Chapter 12 - Hope

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Mercredi 27 septembre, 2 :00, Paris 15ème

Le sommeil ne venait pas. J'avais beau me tourner, me retourner, essayer toutes les positions possibles, je ne parvenais pas à tomber dans les bras de Morphée.

J'avais vissé mes écouteurs dans mes oreilles : à défaut de dormir, autant ne pas s'ennuyer. La chanson « Superman » d'Eminem tournait et je rangeais ma chambre en dansant comme un âne.

La grâce n'était pas un de mes talents. A vrai dire, lorsque ma mère m'a inscrite à la danse classique, on lui a vite conseillé de me trouver un autre sport : j'étais un vrai balai. Alors j'ai enchaîné. Natation, tennis, foot, j'ai même retenté la danse mais en faisant du Hip-Hop. Autant avoué que nous n'avions rien trouvé.

Cette année, Maëlle m'a poussée à m'inscrire à l'escalade. Je ne voulais pas, j'étais persuadée que je pouvais convaincre mes parents de me mettre au karting. Il fallait bien tenter, après tout. Ils ne m'ont jamais répondu là-dessus. Je suis restée dans l'incompréhension pendant des semaines, mais je dois être réaliste : nous n'avions juste pas l'argent.

Mon père faisait tout pour nous offrir la vie rêvée. Nous ne le voyions jamais : il restait à son travail de six heures du matin jusqu'à vingt-deux heures. Les week-ends, il restait dans son bureau, pour travailler, encore. Je ne le voyais que le dimanche, pour regarder la Formule Un. Depuis que je suis tombée accro à ce sport, je ne peux m'empêcher de penser qu'un jour, moi aussi je serai pilote.

J'y ai vraiment cru, alors que j'ai peur de me brûler en allumant une bougie. Il fallait que je laisse tomber, les sensations fortes, ce n'est que devant la télé avec les sports automobiles et les films d'horreurs.

Mais le pire dans tout ça, c'est que je n'ai même pas passé le code. A quelques mois de mes seize ans, je n'ai même pas touché à un seul livre de conduite ni entamé une seule leçon.

-       Je devrais peut-être m'y mettre, murmurai-je en me relevant et en regardant dans le vide. Ouais, non.

Je ris de moi-même : qu'est-ce qu'on peut rire pour rien quand on est fatigué.

Je sautai dans mon lit et me tournai sur le dos pour regarder le plafond. La lueur de la lune se reflétait sur une écriture blanche, dans le coin de ma chambre.

« Later... »

J'avais peint ce mot en blanc sur blanc, pour que personne ne puisse la lire. Seuls les reflets de lumière laissaient transparaitre les légers contours des lettres en surbrillance. C'était à cette période de ma vie, où chaque jour, j'hésitais à me laisser tomber dans les joies de l'amour.

Mais la réalité frappait plus fort : ce sentiment faisait trop mal pour permettre à quiconque de rentrer à nouveau dans mon cœur. M'abandonner à l'amour me ferait entrer certes dans une joie inéluctable, mais je tomberais dans un tunnel sans fin qui m'apporterai à ma perte.

Avancer dans le chemin de la mort n'est pas un choix, on le fait sans s'en rendre compte. Pourtant, on peut rendre ce voyage plus joyeux, plus beau, plus parfait. Même si au pied chaque arc-en-ciel se trouve un chaudron d'or, le mien restera vide à jamais.

Mon regard divagua sur ma fenêtre et mes volets ouverts. La vue était belle. La tour Eiffel ne brillait plus, mais son phare illuminait toujours Paris. Cette tour m'avait vu tard le soir, sur le rebord de ma fenêtre, dans tous mes états. Je lui parlais comme on pourrait parler à la lune.

J'observais la nuit noire dans laquelle baignait la capitale, écoutais le sifflement muet des passants, sentais l'odeur de pétrole qui embaumait l'air. Le fatigue ne vint pas cette nuit-là, elle était restée au lycée, en cours de maths.

HOPEOù les histoires vivent. Découvrez maintenant