Chapitre 8

252 4 15
                                    

Lorsque Danaé s'éveilla, elle était toujours dans les bras d'Astarion, qui dormait profondément.

Comme c'était trop souvent le cas ces derniers temps, elle se sentait faible et son corps la faisait atrocement souffrir. Ses muscles étaient endoloris et lourds, sa peau, recouverte de plaies, la démangeait, et tout ça sans oublier les vertiges et le mal de tête qui l'affligeait. Pourtant, elle était malgré tout fort heureuse. Le monstre en elle, même s'il était toujours présent dans les coulisses de son être, semblait s'être tu. Bien qu'elle continuerait à agir pour le plus grand bien de tous, elle avait maintenant un nouvel objectif afin d'obtenir rédemption: éliminer Cazador.

Le soir où le maître vampire avait rendu visite en rêve à Astarion, elle avait eu accès aux tréfonds de l'âme de l'elfe pâle. Non qu'elle ait vécu son songe comme si elle y était réellement, mais ses perceptions, ses pensées et ses sentiments... tout cela, elle y avait eu accès.

C'est pour cette raison qu'elle avait éprouvé une grande rage lors de la tentative d'enlèvement de l'homme, et non de la crainte. Cazador lui paraissait être beaucoup plus que l'être cruel et impitoyable qu'Astarion lui avait décrit : il représentait un espèce de nihilisme passif, c'est-à-dire une posture ayant pour effet d'abaisser l'existence au non-sens d'une souffrance immuable comme synonyme d'un déni total de la vie en tant que puissance d'agir. Jamais, à ses souvenirs, elle n'avait eu l'occasion de ressentir une colère aussi intense à l'égard d'une personne.

À un moment, Danaé avait eu l'impression que ses sentiments semblaient avoir dépassé une certaine limite, et les fantasmes sanguinaires étaient revenus. Seulement, comme Astarion le lui avait enseigné sans le savoir, cette fois-ci, elle s'était abandonné aux torrents des flots et, curieusement, l'asphyxie n'était jamais venue. Elle avait eu la sensation que son sang bouillait à l'intérieur de ses veines, mais malgré cela, elle était néanmoins parvenue à dompter la bête et s'était sentie capable de déployer ses sombres pouvoirs. Bien qu'elle ignorait toujours comment les maîtriser, elle savait désormais que la fureur en était le moteur principal.

Non seulement Cazador représentait tout ce qu'elle exécrait de sa propre personne, le monstre assoiffé qui sommeillait en elle et qui lui insufflait un incommensurable désespoir, mais, et surtout, tant qu'il serait en vie, Astarion craindrait pour sa liberté. Et Danaé était prête à tout afin de le protéger.

En tuant Cazador, en plus de venger l'elfe, peut-être parviendrait-elle à se racheter en partie quant aux atrocités qu'elle avait commises.

Délicatement, elle commença à frôler le corps d'Astarion tandis qu'elle l'observait dormir.

Elle aimait de lui qu'il lui fasse sentir qu'elle était la seule dont il se souciait réellement. Cet homme, ce misanthrope, qui semblait toujours au-dessus de tout et qui exécrait toute vie, celui-là même qui avait accouru afin de la délivrer de ses ténèbres avant que celles-ci ne l'engloutissent totalement. Et tout ça, sans compter l'ampleur des émotions qu'il lui faisait éprouver lorsqu'il la prenait. À sa grande surprise, la violence dont il avait fait preuve à son égard durant leurs récents ébats lui avait donné plus de plaisir qu'elle n'en avait ressenti avec les précédents hommes qu'elle se souvenait avoir fréquenté dans sa vie. Dieu qu'elle aimait Astarion...

Il était la personne la plus précieuse pour elle et jamais elle ne laisserait quiconque lui faire du mal.

À un instant, l'homme se mit à bouger lentement et ouvra finalement ses yeux. Sur le coup, lorsque son regard croisa celui de Danaé, il sembla désorienté, mais cela ne dura qu'une courte seconde. Il finit enfin par lui sourire tout en lui caressant le visage.

Astarion : Cela fait un moment que vous m'observez ainsi, ma chérie ?

Danaé : Juste assez pour m'enivrer de votre proximité.

UN LONG ET DIFFICILE CHEMIN POUR SORTIR DE L'ENFER.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant