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Le présent

Je me réveillais chaque matin avec le poids accablant de l'apathie, un fardeau invisible mais insupportable.

Les rayons du soleil tentaient en vain de percer l'obscurité qui engloutissait mon esprit.

Les matins commençaient avec une bataille intérieure, une lutte pour m'extirper de ce lit qui me retenait prisonnière de ma propre léthargie.

La routine quotidienne était devenue un défi d'Hercule, chaque tâche domestique une montagne abrupte à gravir.

La vaisselle sale s'entassait dans l'évier comme un rappel silencieux de mes échecs, et les vêtements froissés devenaient des emblèmes de ma négligence envers moi-même.

La cuisine était devenue un lieu étranger, les repas un rituel sans saveur. Les conversations, des murmures lointains qui me parvenaient à travers un voile épais.

Les hobbies qui autrefois me passionnaient étaient maintenant des vestiges de mon ancienne vie. Les livres reposaient négligemment sur les étagères, les pages non lues, les pinceaux de peinture ont perdu leur éclat. Même la musique, jadis une source de réconfort, résonnait maintenant comme un écho lointain.

Les miroirs étaient des ennemis silencieux, reflétant un visage marqué par la fatigue et les cernes. Mes propres yeux me regardaient comme des fenêtres vers une détresse que je ne pouvais pas exprimer.

Je me sentais comme une étrangère dans ma propre peau, captive de ma propre désolation.

Les jours se succédaient comme des pages grises dans un livre interminable de désespoir. Les appels téléphoniques restaient sans réponse, les messages non lus, car la simple idée de la communication sociale devenait une montagne insurmontable à escalader.

L'isolement devenait mon refuge, une prison confortable mais aliénante.

Je me perdais dans ma propre existence, une silhouette hantée par des souvenirs indélébiles.

Les nuits étaient des cauchemars récurrents, des flashbacks cruels qui me ramenaient à cette nuit tragique, exacerbant la douleur qui m'habitait.

Chaque jour, sous le fardeau écrasant de la dépression, je luttais pour cacher mes tourments au monde extérieur. Mon appartement, théâtre de ma souffrance, se parait d'une façade fragile, masquant les marques invisibles qui tissaient ma douleur intérieure.

Enlisée dans une routine morne, je me tournais vers l'automutilation pour exprimer l'indicible douleur qui résidait en moi.

Mes journées se résumaient à ingérer seulement de l'eau, ma seule source de subsistance devenant les chewing-gums, une illusion de remplissage dans un vide persistant.

Même les moments de soin personnel étaient teintés de ma mélancolie. Sous la douche, l'eau chaude martelait ma peau jusqu'à la faire rougir, créant des plaques de stress qui faisaient écho à la tourmente intérieure. Les cris silencieux dans la vapeur étaient les seuls témoins de ma détresse, un rituel d'auto-flagellation pour apaiser la tempête qui faisait rage en moi.

Les crises d'angoisse, des tourbillons d'émotions incontrôlables, éclataient sans prévenir, me laissant désemparée dans un océan de peur. Chaque battement de cœur était une pulsation d'anxiété, chaque souffle un rappel lancinant de ma fragilité.

Dans cette danse épuisante avec la détresse, je m'efforçais de dissimuler ces éclairs de chaos sous le masque soigneusement ajusté de la normalité. Mon existence était un équilibre précaire entre la dissimulation et l'effondrement, une lutte constante pour maintenir la façade, même lorsque tout en moi criait à l'aide.

Mon appartement, un refuge de faux-semblants, cachait les marques indélébiles de ma douleur intérieure derrière des murs décrépits. Les sourires forcés et les masques de normalité étaient mes armures fragiles contre la crainte d'être scrutée, évaluée.

Quand je fermait les yeux, les traumatismes de ma famille d'accueil et les spectres de mon frère ressurgissaient, insidieux, dans les recoins sombres de ma conscience.

Chaque clignement de paupières était un retour brutal à une réalité que je désespérais de laisser derrière moi. La nuit devenait le terrain de jeu de mes pires cauchemars, une toile obscure où les démons intérieurs prenaient vie.

Chaque regard, chaque jugement potentiel, était un écho retentissant de la stigmatisation que je redoutais. Mon existence devenait une danse complexe entre la dissimulation et la terreur de l'exposition, un équilibre précaire sur le fil tendu de ma vie quotidienne.

Devils Lovers Où les histoires vivent. Découvrez maintenant