Chapitre 11

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" Peu m'importe ce que tu as en tête, sache que je ne te laisserai pas t'en tirer. Ce jeu, je le gagne à tous les coups. Et tu sais pourquoi, mon petit agneau ? Parce que c'est moi qui suis le chasseur, et toi, tu n'es rien d'autre que ma proie."

Astarion s'éveilla en sursaut, le corps empli de sueurs froides et la voix de Cazador encore en mémoire.

Il tenta tout d'abord de reprendre son souffle, puis les souvenirs lui revinrent en tête. La nausée qui l'affligeait n'était pas due à son rêve, mais plutôt à sa consommation d'alcool de la veille.

Blottie contre lui, Danaé était toujours plongée dans le sommeil.

" Quelle délicate et merveilleuse créature ", songea-t-il.

Tranquillement, il essaya de se remémorer sa soirée : les éclats de rire qu'il avait partagé avec la mage, les déclarations qu'il lui avait faites, leur étreinte passionnée, cette étrange fusion mentale qui lui avait donné l'opportunité d'avoir accès aux plus intimes pensée de cette femme qui ne cessait de le surprendre, mais, et surtout, la révélation de Raphaël...

Une pression lui saisit la poitrine. Curieusement, l'appel de sa mort prochaine ne l'effrayait guère. Tout au contraire, cela l'envahissait d'une rage excessive. À présent qu'il avait goûté à la suave saveur de la liberté, il n'était pas question que Cazador l'utilise à nouveau. Il lui fallait à tout prix en apprendre plus au sujet de ce fameux rituel destiné à transformer son ancien maître en vampire ascendant.

Soudainement, un éclair retentit dans son système neuronal et il éprouva une vague de frissons qui lui emplissait le corps tout entier : la plus exquise des vengeances contre le maître vampire ne serait-elle pas de lui soutirer ce pouvoir auquel il aspirait tant ? Astarion n'aurait plus jamais rien à craindre et, qui plus est, une fois la menace Illithid vaincue, cela lui donnerait aussi l'opportunité d'asservir les dévots déchus de l'Absolue pour en faire ses propres sbires. Dès lors, lui incomberait à lui et à lui seul l'autorité de façonner le monde de demain.

Son regard se porta alors sur Danaé, qui dormait profondément à ses côtés.

Bien qu'il n'avait certainement pas prévu de lui révéler l'ampleur des sévices que Cazador lui avait infligés, il était étrangement bien heureux de s'être ouvert à elle. Parce que, suite à cette terrible vulnérabilité dont il avait fait preuve à son égard, s'en était suivi un spectacle des plus grandioses... sûrement le plus magnifique auquel il avait assisté : le temps de quelques instants, il n'avait réellement fait plus qu'un avec elle. Et ce qu'il avait vu et ressenti lui avait procuré plus de plaisir que ce qu'il lui avait été donné d'éprouver jusqu'alors dans sa misérable vie et lui avait aussi apporté une très grande sérénité d'esprit. Danaé n'était pas qu'amoureuse, elle était assujettie à lui. Et cela, en plus de l'exciter d'une manière démesurée, lui redonnait de la confiance. Parce qu'hors de tout doute maintenant, il savait qu'elle lui appartenait. Et à l'aide de sa puissance, l'elfe pâle présageait qu'il lui serait enfin possible de se venger de Cazador.

Fatum triumphabo.

En dehors de leur tente, le bruit des casseroles et des conversations se faisait entendre. Le camp semblait s'être éveillé depuis longtemps déjà.

Astarion caressa le corps de Danaé un bon moment encore, totalement enivré par l'amour qu'il lui portait, puis déposa un baiser sur son front. C'est alors que, doucement, la mage se mit à bouger et ouvrit ses paupières.

Danaé : Astarion... vous êtes toujours là.

Astarion : Bien évidemment, ma chérie. Après la nuit que nous avons passée, où voudriez-vous que je sois ?

UN LONG ET DIFFICILE CHEMIN POUR SORTIR DE L'ENFER.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant