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Le passé

Au sein de cette mélancolie profonde, j'ai toujours été cette fille aux contours flous, une silhouette égarée dans les ténèbres de ma propre existence. Les mots acerbes, tels des fantômes, résonnaient encore à mes oreilles, murmurant que mon avenir était voué à l'échec.

Rien n'avait véritablement changé; ces jugements implacables ont réussi à miner la confiance que j'avais en mes propres capacités, creusant des tranchées profondes dans mon être déjà meurtri.

Mon labyrinthe de souffrance me ramenait souvent aux fragments d'une enfance où je me sacrifiais pour les autres, une époque où mes rires innocents semblaient aujourd'hui étouffés par les échos d'une vie marquée par le tumulte.

À l'école, le harcèlement cruel de mes pairs était une torture quotidienne. Les railleries incessantes sur mon poids résonnaient comme des coups sourds dans l'enceinte déjà fragilisée de ma personne. On me surnommait « le squelette », « le sac d'os », des étiquettes mordantes devenant des stigmates sur ma fragile estime de soi.

Chaque jour, je me levais en affrontant un monde extérieur hostile, où les regards accusateurs et les commentaires venimeux étaient mon lot quotidien. Les vestiges de ces insultes se greffaient à ma peau, devenant des chaînes invisibles qui m'emprisonnaient davantage. Les miroirs de l'école reflétaient non seulement ma silhouette, mais aussi l'ombre de l'exclusion sociale, une réalité cruelle dont je ne pouvais m'échapper.

Les repas à la cantine étaient des arènes de jugement, où chaque bouchée était scrutée avec mépris. Mon corps, déjà affamé par le poids de la vie quotidienne, devenait le terrain de jeu de moqueries sans fin. La solitude devenait ma compagne silencieuse, une amie fidèle dans ce monde qui semblait conspirer contre moi.

Ces attaques incessantes avaient creusé des tranchées profondes dans mon âme déjà meurtrie. Chaque insulte était un écho retentissant de ma propre détresse, un rappel constant que, dans cette bataille pour l'acceptation, j'étais seule.

Ma réussite scolaire s'effondrait sous le poids des moqueries persistantes. La peur de régresser davantage devenait une ombre oppressante, une force qui me maintenait éloignée des bancs de l'école, sanctuaires autrefois illuminés par le savoir, désormais obscurcis par la menace constante de l'humiliation.

Chaque absence devenait une tentative désespérée de fuir un univers où mes rêves d'apprentissage étaient engloutis par le tumulte des rires moqueurs.

Et ainsi, les blessures infligées à mon esprit se joignaient à celles de mon corps, créant une voilure complexe de douleur dont chaque fil semblait me tirer un peu plus vers le gouffre de la désolation.

Au sein de cette toile déchirée, vint le divorce de mes parents. Mes larmes semblaient fusionner avec les gouttes de pluie sur la fenêtre, un reflet mouillé de la douleur intérieure. Les jours étaient devenus un défilé monotone de silences pesants et de regards vides, tandis que le poids de la tristesse enveloppait chaque pièce de notre foyer.

Vivre dans l'ombre de cette rupture m'avait transformée en une petite écorchée vive, tentant de dissimuler mes émotions fragiles derrière un masque d'indifférence.

La douleur de ma mère, sculptée sur son visage abîmé, devenait une mélodie discordante qui résonnait dans chaque recoin de notre existence.

Certains jours, cela prenait une forme physique, une explosion désespérée de sa propre souffrance. Les échos de ses pleurs se transformaient en fracas, des objets brisés devenant des témoins muets de la tempête émotionnelle qui faisait rage en elle. Les étagères ébranlées et les morceaux éparpillés sur le sol semblaient refléter la dévastation de son âme torturée.

Dans ces moments sombres, elle ne se contentait pas de briser des objets, mais aussi de se blesser elle-même. Les cicatrices physiques, comme des pages d'un journal macabre, narraient l'histoire tragique de sa lutte intérieure. Chaque blessure était une marque d'une douleur trop grande pour être contenue, un cri silencieux auquel elle donnait une voix à travers le langage d'une dévastation physique.

Pour échapper à cette réalité insupportable, elle se réfugiait dans les bras trompeurs de l'alcool et de la drogue. Ces substances devenaient des remparts temporaires contre les assauts d'une douleur persistante.

Les flacons vides et les traces de poudre sur les surfaces racontaient une histoire silencieuse de l'auto-médication désespérée d'une âme cherchant à étouffer ses propres démons.

Chaque soir, la maison était imprégnée de l'odeur amère de l'alcool, tandis que la fumée de la drogue planait comme un voile opaque, obscurcissant davantage la lumière qui autrefois illuminait nos vies.

Dans ces jours sombres, ma mère se laissait engloutir par la frénésie des paris, chaque jeton devenant un espoir fragile dans un monde où la chance semblait tourner le dos. Les gains éphémères, comme des mirages illusoires, s'évaporaient rapidement dans l'air, ne laissant derrière eux que des dettes grandissantes.

Les factures impayées et les lettres de créanciers devenaient les démons supplémentaires qui hantaient nos vies, faisant de chaque journée un pas de plus vers l'abîme financier.

Mon frère et moi, autrefois des enfants innocents, étions maintenant des témoins muets de la déchéance de notre famille. Les rires d'antan semblaient être étouffés par les sanglots étouffés qui imprégnaient l'atmosphère. Chaque tentative de ma part pour apaiser la douleur de ma mère se perdait dans les abysses de l'impuissance.

La maison était devenue un sanctuaire de chagrins, où les disputes passées se mêlaient aux sanglots nocturnes. Mon cœur, jadis une symphonie joyeuse, était devenu une ballade triste, égrenant les notes de la solitude et de la désolation.

Devils Lovers Où les histoires vivent. Découvrez maintenant