Chapitre 11

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Sans grand enthousiasme, je monte sur le siège passager de la voiture de ma mère, Léo et mon père s'installent sur la banquette arrière.

— Je pense qu'on pourra arriver à la gare une dizaine de minutes avant l'arrivé de votre train.

— Ne t'en fais pas Cassy, poursuit mon père, tu ne pourras pas revenir à la Toussaint vu que tu n'auras qu'une semaine de vacances mais si tu le souhaite tu pourras passer les fêtes ici à condition que tu sois là pour ton anniversaires, le 3 Janvier.

Six mois.

Il faut que j'attende six mois avant de revenir en Bretagne.

Pourquoi est-ce que j'ai choisi de partir déjà ?

Je regarde la pluie dévaler la vitre de la voiture de ma mère.

Quand je serai à Plouaret, je prendrais le train pour Paris, puis l'Eurostar. Arrivée à Londres, je vivrai dans le triplex de mon père et j'irai au lycée français Charles De Gaulle dans lequel il a tenu à m'inscrire. Il n'y a pas de retour en arrière possible, la décision que j'ai prise sur un coup de tête est sans doutes définitive.

— Tu descends ?

Perdue dans mes pensées, je n'avais pas remarqué qu'on s'était garé et que mon ami me tenait la porte ouverte pour que je puisse sortir.

— Je ne fais pas ça pour être galant, précise-t-il en voyant mon regard suspicieux, je veux juste te rendre un service et j'aurai fait la même chose si tu étais un garçon.

— Merci, dis-je dans avec un petit sourire.

Léo enlève ma valise du coffre et me la tends.

— J'étais plus proche que toi, tente-il de se justifier en craignant que je ne prenne ça personnellement.

— Détends toi, je le sais. Je te connais depuis 13 ans quand même.

Je la traine dans les graviers, la pluie fouettant mon imperméable, chaque pas me paraissant plus dur à faire que le précédent

 Je patiente sur le quai, mon père, ma mère et mon meilleur ami à mes côtés.

Au bout de quinze minutes d'attente dans un silence embarrassant, le train entre en gare.

Je me tourne vers ma mère et la serre ma mère dans mes bras, comme si le fait de relâcher mon étreinte pouvait la faire disparaitre.

Dans un sens, c'est ça ce qui se passera même si c'est plutôt moi qui disparaitra.

— I love you Cassy.

— Je t'aime aussi maman.

Elle s'écarte de moi et regarde rapidement mon père, qui attend patiemment que les effusions se terminent.

— Leave them alone please.

Je fronce les sourcils.

Pourquoi dit-elle ça ? Je peux très bien dire au revoir à Léo quand ils sont là.

Il lève les yeux au ciel mais obéit sans protester et monte dans le train en prenant ma valise. Quelques secondes plus tard, ma mère pars en direction du parking en me saluant une dernière fois.

— I'll miss you darling.

— Toi aussi, dis-je en réponse, des larmes plein les yeux.

Sans plus attendre, elle me laisse seule sur le quai avec mon ami.

— Bon... commence-t-il, c'est le moment de se dire au revoir j'ai l'impression...

Je ne trouve rien à répondre.

— Je ne sais pas ce que je vais faire de l'été. Sans toi, le temps va être long. J'aurai aimé qu'on fasse la rentrée ensemble mais apparemment ça ne va pas être possible. On continueras à s'appeler et à s'envoyer des messages ?

— Mais oui, ne t'en fais pas, je ne vais pas t'oublier, tu sais bien que j'ai une bonne mémoire ! D'ailleurs c'est pour ça que je vais te rappeler de me dire le nom de la fille que tu aimes.

— Ah. Tu t'en rappelles ?

Ce n'est pas vraiment une question mais je réponds quand même.

— Bien sûr ! Tu ne te débarrasseras pas de moi aussi facilement !

Il fait un petit sourire et sa fossette se creuse.

— Avant que tu partes, je voulais te dire que tu allais me manquer, je t'aime vraiment beaucoup.

— Oui, moi aussi, tu vas vraiment me manquer, tu es mon frère de cœur et de délires après tout !

Il crispe la mâchoire, comme si je l'avais frappé et son regard se fait soudainement triste.

— Tout va bien ? demandé-je.

— Oui, ne t'en fais pas, ça va passer, ça fait juste mal de se prendre un râteau mais je crois qu'au fond je m'y attendais un peu.

Je me fige.

Un râteau ?

— Pardon ?

— Tu as bien entendu, je sais que tu as du mal à croire que quelqu'un puisse s'intéresser à toi mais c'est la vérité.

Léo est... amoureux de moi ?

Léo mon ami, celui qui brise le plus de coeur dans le collège de notre petite ville ?

— Ça ne peut pas être possible, dis-je en secouant la tête, sans me rendre compte que je parle à voix haute.

— Pourtant si, fait-il en en me regatdant dans les yeux.

Je suis soudain fascinée par le sol en béton.

— Tu ne peux pas m'aimer, annoncé-je comme si c'était une évidence.

— Saches que les sentiments ne se  choisissent pas sinon je peux t'assurer que je ne serai pas en ce moment en train de t'avouer mes sentiments. Je savais que ça risquait de tout gâcher entre nous. Je ne veux pas que ce que je ressens change quelque chose mais je me doute que l'on risque de s'éloigner. Je suis désolé de te l'avoir caché. Je ne pense pas que tu voudras me revoir quand tu reviendras mais retiens que je serai toujours la en cas de soucis même si ça sera plus dur d'intervenir.

Il fait une pause de quelques secondes, comme si il attendait une réponse de ma part. Malheureusement pour lui, je reste silencieuse.

— Euh... je pense que tu devrais partir si tu ne veux pas rater ton train. J'espère qu'on se reverra.

Il hésite un instant, passe sa main dans ses cheveux en signe de stress puis fais demi tour, le dos courbé pour se protéger des trombes de pluies qui s'abattent sur nous sans discontinuer.

Je ne sais pas quoi lui dire et je reste, les bras ballant à le regarder partir.

Je n'aurais jamais pu imaginer une telle chose.

Enfin si. Je pense qu'une part de moi s'en doutait depuis quelques temps mais que je préférais juste rester dans la facilité en me persuadant du contraire.

Léo est comme mon frère, jamais je ne le verrai autrement.

Il a raison, cette déclaration va tout changer et je n'oserai sans doute pas aller le voir à Noël, par peur du malaise.

Je monte dans le train, trempée jusqu'aux os et m'affale sur mon siège à côté de mon père.

— Vous vous êtes dit au revoir ?

J'acquiesce, totalement amorphe.

Je suis comme Ariel, privée de ma voix à cause d'un garçon.

Putain d'amour. Tu te rends compte du bordel qui tu crées ?

***

Vous vous y attendiez ???
Je fais de mon mieux pour ne pas faire une histoire  clichée mais parfois j'ai l'impression d'être trop prévisible.

Bref dites moi ce que vous en pensez 😁😁

Toutes les étoiles dans tes yeuxOù les histoires vivent. Découvrez maintenant