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Alex- 8 ans


Je sors de l'école, je n'ai pas envie de rentrer pour l'instant. Les autres ne m'aiment pas en cours, mais je préfère ça que voir papa et maman se disputer tout le temps. J'ai mal au ventre, je me suis trop mêlé de leurs affaires d'après papa.

C'est une voisine qui me ramène, son fils, Mylan, est dans ma classe, et il n'est gentil avec moi que quand sa maman nous regarde. je m'en fiche, au moins il est sympa avec moi. Sa maman me donne toujours une collation en même temps que lui, je l'aime bien. Parfois la nuit je rêve que c'est elle ma maman. Je lis parfois plus d'amour en elle que près de maman. Mais ce n'est pas grave, on m'a dit que la famille c'était important et que je devais écouter mes parents, alors je le fais.

Je ne veux pas me faire gronder encore une fois. La dernière fois j'ai eu mal pendant 1 semaine entière.

La madame me dépose devant chez moi en me souhaite une bonne soirée, je lui souris comme simple réponse. Je ne dois pas parler quand je le veux à un adulte.

Je frappe à la porte. Mon père n'est pas là, parce que ma mère m'accueille avec le sourire, elle m'emmène dans la cuisine et me sert un verre de lait. Il y a des aiguilles sur la table, je ne savais pas qu'ils allaient se vacciner, ma mère les bouge et les jette comme si de rien était. Son sourire sonne un peu faux, il vacille et ses yeux ne restent pas au même endroit tout le temps. On dirait qu'elle ne veut pas me regarder.

Le temps que je passe quand mon père n'est pas là est étrange, tout est calme et ma mère me fait à manger. Je ne comprends pas tout, d'habitude je me fais une tartine, c'est rare quand j'ai un repas de maman. Ou alors je peux manger ce qu'il reste des commandes qu'ils font, ils ne mangent pas beaucoup et on me laisse prendre à ma faim, mais seulement quand mon père le dit, avant je dois m'asseoir et attendre. Je sais comment je dois faire.

Après le souper, papa arrive. Il a un sac sur l'épaule et va directement mettre le contenant dans la chambre, là je n'ai pas le droit d'entrée de toute façon. Si j'ose y aller papa va encore crier.

Même si il crie tout le temps. Je pense qu'il ne m'aime pas.

Je n'ai pas beaucoup de souvenir ou il est gentil avec moi, soit c'était il y a très longtemps, soit ça n'a jamais existé. De toute façon maintenant je vis comme ça, maman me dit d'être sage. Elle, je ne sais pas si elle m'aime, mais en tout cas elle est gentille avec moi, parfois. Même si elle me dit que je ne dois pas parler de la maison, sinon je serai puni. Elle dit que c'est notre vie privée et que les gens ne doivent pas connaitre notre vie, qu'ils sont trop curieux et que c'est mauvais.

Je reste assis sagement quand papa revient dans la cuisine, il parle à maman mais je n'entends pas. De toute façon si j'écoute je vais me faire gronder.

- Pourquoi il est là? Il n'est pas censé être dans sa chambre? Il gronde ma mère aussi.

- Je lui ai fait à manger.

Elle ne répond pas souvent à papa, je crois qu'elle aussi elle a peur que papa lui fasse mal.

- Envoie-le dans sa chambre je ne veux pas le voir.

Il tourne les talons, en prenant une canette dans le frigo au passage.

- Alexandre, va te préparer pour dormir maintenant, Elle m'ordonne, les traits durs.

Je me lève sans attendre, je ne dois pas hésiter sinon il viendra.

Je prends une douche froide parce qu'il n'y a pas assez d'eau chaude pour papa sinon, et vais dans mon lit. La lumière du lampadaire entre dans ma chambre, il n'est que 18h mais il fait déjà presque noir, et je n'ai pas de rideau ni de store, ça ne sert à rien.

je me couche entre les draps et prends un livre, je les prends à l'école, la bibliothécaire veut bien que je les prenne depuis que je lui ai dit que je n'en avais pas à la maison. J'allume ma lampe de poche et essaye d'être discret. Papa crie encore de l'autre côté de la porte, j'ai peur qu'il revienne encore comme la semaine dernière.

En tournant une page la lampe de poche tombe, je me fige et des tremblements me parcourent. Je me lève et la ramasse en priant pour qu'il ne l'ait pas entendu, mais j'entends les pas dans le couloir. La porte s'ouvre sur mon père, les traits défigurer par la colère. Il crie beaucoup, je ne suis pas sûr de tout comprendre, mais j'ai peur.


Sur nos lèvresOù les histoires vivent. Découvrez maintenant