Chapitre 9 (partie 4)

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  Après qu’Evelyne fusse reconduite dans sa chambre, Thalsémar avait embrassé la table de dîner de son regard le plus colérique. Azarel fut renvoyé dans ses appartements, honteux comme un adolescent qui venait de prendre une gifle, Tamara s’éclipsa avant même d’avoir pu être la cible des foudres de son père, et une nourrice vint chercher Moira tandis que les tensions entre le roi et la reine s’intensifiaient. Le couple royal n’attendait plus que la petite fille ai quitté la salle pour se livrer à une joute verbale qui promettait de dégrader leur relation pour les prochains jours.

  

  Confinée dans sa propre chambre, Moira se tournait dans son lit sans trouver le sommeil tant sa frustration et sa peine étaient vivaces. Ses larmes ne cessaient de couler sans qu’elle ne parvienne à les contrôler. Elle songeait à Evelyne et la force dont elle faisait preuve. Elle admirait cette femme belle et pugnace, mais forcée d’admettre qu’elle ne possédait pas le dixième de sa tenacité, la jeune Adraghor n’en était que plus déprimée.

  Elle avait compris que Magdéla n’était pas sa mère biologique quelque temps avant l’arrivée de la linéenne. Elle n’avait pas saisi la signification d’une telle vision dans un premier temps, mais rapidement la brillante intelligence qui se développait en elle lui avait fait réaliser l’importance de cette révélation.

  Magdéla avait toujours été une femme sévère avec elle. Elle cachait sa malveillance derrière les pouvoirs de Moira, les qualifiant de contre nature et maléfiques. En effet, au sein du pays dont elle était originaire, la croyance superstitieuse qui y était très ancrée décrivait les augures comme les messagers du Malin. Du reste, Moira ne faisait pas exception à cette règle. 

  La petite fille avait été profondément blessée par le traitement que lui réservait sa mère, comparé à celui dont bénéficiaient Azarel, Samaël et Tamara. De fait, elle avait fini par comprendre que quelque chose d’autre justifiait l’attitude de la reine, autre que le traumatisme superstitieux derrière lequel elle se cachait. Au final, elle avait accueilli cette vision comme la réponse tant attendue à nombre de ses questions, et une certaine forme de soulagement.

  Désormais, elle se demandait ce qui était advenu de sa génitrice, et de qui il s’agissait. Mais après réflexion, peu lui importait. La douleur qu'elle éprouvait d'être rejetée par la femme qui l'avait élevé était plus forte que l'idée de ne pas être de son sang.

  Elle se roula dans ses couvertures en échappant un couinement audible. Le silence pesant se sa chambre au milieu d'une nuit de Samhain fut brisé par le crissement des gonds mal huilé de sa porte de chambre. 

-Allez vous en ! s'écria-t-elle. Je veux rester seule.

  Mais elle n'eut aucune réponse. Elle se redressa dans son lit pour regarder vers l'entrée mais n'y trouva que l'ombre étendue du coin de sa chambre. Sa porte était ouverte.  

  Elle resta figée dans son lit un instant à guetter le moindre bruit, puis se rallongea doucement en se demandant si son imagination lui jouait des tours. Mais elle était bien trop habituée aux interventions mystiques pour croire à un courant d'air ou une simple coïncidence.

  Lorsqu'un second grincement se fit entendre, cette fois accompagné d'un frisson intense dans la nuque de la jeune fille dont l'instinct se mettait en branle, Moira se jeta hors de ses couvertures afin de plonger derrière son lit et de s'y cacher, avec la ferme conviction qu'elle n'était plus seule dans sa chambre.

  Le souffle court, elle tentait d'être le plus discrète possible, bien que s'il y avait un intrus dans ses appartements il était évident qu'il avait déjà capté sa présence. 

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⏰ Dernière mise à jour : Dec 29, 2023 ⏰

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