Qu'un rêve

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– Potter, qu'est-ce qui t'amène ici, encore ? demanda le médicomage blond.

– Une filature qui a mal tournée, une jambe paralysée.

Mais il n'en ressentait pas la moindre contrariété, plus encore, il en était heureux, surtout lorsqu'il vit Malefoy lever les yeux en l'air. Il irait même jusqu'à dire que ça valait sacrément le coup quand il pu observer et savourer les enchantements du guérisseur pour annuler les effets du maléfice d'entrave, très mal exécuté, qu'il avait reçu.

– Bon, d'ici quelques dizaines de minutes, tu retrouveras l'usage de ta jambe et par Salazar, apprend à esquiver Potter, j'ai autre chose à foutre que de te réparer, j'ai des exams à réviser, par exemple.

– Et ne suis-je pas un bon sujet de révisions ?

– Absolument pas.

Malefoy tourna les talons, ses cheveux virevoltant avec lui, et s'apprêtait à sortir, mais aujourd'hui était le jour. Harry s'était promis que la prochaine fois qu'il finissait ici il se lancerait, et il n'allait pas se dégonfler. Au moins, il serait fixé.

Il prit appui sur sa jambe valide et se propulsa aussi fort qu'il pouvait pour le rattraper. Idéalement, il lui aurait saisi la manche pour l'interpeller, mais peut-être avait-il sous-estimé la portée d'avoir une jambe qui ne répondait plus et il finit par s'aplatir contre Malefoy, le nez dans sa robe de médicomage verte.

– Putain, Potter ! Mais qu'est-ce que tu penses que tu fais ?! J'ai dit « dans quelques dizaines de minutes », pas seconde !

Il sentit le bras de Malefoy se refermer sur lui et tenter de le redresser, il ne s'attendait pas à être soulevé, mais force était de constater que le guérisseur était bien plus costaud qu'il n'y paraissait. Et bientôt il se retrouva le visage quasi aligné à celui de Malefoy. Et qu'est-ce qu'il se sentait con, mais aussi, terriblement euphorique.

– Est-ce que tu veux sortir, un de ces soirs ? Avec moi ?

Malefoy le fixa longuement, sans rien laisser paraître et le repoussa finalement pour le faire assoir sur la table d'examen.

– C'est extrêmement inapproprié, Potter.

Il lui tourna le dos pour de bon, laissant Harry avec le sentiment d'avoir tout foiré et d'être un idiot.

– Ta décharge sera signée et enregistrée pour 18h. Donc à partir de 18h, je ne serai plus ton guérisseur. Et si jamais ce soir tu te rendais au Nichoir à bec, tu risquerais de m'y trouver, vers 19h30.

Et il sorti théâtralement. Harry lâcha un énorme rire de soulagement. Il allait sortir avec cet enfoiré ! Enfin !





Harry suivit Drago qui sortait en courant presque, fendant la foule du bar. Il avançait plus vite avec ses grandes jambes, mais Harry réussit tout de même à le rattraper dans la rue.

– Drago ! Attends ! Ron est un con, désolé, il ne devait même pas être là.

Drago se retourna, l'air désemparé, perdu. C'était la première fois que Harry le voyait dans cet état depuis la fin de la guerre, et ça lui retournait violemment le ventre. Il avait envie de retourner dans le bar et faire bouffer sa moustache à Ron !

– Mais il a raison, Harry ! Qui on trompe ?

– On n'a pas besoin de tromper qui que ce soit.

– On est là, à jouer les meilleurs amis du monde alors qu'on a mutuellement tenté de se tuer ! Tu te rends compte ! On relève de la psychomagie ! Tous les deux !

– J'ai jamais dit que j'étais ton meilleur ami.

Drago eut un rire sombre en secouant la tête.

Non, ils n'étaient pas amis, c'était au-delà. C'était comme si tout rentrait dans l'ordre, comme si les pièces d'un puzzle complexe révélaient enfin le motif qu'elles étaient censées construire depuis tout ce temps. Il avait en lui, au plus profond, ce sentiment d'évidence absolue et de retour à la normale. Non, pas la normale, à la maison.

Le Cœur de TerreurOù les histoires vivent. Découvrez maintenant