HOPE

Chapter 16 - Eden

Mardi 17 octobre, 9 :30, Paris 1er

Une simple action peut changer une personne, parfois plus que des mots, parfois moins. Le changement requiert d'une pensée laissée par un individu d'un lien plus ou moins fort. Elle a changé. Son physique, sa façon de penser, de parler, de se comporter. Hope n'était plus ce qu'elle était depuis longtemps maintenant.

Depuis ce fameux jour, où je l'avais retrouvée dans les bras de cette brute humaine, cette fille n'avait jamais plus retrouvé son brin d'éclat qui la rendait si différente des autres.

Elle était sublime, avant que tout cela n'arrive. Elle l'a toujours été, en réalité. Ses cheveux blonds bien coiffés et ses yeux accueillant dans un brun profond une touche de jaune. Ses iris était un feu chaleureux autour duquel on veut parler jusqu'à se perdre dans les profondeurs de ses pupilles. Ses traits étaient fins et doux, ses joues aussi lisses que de la porcelaine et ses lèvres aussi attirantes que délicieuses.

Cette fille était une déesse venue du ciel. Malheureusement, on l'a détruite. Ses cheveux se sont obscurcis, ses yeux n'étaient plus que des gouffres sans vie et ses lèvres qu'un tas de rouge à lèvre étalé et de gerçures.

Jusqu'à aujourd'hui. Aujourd'hui où elle semblait méconnaissable. Elle entrait dans la salle de classe et rayonnait comme elle ne l'avait jamais fait. De nombreux regards se tournèrent vers elles, jusqu'à ce que le mien l'accroche également. Quand ses iris rencontrèrent les miennes, je crus me perdre dans un feu ardent.

Un sourire timide se nicha aux coins de ses lèvres, comme si toute la peine du monde l'avait enfin quittée. Je m'étonnai à le lui rendre. Ses yeux transmettaient la joie qui la comblait. Je crus, pendant un instant que ce n'était qu'un maudit rêve, et que je ne retrouverai plus jamais la fille qui hantait mes nuits.

Le haut de son corps était habillé d'un top violet pale à manches longues. Le tissu se croisait sous sa poitrine et se rejoignait dans son dos. Quant à ses jambes, elles étaient munies d'un pantalon taille haute noir qui épousait ses hanches à merveille. Une paire de Jordans de la même couleur que son haut à ses pieds, une doudoune noire et des bijoux dorés venaient compléter sa tenue.

Elle avait retrouvé sa personnalité d'avant.

Je me surpris à éprouver un sentiment de culpabilité. Ce n'était pas moi qui avais causé cette bonne humeur. Je ne lui avais rien donné, je ne participais pas à son changement et j'en avais la nausée. Moi qui voulais l'aider, je n'ai même pas été capable de rester pour elle parce que j'avais peur.

Peur car la savoir détruite par un homme qui l'avait violée m'a rendu complètement fou. J'étais terrifié : je ne savais pas comment l'aider. Être un soutien mental n'est pas une chose facile, mais je regrette chaque jour d'avoir abandonné aussi tôt.

Elle vint s'assoir à mes côtés, comme à chaque cours de physique-chimie. J'humai son parfum et me sentis défaillir sous sa douce odeur de mandarine, rose et vanille. Ce mélange parfait lui donnait l'allure d'une vraie femme, celle qui a le monde à ses pieds et l'argent qu'elle désire à portée de main. La femme fatale.

Hope sortit ses affaires en silence tandis que ses écouteurs étaient toujours vissés dans ses oreilles. La musique était si forte que je pouvais l'entendre d'ici. The Adults Are Talking de The Strokes résonnait contre ses tympans et m'ambiançait autant qu'elle.

J'écoutais cette chanson quand j'allais le voir. Cela faisait longtemps, d'ailleurs, que je ne lui avais pas rendu visite. Il ne m'avait pas donné de nouvelles, la dernière fois, il n'avait même pas voulu me voir. Il avait refusé ma visite car il ne m'aimait plus. Ma mère me forçait à y retourner chaque semaine, car même s'il ne le montrait pas, il m'aimait, à sa manière.