Chapitre 3

223 11 4
                                    


Quatre jours s'étaient écoulés et Danaé lui avait à peine adressé la parole. Pourtant, ce n'est pas le temps qui avait manqué. Le retour en direction du bosquet avait été plus rapide que l'aller et cette fois, aucune mésaventure ne les avait retardés. S'ils continuaient à ce rythme, ils pourraient atteindre leur destination le lendemain à la nuit tombée.

Danaé et lui s'étaient bien échangé quelques regards complices de temps à autre, mais sans plus. Malgré tout, quelque chose lui semblait avoir changé entre eux, et ça ne se limitait pas aux effets de leurs larves respectives. C'était plus qu'un transfert de souvenirs, mais il ne pouvait dire ce que cela pouvait vraiment être. Tout ce dont il était persuadé pour lors, c'était que cette nuit qu'il avait partagé avec Danaé ne s'était pas passée comme il en avait eu l'habitude au cours de ces deux derniers siècles. Pour la première fois de sa vie, il avait séduit une autre personne pour son propre compte. Le plus déroutant dans tout ça, c'est qu'il avait éprouvé l'étrange sensation que quelque chose pouvait lui appartenir, même ne serait-ce que le temps d'une nuit. Cela le terrifiait.

À l'instar des jours précédents, le groupe avait arrêté sa marche plus tard qu'à l'habitude et avait monté leur camp à la nuit tombée.

Comme il se préparait à partir à la chasse, Astarion sentit une présence s'approcher. Il se retourna et aperçut Danaé. Elle arborait le même air sérieux qu'à l'habitude.

Danaé : Puis-je vous dire un mot ?

Astarion : Bien évidemment chérie ! De quoi est-il question ?

Danaé : À vrai dire, nous étions sur le point d'échanger nos points de vue quant à ce qui nous attend demain soir au bosquet. Et comme je me doute que vous ne prévoyez pas de participer aux débats, je viens vous trouver dans l'espoir de recueillir votre avis sur le sujet.

Astarion : Haha. Vous êtes mignonne, vous savez. Mais je ne comprends pas en quoi mon opinion pourrait vous importer. Je commence à vous connaître : je sais que votre idée est déjà toute faite.

Il utilisait son sarcasme habituel.

Danaé : Je trouve injustes vos paroles à mon égard. Jamais je n'ai contraint quiconque à suivre mes desseins.

Astarion : Si c'est ce qui vous tourmente, je puis vous assurer que malgré vos décisions douteuses, je vous suivrai toujours. Seulement, je le ferai tapi dans l'ombre. Maintenant, veuillez m'excuser ma douce, mais j'ai à faire.

Les traits de Danaé restèrent impassibles. Astarion, agacé, ne lui laissa pas la peine de répondre et se mit à marcher en direction de la forêt.

Mais comment diable une si timide et délicate chose pouvait parvenir à se montrer aussi froide. Bien évidemment, en tant que chef, elle se devait d'entretenir une image forte de sa personne. Mais était-ce vraiment nécessaire d'user de ce jeu avec lui ? Peut-être ne s'était-il lui-même pas assez dévoilé ? Peut-être se méfiait-elle toujours de lui ?

Non, c'était autre chose. Il l'avait senti lorsqu'il avait pénétré sa tête. La jeune dame tentait de fuir un aspect de sa propre nature. Mais quelles étaient ses motivations ?

Et il se dit que pour l'appâter définitivement, peut-être devrait-il essayer une ouverture différente.

La chasse n'avait pas été très fructueuse ce soir-là : quelques rongeurs tout au plus. Et, puisque les derniers jours de marche l'avaient épuisé, il se résigna à rejoindre le camp plus tôt qu'à son habitude.

Alors qu'il allait en direction de ses quartiers, il remarqua que deux silhouettes se trouvaient toujours près du feu. Il feignit ne pas y porter intérêt et s'installa comme il le faisait souvent devant sa tente, ouvrage à la main. Mais de faibles rires familiers détournèrent son attention.

UN LONG ET DIFFICILE CHEMIN POUR SORTIR DE L'ENFER.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant