Evelyne leva les yeux et croisa le regard d'Azarel, qui la toisait avec supériorité. Elle reconnut là le coup d'œil de son père.
Elle ferma doucement le livre dans lequel elle s'était plongée. Sans la lâcher des yeux, il ordonna au spectre posté à côté de la rangée de livre :
-Laisse-nous.
Evelyne leva les yeux sur le gardien qui esquissa une révérence rapide et quitta les lieux sans questionner l'ordre de son maître. Son pouls s'accéléra.
Azarel savoura un instant le silence pesant qui s'était installé dans la bibliothèque, et finit par découvrir ses canines en un sourire large et menaçant.
-Vous êtes érudite, c'est une qualité pour une princesse.
Elle ne répondit pas de suite.
-Y a-t-il quelque chose en quoi je puisse vous être utile, altesse ?
Azarel se releva en esquissant un geste vague de la main.
-Oh, il y a beaucoup de choses que vous pourriez faire.
Il fit quelques pas le long de la rangée en feignant un intérêt quelconque pour les ouvrages exposés. Evelyne se redressa à son tour. La taille imposante du prince accentuait le sentiment d'infériorité qu'elle éprouvait déjà en restant assise. Elle joignit les mains devant elle, et patienta.
-Dîtes-moi, et je tâcherai de vous satisfaire.
Il se tourna vers elle en souriant de nouveau à pleines dents.
-Malgré que vous ayez grandi à l'abri des usages qui incombent à une famille royale, on n'a pas omis de vous enseigner la servilité qui accompagne les échanges avec un prince.
-N'allons pas trop vite en besogne, majesté. Je suis courtoise. Pas servile.
Azarel perdit de son sourire en la fixant. Elle ajouta :
-Et j'attends autant de respect de votre part que j'en ferai preuve dans le cadre de notre mariage.
Elle ne savait pas trop pourquoi elle avait prononcé ces mots. Sans doute était-elle encouragée par un souhait de se montrer brave. Mais elle n'ignorait pas que cette preuve d'audace échaufferait sans doute le prince.
Et elle avait raison car sa réaction fut sans appel.
Azarel envoya son bras en avant pour saisir violemment le visage d'Evelyne, à la base de son cou. Dans le même mouvement, il la plaqua avec autant de véhémence contre la bibliothèque en se penchant sur elle pour l'étouffer de son ombre. La force du coup déroba plusieurs livres à leur veille silencieuse pour les envoyer s'écraser au sol.
Elle n'avait pas crié, la voix noyée par la surprise, mais son cœur battait la chamade dans sa poitrine et son estomac se noua de peur. Cependant, ses valeurs lui interdirent d'en montrer quoi que ce soit, et elle défia le regard ardent de menace de son interlocuteur malgré la douleur que provoquait sa poigne et le souffle accéléré qui dilatait frénétiquement les narines du prince.
-Je ne compte pas vous prendre pour épouse, quoique puisse en dire mon roi, ragea-t-il à quelques centimètres de son visage en soufflant son haleine sur elle. Alors je vous conseille vivement de faire le nécessaire pour que cela n'arrive pas si vous ne souhaitez pas mourir de mes propres mains.
-Je doute être en mesure de faire quoi que ce soit qui puisse éviter cette union si vous même n'y trouvez pas de solution, parvint-elle à articuler malgré la pression exercée sur sa mâchoire.
-On m'a dit que vous étiez une Dame de ressource. Alors faites preuve d'imagination.
-Pourquoi ne pas m'aider à m'enfuir ?
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L'Héritage des Enfers (En cours)
FantasyLa légende raconte qu'à une époque immémoriale, la reine Tiama de Béléon aurait pactisé avec le diable dans le but d'obtenir la puissance nécessaire afin de faire asseoir son pouvoir sur le monde. De cette légende ne persiste que le récit des ancien...