Chapter 13 - Eden

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Mercredi 27 septembre, 10 :40, Paris 1er

La sonnerie n'avait pas retenti, elle qui habituellement était à dix heures trente-cinq. Personne n'avait l'air de le remarquer, mis à part moi.

Je ne comprenais pas ce qu'il se passait. Notre lycée était le plus à cheval de la région sur la ponctualité. Pourquoi lui-même ne sait pas être à l'heure ?

Intrigué, je décidai de monter en classe, voir si quelqu'un avait remarqué, lui aussi. Cependant, alors que j'allai emprunter l'escalier du milieu, un élève de Première me bloqua l'entrée.

- Mec, tu joues à quoi ? J'ai cours, laisse-moi passer, lui ordonnai-je.

Mais il ne vacilla pas, plissa le nez et me fit « non » de la tête :

- Ça n'a pas encore sonné, retourne avec tes potes.

- J'ai cours, il est quarante, repris-je, anxieux.

- Ce n'est pas grave, conclut-il. Pars d'ici.

Il y avait un problème quelque part. j'obéis en me dirigeant vers un autre escalier, lui aussi surveillé par un élève de Première.

- Il se passe quoi ? demandai-je excédé. Vous faites une manifestation ou quoi ?

- Retourne dehors, m'ordonna-t-il.

En me pinçant les lèvres, je repartis. Quelque chose se passait, et personne n'avait l'air d'y faire attention. Mais sérieux, c'est quoi ce lycée de débiles ?

Dans l'établissement, il y avait quatre escaliers, les quatre étaient bloqués par quatre élèves baraqués et menaçants. C'était un groupe de pote, je les voyais souvent dans la cour. Seulement, il en manquait un.

Ilan Elkins. Ce type était fou, il faisait trembler les faibles jusqu'à la moelle. C'était un demeuré, un enfoiré, un violeur.

Putain. Un violeur.

Mes yeux s'écarquillèrent et je fonçai dans le gymnase. Après avoir bien fréquenté le lycée, j'ai pu remarquer de nombreux passages que certains ne connaissent pas. Derrière le vestiaire des garçons se trouve une porte coupe-feu, jamais ouverte, mais qui donne sur le premier étage.

J'ouvris la porte brusquement, mais tout ce que je trouvais était un couloir sombre, sans personne ne s'y trouvant.

Je m'avançai jusque devant la salle de français et au même moment, ma prof ouvrit la porte à la volée, manquant de me bousculer de peu.

- Eden ? Sais-tu pourquoi la sonnerie ne retentit pas ?

- Pas la moindre, madame, mentis-je.

C'était évident. Connaissant de nom Ilan Elkins, je suis persuadé que ce mec a coupé l'alarme après une intrusion à l'accueil du lycée.

La professeure reprit son chemin et monta aux deuxième étage. Alors que j'allai faire de même, j'aperçus un sac au sol. Mes yeux s'écarquillèrent, ma mâchoire céda et je failli lâcher un cri d'effroi.

Le sac de Hope.

Je courais pour fouiller tout l'étage, mes sens alarmés. Des toilettes étaient allumées et, comme par hasard, c'était des mixtes. Je priai pour qu'il ne lui soit rien arrivé en enclenchant la poignée.

En entrant, après avoir poussé la porte doucement, je vis le dos d'un homme musclé. Il était encore habillé d'une chemise blanche et de son pantalon noir, toujours sur les hanches.

Je m'approchai, fulminant de rage. Je voyais le corps las de Hope contre un mur, qui ne tenait que grâce aux mains de ce type écœurant. Des sanglots emplissaient la pièce, ceux de ma camarade. J'étais effrayé. Effrayé de ce qu'il pouvait bien lui faire.

HOPEOù les histoires vivent. Découvrez maintenant