec moi, avait clairement excellé.

Cette fille m'impressionnait, elle manipulait quatre langues d'une manière si aisée et fluide que j'en étais moi-même jalouse. Anglais, français, espagnol et même italien, elle était capable de maintenir n'importe quelle conversation avec un natif.

Pourquoi je n'étais pas comme ça ? Pourquoi moi aussi je n'étais pas aussi parfaite dans un seul domaine ?

Je ne suis bonne qu'à me plaindre et éloigner les autres de moi. Les gens me fuient comme la peste.

— Hope, tu rentres ? m'appela Olivia en me ramenant à la réalité.

Non. Non, je ne peux pas rentrer. Il fait chaud, trop chaud, je ne veux pas. La salle est trop étroite, pour moi.

— Préviens la prof que je suis partie aux chiottes, s'il-te-plaît, la suppliai-je avant de courir vers les toilettes du premier étage.

Mes jambes ne me répondaient plus : j'avais mal mais je ne m'arrêtais pas.

Les toilettes, il me faut des putains de toilettes.

Je fondis droit sur la cuvette après avoir fermé la porte à clé, et je régurgitai mon petit déjeuner. Mes larmes vinrent réchauffer mes joues pâles et ma main droite attrapa mes cheveux pour les relever en chignon.

Je pris du papier toilettes pour m'essuyer la bouche et tirai la chasse. Mes ongles se plantèrent dans la peau de mes avant-bras et y laissèrent des marques de griffures. Je ne ressemblais plus à rien : mon mascara avait coulé, mes yeux étaient à nouveau rouges, mes cheveux étaient emmêlés...

Mon corps était épuisé physiquement et mon être était épuisé mentalement. Je n'avais plus aucune source d'énergie, je voulais rentrer chez moi et dormir. Ou du moins essayer de dormir.

PUTAIN mais qu'est-ce que j'ai fait ? J'ai vraiment mérité tout ça ?

Pourquoi certains ont la belle vie quand d'autres se tuent petit à petit sans le vouloir ?

Mes sanglots redoublèrent sans mon accord. Je ne voulais pas avoir une crise ici, pas maintenant. Et pourtant je n'avais pas le choix de retenir le moindre bruit en obstruant ma bouche avec ma main.

Les souvenirs ressurgissaient, mes yeux s'écarquillèrent ne voulant pas laisser ma mémoire voir ces horreurs que mon cerveau avait enregistrées. Ma gorge me brûlait : j'étais assoiffée.

Mes ongles vinrent gratter ma peau plus ardemment, mes yeux ne se fermaient plus, ma main gauche avait agrippé mes cheveux et les tira de toute ses forces.

J'haletai rapidement, mes mains retombèrent sur le sol sur lequel j'étais assise, en boule. En relevant la tête, j'aperçus la poignée s'abaisser toute seule et se relâcher.

HOPEOù les histoires vivent. Découvrez maintenant