HOPE

Chapter 15 - Hope

Lundi 16 octobre, 10 :50, Paris 1er

Le temps s'était arrêté. Pendant une ou deux minutes à fendre le moment parfait. Nous nous étions trouvés, accrochés l'un à l'autre comme une bouée de sauvetage. Nous nous maintenions à la surface comme des naufragés en quête d'un peu d'air, ensemble.

Je surmontai mes problèmes, mes craintes, ma colline avec lui, mais je rechutai quand il n'était plus là.

Eden Silva est quelqu'un qui se lasse rapidement, qui a besoin de renouveau. Et je ne peux pas lui offrir ceci. Je suis instable et je recherche du calme. On ne comblera jamais tous nos désirs ensemble, c'est un fait.

On se prenait la tête pour des futilités, mais aujourd'hui, à voir ce que je suis devenue, je ne mérite plus rien de lui, et lui de moi. Je ne m'intéresse plus aux gens, à leur vie, je ne connais plus tous les potins du lycée. Je suis devenue un fantôme, un esprit qui hante l'école.

C'est comme dans ces films d'horreurs stupides où un fantôme lancine un endroit car il y a été assassiné. Pour dire vrai, je n'ai pas été tué, mais c'est dans ce bâtiment scolaire que ma vie s'est arrêté.

Lui, il veut m'aider. Il veut essayer de faire ce que j'ai abandonné il y a déjà un mois. Mais comment veut-il m'aider ? Comment peut-il aider quelqu'un de mort à l'intérieur ? La culpabilité me rongeait les os, je devenais coupable d'un crime que je n'avais pas commis. Non, j'en étais la victime.

Un chuchotement me chatouilla l'oreille alors que j'avais les yeux fermés et étais allongée sur ma table. J'ouvris mes paupières, ne m'attendant pas à qui pouvait bien me parler. Je tombai sur mon voisin de table, visiblement outré que je m'étale de tout mon long sur un bureau scolaire.

On connait tous cette personne dans notre classe qui fait tout pour être le meilleur : se présenter aux délégués, faire des discours sans qu'il y soit invité, juger le reste de la classe qui ne lui arrive pas à la cheville... Eh bien, dans la mienne, cette personne s'appelle Noah.

Il me regardait, les yeux exorbités et la bouche entre-ouverte, agrémentée d'une expression de dégoût, Noah ne manqua pas de me faire remarquer que j'avais vrillée et que je n'étais plus l'élève en qui il avait espoir.

- Tu avais espoir en moi ? demandai-je alors qu'il n'osait plus me jeter un œil. S'il-te-plaît, Noah, regarde-moi.

- Non, tu me répugnes, Hope. Que t-est-il arrivé pour que tu finisses comme ça ?

Je ne lui répondis pas. Le silence était ma seule réponse, comme à chaque fois. Les yeux vides en quête d'un simple soutien, je m'étais perdue dans les malices de l'alcool. Tout était clair et pourtant si flou. Je voulais changer, je le devais, pour moi comme pour les autres. Mais comment puis-je sortir d'un cercle aussi vicieux que reposant.

L'alcool était mon échappatoire, la force qui faisait vibrer mes vaines et battre mon cœur. J'avais toujours méprisé ce genre de choses, et me voici, aujourd'hui à devenir ce que j'ai toujours haït. J'ai plongé dans un cruel océan noir et je m'y noie, désormais.

Quelqu'un avait espoir en moi. Noah voyait en moi ce que je cherchais et que je ne trouvais pas. Mon ancien « moi » était celui que les gens aimaient, celui que je cherchais.

- On avait espoir en moi ? me répétai-je silencieusement en me redressant sur ma chaise.

Un sentiment inexplicable traversa mon être. J'étais comme portée sur un nuage. Je n'attendais plus que ça, finalement : la liberté. Une liberté qu'on m'avait arrachée sans mon consentement. Et si finalement, Ilan ne me rendait pas vivante. Et si finalement, il me détruisait plus qu'autre chose ?