Chapitre 5

236 7 5
                                    

Astarion était resté un long moment aux côté de Danaé. Le sommeil de la femme lui semblait paisible. Pour la première fois en deux jours, il sentit qu'il avait repris une partie de ses esprits. Même si la quantité de sang qu'il avait ingurgitée était minime, cela semblait suffire à raviver son humeur légère.

L'effet de béatitude que lui procurait le sang de la jeune mage lui faisait l'effet d'une drogue. Une seconde fois, il songea qu'il se devait d'essayer de boire un autre individu pour comparer.

Il sortait à la dérobée de la tente de Danaé lorsqu'il tomba face à Halsin. Ce dernier lui envoya un très grand sourire.

Halsin : Je me demandais quand est-ce que vous iriez la visiter.

Astarion se sentit pris au dépourvu, mais parvint tout de même à afficher son air sarcastique coutumier.

Astarion : Vous vous posez là de bien étranges questions, druide. Vous auriez préféré que j'aille m'entretenir avec notre meneuse lorsque vous étiez niché à ses côtés ? Je ne me doutais guère que vous puissiez vous intéresser ainsi à ma modeste personne.

Halsin émit un léger rire.

Halsin : Vous n'êtes pas vraiment mon type, si c'est ce que vous voulez dire. Il lui adressa une amicale tape dans le dos et retourna gagner ses couvertures, tout près du feu.

Astarion trouvait le druide très irritant. Il agissait de manière bien trop intéressée, comme s'il ne savait voir que le bon chez les gens. Qui plus est, il devait se l'avouer, il n'appréciait guère l'attention qu'Halsin donnait à Danaé. Cela lui faisait ressentir des émotions qu'il trouvait difficiles à interpréter, un peu comme ce fut le cas le soir où il l'avait observée danser avec Wyll. L'effet lui donnait l'impression d'endurer quelque chose qui ressemblait à une sorte de crainte. Mais, la crainte de quoi au juste ?

Un fait lui semblait néanmoins certain, son plan fonctionnait à merveille. Non seulement la garde de la jeune femme à son égard était tombée, mais qui plus est, elle avait l'air de lui accorder une absolue confiance. Peut-être allait-elle vraiment finir par s'enticher de lui ?

Il regagna à son tour son sac de couchage et, tandis qu'il tentait de trouver le sommeil, il se remit à se questionner au sujet de ses récents états d'âme. Son affranchissement, Cazador, Danaé... Cela faisait beaucoup à encaisser pour lui.

Quelle ironie du sort : cette liberté qu'il venait tout juste d'acquérir lui avait semblé être jusqu'à présent un concept imaginaire destiné à évider sa propre détresse. Un écho lointain, dont l'on chante les louanges, mais qui à l'instar des dieux, n'a aucune existence factuelle. Seulement, le fait de l'avoir embrassé n'avait rien de ce sublime qu'il avait escompté. En fin de compte, la liberté n'est qu'une miraculeuse corde tendue au-dessus d'un précipice sans fond, laquelle parlait une langue ardue à apprendre et d'où le funambule qui la traverse ne peut qu'espérer garder l'équilibre pour ne pas choir. Cette liberté, si fragile... il risquait de la perdre à tout moment s'il ne faisait pas très attention.

Et cet étrange poème sur son dos... Déja deux cent ans que son ancien maître le lui avait gravé, et ce sans jamais qu'il ne puisse l'apercevoir. Et, à présent qu'il était enfin parvenu à y avoir accès, une autre égnime se présentait alors à lui. De l'infernal. Mais quel effroyable sortilège lui avait-il infligé ? Tout ces supplices qui lui avaient causé tant de tourments n'étaient pas assez : Cazador avait nécessairement un plan en tête, et il lui fallait le découvrir coûte que coûte.

Mais, étrangement, les sensations nouvelles qu'il éprouvait au contact de Danaé lui semblaient tout aussi effrayantes. Bien évidemment, il y avait un côté de lui qui appréciait sincèrement la femme. Leur connexion, sa timidité, sa douceur et l'intérêt qu'elle lui portait, tout ça le faisait se sentir intégral, voire même, vivant. En certains moments, il parvenait même à faire taire les souvenirs de son passé et se sentait ressembler à un homme ordinaire. Mais, seulement, le fait d'être parvenu à séduire la mage ne lui paraissait pas aussi amusant que ce qu'il avait imaginé. Non, le terme était fort mal choisi.

UN LONG ET DIFFICILE CHEMIN POUR SORTIR DE L'ENFER.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant