Chapitre 12

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Une atmosphère extrêmement lourde régnait tout autour de Danaé. Les lieux, tous constitués de pierres sombres, emplis de tombeaux et baignés d'un silence des enfers, lui étaient étrangement familiers. Se trouvait-elle dans un mausolée ? Non : c'était un temple. Et droit devant ses yeux, l'étendard de la mort accroché au mur semblait la dévisager.

Scéléritas Fel : Ce soir, vous êtes bien le monstre que tout le monde prétend que vous êtes. Triomphe après triomphe, vous ne faites qu'exceller dans l'art de la vilénie. Car quiconque affronte les monstres finira par en devenir un. Vous savez ce que l'on dit : contemplez l'abîme suffisamment longtemps et l'abîme vous contemplera aussi.

Danaé sursauta aussitôt et se mit à scruter les alentours à la recherche de son ignoble serviteur, mais ne le trouva nulle part. Était-ce que sa voix résonnait au sein de sa tête ?

Scéléritas Fel : Vos récentes actions me démontrent hors de tout doute que vous êtes maintenant prête à acquérir votre héritage. Seulement, il s'avère qu'une autre personne cherche à vous le subtiliser.

Et, soudain, Danaé aperçut le sourire sanguinaire d'Orin, l'élue de Bhaal.

Scéléritas Fel : Ne la laissez pas causer votre perte. C'est vous que votre père préfère. Nous sommes déjà extrêmement fiers de vous. Massacrez toute votre lignée. Devenez la dernière à porter votre nom. Le seigneur Bhaal ne peut avoir qu'une seule élue.

Subitement, elle se souvint de toutes ces années passées à vénérer Bhaal, à guider ses sauvages dans leurs prières, leurs sacrifices et leurs carnages... Tout était plus clair à présent : Danaé avait été leur maîtresse, et le seigneur du meurtre était son Dieu. Un seigneur cruel et terrifiant... un père dévoué.

Le sentiment de frayeur qui animait son corps devint alors soudainement beaucoup plus intense. Son destin était plus tragique qu'elle avait pu imaginer. Elle n'était pas qu'une des fidèles de Bhaal, elle était en fait son rejeton. Son héritière, son enfant...

Et, de la frayeur qui l'avait transportée jusqu'alors, émergea une colère démesurée. Non seulement elle se refusait à accepter que tout cela soit sa fatalité, mais plus encore, elle ne laisserait pas Bhaal l'assujettir à nouveau. Tout au contraire, elle décida qu'elle ferait tout ce qui était en son pouvoir afin de le combattre. Et si elle voulait réellement se débarrasser de ses pulsions, elle allait nécessairement devoir affronter son passé.

Lorsque Danaé ouvrit les yeux, Astarion était assis juste à côté d'elle et lui caressait la tête.

Astarion : Bon matin, mon amour.

Son sourire, brillant, lui fit l'effet d'un baume au cœur.

Lorsqu'elle l'aperçut, la colère qui l'avait possédée se dissipa pour laisser place à son amertume habituelle. Comme les autres jours depuis la mort de Shadowheart et de Gale, la mage sentait qu'un énorme poids pesait sur son âme meurtrie. Malgré cela, la présence de cet homme qu'elle aimait démesurément à ses côtés remplissait une grande partie du vide qui croissait en elle.

Danaé : Astarion...

Elle déposa sa main sur la joue de l'elfe pâle et il s'empressa presque aussitôt de la prendre entre les siennes afin de la baiser.

Astarion : Comment vous sentez-vous ? Êtes-vous arrivée à reprendre vos énergies ?

Danaé se remémora tout de suite les événements de la veille : l'attaque surprise d'Orin ainsi que de ses sbires qui avait presque failli coûter la vie aux autres des membres de leurs groupes, mais, et surtout, la force qu'elle était parvenue à déployer pour la faire battre en retraite. Et comme elle avait dû faire appel à ses sombres pouvoirs plusieurs fois dans la même journée, le combat contre l'élue de Bhaal lui avait soutiré le peu des énergies qu'il lui restait. Ce matin encore, elle se sentait complètement vidée. Bien plus que ce dont elle avait l'habitude.

UN LONG ET DIFFICILE CHEMIN POUR SORTIR DE L'ENFER.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant