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Ça fait maintenant 2 jours que Maël est à l'hôpital, inconscient pour le moment. Il n'a jamais été si proche de réussir.

Rentrer à la maison après a été beaucoup plus dur que ce que je pensais. Lou ne reviendra plus, Maël ne sera plus là pendant un moment. Je suis seul dans un appartement, entouré de fantômes.

Je ne vois personne, j'essaye de bouger, la première chose que j'ai faite est d'aller dans la chambre de Lou. Du bordel jonchaient la pièce du sol au plafond, on aurait dit une chambre d'adolescente de 16 ans. J'ai rangé, trié et emballé. Ses parents ou Jules voudront sûrement reprendre ses affaires, et je ne peux pas supporter de garder tout ça ici sachant qu'elle n'y viendra plus. Sa voix me manque déjà tellement. Son bordélisme chaque fois qu'elle a fait à manger, ses remarques à chacun des gestes de Maël, et ses moqueries. Nos discussions sur les Green, nos après-midis devant la télé quand Maël travaillait ou qu'il dormait. Ma meilleure amie a disparu, et moi je dois continuer à vivre. Mon copain, mari, est à la porte de la mort, et je suis toujours là.

Je dois partir travailler dans quelques minutes, je n'ai pas la force d'y aller. Je n'arrive pas à vivre.

Les médecins ont dit que Maël ne resterait pas dans cet état très longtemps. Il doit récupérer des forces, mais il y arrivera, il en est capable, il n'a pas le choix. Je ne saurais pas vivre sans lui. Jules ne s'en sortirait pas.

Au bout de quelques minutes je me décide à démarrer, de toute façon rester ici ne m'aidera pas. Maël est toujours là, je dois être fort pour nous deux. De toute façon il faut bien payer les factures...

Le trajet me paraît plus court que d'habitude, j'ai la tête ailleurs. J'essaye de travailler, les collègues les plus proches me demandent si je vais bien, je réponds un vague oui et les ignore ensuite. Je veux juste que la journée passe. Je dois voir comment va Jules, je ne l'ai plus vu, je me sens égoïste. Aïdan est seul avec lui, il doit avoir dur aussi. Ils sont ma famille maintenant.

J'arrive à survivre à la journée, je ne fais pas tout ce que je voulais faire, mais je travaille et c'est déjà bien. En sortant du bureau, je prends mon téléphone et appelle Aïdan.

- Salut, tout va bien? Il dit en décrochant.

- Ouais, enfin non, mais vous ça va? J'ai passé 2 jours de merde et je sors du travail je veux pas retourner à l'appart. Je veux pas déranger mais-

- Tu peux venir, t'avais même pas à demander. Jules dort pour l'instant, je ne veux pas le déranger.

- Ouais, je comprends, je vais passer alors, je dis avec encore un peu d'hésitation.

Je veux que Maël se réveille, que tout revienne à la normale, je veux juste qu'on aille en arrière.

Je fais le court trajet dans un silence morne, la musique n'a plus la même saveur.

Aïdan a l'air fatigué, un fin sourire illumine brièvement son visage quand il m'ouvre. Il me laisse entrer et nous allons dans le salon, la pièce la plus éloignée de la chambre de Jules.

- T'as des nouvelles?

Je fais non de la tête, Maël est toujours au même stade.

- Tu veux quelque chose à boire? Manger?

- Il est 18h, c'est l'heure de l'apéro, je dis en souriant timidement.

Il acquiesce et s'éclipse, pour revenir quelques minutes après avec des chips, du saucisson et deux verres de bière.

- Y'a pas vraiment grand chose à fêter, mais je pense qu'une bière est la bienvenue.

J'acquiesce.

- T'as pas l'air d'avoir beaucoup dormi, je remarque.

Sur nos lèvresOù les histoires vivent. Découvrez maintenant