Chapitre 27 : Hongjoong

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J'applique la glace sur le visage de Seonghwa. Malgré qu'il voit une épave, moi je vois juste un mec brisé. Brisé à cause de moi. Mais je suis bien décidé à me rattraper. Je lui répète : 

" Je suis désolé, Seonghwa. Je voulais pas te faire ça, je...

- Tu es tout pardonné. Je te promets. " 

J'acquiesce, pas pour autant totalement rassuré. 

J'admire plus en détail son visage après avoir fini avec la glace. Je le trouve toujours beau. Même dans la douleur, je le trouve juste sublime. Peut-être qu'il mérite mieux que moi. 

Je secoue la tête pour oublier ses propos. 

Je l'invite à s'allonger. Je place ma tête au creux de son épaule. Aucun de nous ne commence. Ne tenant plus dans ce silence ambiant, je lui demande : 

" Pourquoi ce soir-là, tu avais plus besoin que d'habitude ? Pourquoi tu n'as pas pu résister ? " 

Le brun soupire bruyamment. Il essaie : 

" Je ne veux pas t'embêter avec de vieilles histoires...

- Je veux savoir, Seonghwa. "  

Me redressant légèrement pou pouvoir le voir, je lui assure :

" À partir d'aujourd'hui, je ne ferai plus la même erreur et je serai là pour toi. Alors raconte-moi. 

- D'accord, hum... Par où commencer ? hésite le brun. 

- Comme tu le sens. Je veux comprendre, s'il-te-plaît. " 

Seonghwa affiche un air qui annonce qu'il réfléchit. Il finit par m'expliquer : 

" Il y a deux ans, en fait trois depuis la dernière fois, mon père nous a abandonnés Maman et moi. C'est à cette date précise que mon père a révélé qu'elle et moi étions un frein dans sa vie. Un obstacle. Une contrainte. " 

Son regard, auparavant perdu, revient s'accrocher au mien. Puis, il me confie : 

" En fait, le souci n'était pas que mes parents se séparent. Je ne leur en aurais pas voulu, on ne reste pas avec quelqu'un qu'on n'aime plus. Non, en vérité, ce qui m'a achevé, c'est que moi, en revanche, je ne comptais plus pour lui. Que je n'avais jamais compté. La dernière phrase qu'il m'a dite c'est : " désolé, fiston ". Mais encore aujourd'hui, je me demande s'il disait ça par réflexe, ou si ces deux mots sous-entendaient : " désolé de détruire ta vie et celle de ta mère au passage. Mais arrête de pleurer pour moi, moi je ne pleure pas pour toi. ". " 

Une larme roule sur sa joue. Mais il ne se coupe pas dans son récit et continue : 

" Le soir même, je suis sorti de la maison en crachant que j'avais besoin de prendre l'air. Ma mère a compris et m'y a autorisé, ayant une confiance inébranlable en moi. Je suis allé chez San, et je lui ai réclamé l'adresse des combats que lui avaient donné nos mauvaises fréquentations après avoir tout raconté. Il m'a accompagné de force, il voulait plus me lâcher... " 

Seonghwa rit doucement, puis finit : 

" J'avais ce besoin de douleur. À l'intérieur, j'étais comme mort. Pour me rappeler que j'étais en vie, je voulais pousser mon corps au point de non retour. J'ai fini par m'y habituer, à cette recherche d'adrénaline. J'oubliais l'abandon de mon père, et je gagnais du fric. J'en donnais toujours une partie à Mingi, qui en a plus besoin que moi. C'était tout bénef... Mais t'es arrivé. Et j'ai commencé à ne plus avoir besoin de ce martyriser mon corps. Parce que je t'avais toi, Hongjoong. 

- Mais je...

- Ça n'a plus aucune importance, c'est fini. Je t'ai retrouvé, c'est tout ce qui compte... affirme-t-il en s'asseyant à côté de moi. " 

Je l'imite puis je le serre dans mes bras. On s'accroche l'un à l'autre, comme si c'était la dernière fois. Quand on se sépare, une larme de joie perle sur le coin de son œil, accompagnée d'un sourire. Un vrai. Et c'est contagieux toutes ses émotions. Nous effaçons nos larmes mutuellement, et il me souffle enfin : 

" Je t'aime, Hongjoong. 

- Je t'aime aussi, Seonghwa, libéré-je enfin.

- Tu m'as tellement manqué, répète t'il encore, ne pouvant plus empêcher ses yeux de couler. 

- Toi aussi, chuchoté-je, dans le même état. " 

Je me penche vers lui, et nous scellons nos lèvres, vite entrouvertes, nos langues s'invitant à cette danse endiablée. Auparavant, simplement en appui sur un coude à côté de lui, je m'installe à califourchon sur lui. À chaque mouvement de langue, je frotte mon bassin contre le sien. 

Ces gestes attisent notre désir, je sens le mien sérieusement enfler. On jette à toute vitesse nos vêtements au sol. 

Je suis à nouveau nu, devant lui, et inversement. Nos corps se retrouvent, consumés par l'envie. Le brun est au dessus de moi. Après m'avoir préparé, il entreprend les va-et-vient habituels qui m'ont toujours rendu fou. Aujourd'hui encore plus. 

Je fends l'air avec mes gémissements de plaisir, ce dernier étant totalement incontrôlable. Je n'ai que son prénom à la bouche. Je réclame au brun  d'accélérer, il s'exécute, et je gémis encore plus fort. Lui aussi, et cela m'excite encore plus. 

Je plaque ma bouche contre la sienne, le trouvant trop éloigné de mes lèvres à mon goût. Il me touche, et je me laisse complètement contrôler par mon plaisir, gémissant à plusieurs reprises le nom de Seonghwa, car en ce moment, seul le prénom de l'autre ne compte sur nos lèvres à tous les deux. 

Il donne ses derniers coups de bassin et jouit à son tour. Puis après avoir essuyé le résultat de nos ébats, le brun se laisse tomber à côté de moi, aussi essoufflé que moi. 

Je me redresse sur un coude pour pouvoir le contempler. Seonghwa est nu et transpirant, les yeux fermés. Je pose la tête au creux de son épaule après l'avoir admiré les yeux pleins de luxure. 

Comme avant. Comme d'habitude. 

Je lui avoue : 

" Ça m'avait manqué, ces habitudes. 

- Tout m'avait manqué, résume le brun. " 

Je relève mon cou pour accrocher le regard de Seonghwa. Je lui souffle : 

" Je te l'ai déjà dit il y a quelques instants, mais je t'aime. Je regrette de ne pas te l'avoir dit avant... Mais je ne peux pas retourner en arrière. Maintenant que c'est dit, je ne veux plus faire les mêmes erreurs. Parce je t'aime, je t'aime, je t'aime. 

- Tu ne m'aimerais pas, par hasard ? me titille le brun. 

- T'es de retour, chuchoté-je, ému alors que d'habitude, ça m'irrite. 

- Faire l'amour avec toi m'a requinqué, rit-il de sa voix douce. 

- T'as de la chance que je sois très amoureux de toi, et particulièrement indulgent avec toi ce soir, parce que sinon je t'aurais déjà foudroyé, le grondé-je faussement. 

- Tout ce que je retiens, c'est que tu es très amoureux de moi ! s'exclame le brun en souriant avant de me déposer un baiser rapide sur mon nez. " 

Puis, je m'endors, bercé par les douces caresses du bout des doigts de Seonghwa sur ma peau nue et la sensation d'avoir retrouvé la partie de moi qui était vide depuis quelques jours. Bercé par la sensation d'être heureux et amoureux. 

Save me, babyOù les histoires vivent. Découvrez maintenant