Le néant

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À lire en écoutant une chanson triste

Harry et Blaise arrivèrent à la salle des douze portes en peu de temps. Le langue de plomb lança un sort qui fit briller l'une des portes.

– C'est celle-là, désigna-t-il. Vaut mieux que tu y ailles seul. Et... Si tu peux éviter de crever, ce sera mieux.

Harry hocha la tête sans conviction, et avança d'un pas. Mais il fut retenu en arrière, Blaise lui tenait le bras, les doigts crispés autour de sa manche, des larmes coulant sur son visage.

– Il en a bavé tu sais ? Quand il te voyait et que tu daignais lui prêter attention, il rentrait et pleurait chez nous. Tout le temps, même après trois ans, même après avoir décidé de passer à autre chose. Il n'est jamais passé à autre chose. Il t'aimait plus qu'il ne m'a jamais aimé. Et j'aurais... J'aurais laissé couler, j'étais prêt à... Tu devais le protéger ! Tu l'as trahi !

– Je...

– Non, tais-toi, je ne veux rien entendre de ta part, juste... Tu ne le mérites pas et si tu meurs avant moi et que tu vas le retrouver... Tu n'as pas le droit de le retrouver avant moi, tu ne le mérites pas. Alors ne meurs pas.

Le visage de Zabini affichait tout le dégoût qu'Harry lui inspirait, sa peine immense et sa colère. Il le relâcha et fit trois pas en arrière. Alors Harry savait ce qui lui restait à faire, avancer vers la porte et rejoindre Drago. Peut-être qu'il ne le méritait pas, mais ça n'allait pas le retenir.

Harry la franchit en faisant fi des vibrations intenses qui résonnaient jusque dans ses os. La tête lui tournait, mais il résistait à l'envie de sombrer, concentra son chagrin, sa haine, son amour, sa rage, laissant ses émotions les plus fortes faire remonter sa magie. Il la sentait sous sa peau, brûlante, un écho à sa honte, sa peine.

Il visualisait Drago, allongé à ses côtés dans leur chambre pour se faire encore plus mal, au point que ce n'était plus supportable. Cette force envahissait la moindre cellule de son corps, et bientôt, il serait prêt. Prêt à rejoindre Drago.

Quand la douleur le fit s'écrouler au sol, il laissa sa magie s'échapper d'un coup et sombra enfin.


Il ne se retrouva pas dans les limbes sans couleur, à son grand soulagement. Mais il ne savait pas où il était, peut-être pas mort, peut-être pas vivant. Tout était noir. Peut-être avait-il les yeux ouverts, peut-être pas. Peut-être avait-il mal, peut-être pas. Peut-être respirait-il ou peut-être pas. Aucun de ses sens ne lui donnait de réponse.

Ce devait être ça, la mort. Ne pas savoir. Le vide. Un mouroir pour l'âme. Un lieu vide de tout où les âmes pouvaient s'éteindre en silence et sans déranger personne.

Il tenta de crier, mais rien ne bougea, il n'était même pas certain d'avoir encore des lèvres à remuer ou une langue. Rien. Il n'était plus uni à son corps. Ni au monde autour de lui. Mais si la mort était venue le chercher, elle le lui aurait dit non ? Il était encore son maître. À moins que quelqu'un ait trouvé la pierre de résurrection dans la forêt interdite, la baguette de sureau dans la tombe de Dumbledore, sa cape dans son placard. Peut-être Maca...

Mais s'il était mort, Drago devait être ici non ? Il n'avait jamais pris le temps de se pencher sur ce en quoi les sorcièrces croyaient après la mort. Mais Drago lui avait expliqué qu'il y avait un équivalent du Paradis, mais juste pour les créatures magiques. Y était-il ? Avait-il trop commis d'atrocités pour s'y rendre ? Ou bien, ce portail avait-il interagis d'une quelconque façon avec sa mort ? Pouvait-il rejoindre Drago ? Et si non ? Et s'il devait passer l'éternité ici, seul, sans jamais savoir ce qui se passait autour de lui, ou nulle part ailleurs ?

Le Cœur de TerreurOù les histoires vivent. Découvrez maintenant