Rendez-vous au musée

66 7 0
                                    

Après une journée éprouvante, et c'était le moins que l'on puisse dire puisque le gars du cirque n'avait pas vraiment coopéré, Harry s'habillait pour une soirée qu'il attendait avec appréhension depuis une bonne semaine. C'était avec cet auror français, Étienne, il ne devait pas rester encore bien longtemps à Londres et puis il était drôle alors Harry avait accepté un date qui n'engageait à rien. Cependant, le lieu du rendez-vous était honnêtement moisi, le musée de la Guerre magique... Harry avait tenté de protester mais cela semblait tenir à cœur au français alors tant pis.

Vers 18h, Harry transplana puis se dirigea devant le grand bâtiment doré, chemin de traverse. Étienne n'était pas encore arrivé, et les quelques sorcièrces dans la rue se retournaient sur leur passage pour saluer Harry ou le regarder avec des yeux pétillants. C'était toujours gênant, même si les réactions étaient de moins en moins appuyées, moins fréquentes.

Et puis un grand brun fendit la foule, sourire aux lèvres, faisant se pousser tout le monde sur son passage, l'arrogance incarnée et Harry devait bien avouer que ce comportement merdique le faisait craquer. Un jour, il en parlerait en session de psy. Mais pour le moment il admirait le sorcier qui fonça droit sur lui pour coller sa joue contre la sienne, la fameuse « bise ».

– Je vois que tu as fais l'effort d'enlever ton uniforme Harry, je suis touché du geste.

Harry rigola bêtement et roula des yeux.

– Alors, montre-moi ce fameux musée, que je comprenne mieux cette histoire de Héros britannique qui fait tourner les têtes.

– Tu sais, on peut aussi aller prendre un verre...

– Oh non, ne te défile pas ! On y va !

Étienne était beaucoup trop enthousiaste, et Harry avait envie de jouer le jeu pour une fois, ne pas être ce partenaire rabat-joie qu'on lui avait reproché d'être. Il poussa donc la grande porte grise et entra. La pièce était inondée d'une lumière vive et chaleureuse, les murs recouverts de portrait de l'Ordre du phénix, première et deuxième génération et bien sûr, le plus gros d'entre eux était d'Harry lui-même. Il détourna le regard, embarrassé face au visage du garçon qu'il avait été, alors qu'Étienne lâchait un « putain de merde ! c'est toi ?! ». La sorcière chargée des entrées venait d'arriver à la même conclusion.

– Monsieur Potter, c'est un honneur de vous voir ici ! Oh non, pour vous les billets sont offerts bien entendu.

Ils pénétrèrent donc gratuitement dans le couloir sombre menant aux différentes salles d'exposition, commençant par la vie de Tom Jedusor, avec une réplique de sa chambre à l'orphelinat, une statue du basilic à Poudlard dans la chambre des secrets, des répliques des horcruxes. Bien entendu Harry n'en faisait pas partie, c'était une information que le ministère avait décidé de garder secrète.

– Donc c'est ce type-là qui a tué tes parents ?

– Oui, c'est lui.

Étienne vint lui serrer le bras doucement, un signe de réconfort bienvenu. Harry n'était entré ici qu'une fois, à l'inauguration. Le musée avait augmenté de surface et sa collection depuis. Et se dire que c'était finalement sa vie qui s'étalait devant eux était perturbant.

Ils progressèrent dans un couloir encadré des silhouettes masquées façon mangemorts, le morsmordre flottant au-dessus de leur tête, une angoisse sourde commençait à envelopper Harry. Le couloir se termina sur une grande salle vivement éclairée de rouge et de doré, lui donnant des airs de la salle commune de Gryffondor. Une statue de Dumbledore trônait au milieu et les murs étaient couverts de portraits et photos des membres de l'ordre. Des photos plus personnelles que dans l'entrée, du genre de celles que Sirius avait confié à Harry.

Étienne se dirigea vers une photo de groupe observant attentivement tout le monde.

– Lui, c'est ton père n'est-ce pas ? La ressemblance est frappante.

– Oui et à côté c'est ma mère, et là mon parrain.

La voix d'Harry se cassa un peu, Étienne lui jeta un regard inquiet.

– Je suis désolé, je n'aurais pas dû insister pour venir, on peut partir si c'est trop...

– Non. Ça va.

Harry fit un tour de salle, lisant les descriptions des exploits de cette première génération de combattants, jusqu'à l'annonce de sa naissance et la prophétie de Trelawney. Étienne le rejoint et ils continuèrent doucement, en silence. La suite de l'exposition présentait le meurtre de ses parents, Sirius enfermé à tort, Harry chez les Dursley et non il n'était pas fait mention des connards qu'iels étaient. Puis il y avait un aperçu de ses « exploits » à lui, à Poudlard et puis la cinquième année, le retour officiel de Voldemort, le début de la reprise de la guerre, et puis l'année de fuite. La bataille de Poudlard, les morts...

Cela devait faire déjà deux heures qu'ils étaient là et l'ambiance d'un premier rendez-vous s'était évanouie, Étienne avait à peine tenté une blague sur la victoire d'Harry quand il avait compris qu'il s'était laissé tuer pour sauver tout le monde. Enfin ce qui n'était pas dit dans ce musée c'est qu'Harry ne savait absolument pas qu'il n'en mourrait pas. Le récit laissait penser qu'il s'était sacrifié pour pouvoir approcher Voldemort sans risque et l'attaquer par surprise alors que... Mais il ne le rapporta pas à Étienne, à quoi bon.

Ils finirent dans une salle avec des photos et comptes-rendus de procès, les noms et portraits des mangemorts condamnés, leurs peines, ce qu'iels étaient devenu·es pour celleux sortit d'Azkaban, dix ans plus tard.

Le regard d'Harry s'arrêta sur un jeune sorcier blond qui avait dû être à Poudlard et pourtant qui ne lui rappelait rien. Il avait un visage émacié, effrayé, il avait passé six mois à Azkaban disait la légende, « la résistance ayant témoigné en sa faveur, notamment Harry Potter lui-même ».

Il eut envie de vomir sans savoir pourquoi, il cherchait à se souvenir de ce type, un nom pareil il s'en serait souvenu non ? Pourtant... Rien ne lui venait. Mais ce panneau disait bien que Harry le connaissait alors...

– Harry, ça ne va pas ?

– Ce type... Je ne sais pas qui c'est.

– Tu ne peux pas connaître tout le monde.

Harry pointa la mention de son témoignage.

– Ah... Peut-être que tu l'as oublié, il ne devait pas être important.

– Peut-être...

Pourtant, Harry avait choisi soigneusement contre qui et pour qui témoigner et jamais il n'aurait défendu un mangemort s'il ne le connaissait pas personnellement. Mais Drago Malefoy, ce nom ne lui disait rien.

Ils finirent leur tour en silence, Étienne probablement un peu honteux d'avoir insisté pour venir ici et Harry réfléchissant le plus intensément possible pour savoir qui était cet élève de Poudlard, mangemort, qu'il avait oublié.

– Je te paye un verre pour me faire pardonner de ce choix désastreux de rendez-vous ? tenta Étienne.

Harry accepta, encore un peu confus, mais passa finalement un bon moment et le français réussit à le faire rire avant la fin de la soirée.

Il rentra quand même seul chez lui, assez chamboulé par la soirée et ce putain de musée. Il alla se coucher plus tard que d'habitude et ne trouva pas le sommeil. Alors, comme son psychomage lui avait suggéré, il alla noter dans son carnet les pensées qui lui tournaient dans la tête. C'étaient les morts bien sûr, comme souvent, la culpabilité, la colère, mais aussi ce sorcier inconnu, Drago Malefoy, au visage émacié et fin, pâle comme la mort, et aux cheveux d'argents. Par Merlin qui était-il ?

***

C'est pas encore minuit je suis dans les temps ! Prochain Chapitre Apocalypse et j'ai pour le moment 0 idées qui ne tue pas mes personnages... Bref 🙄🙃

Le Cœur de TerreurOù les histoires vivent. Découvrez maintenant