Enfin, après trente interminables minutes de voyage et une dizaine d'appels à la police de la part de John, le taxi s'arrêta enfin devant deux bâtiments jumeaux. Quelques salles étaient allumées et déversaient une faible lueur sur le sol bétonné, mais à part ça, il faisait complètement noir. Un autre taxi était déjà garé devant, prouvant la présence de Sherlock et du meurtrier.
- Sacrément glauque, comme endroit, commenta le chauffeur en passant la tête dehors à travers sa fenêtre ouverte.
- Je ne vous le fais pas dire, répondit Gabbie en le payant, sans quitter les bâtiments du regard. Le chauffeur la remercia, puis repartit, les laissant tous les deux seuls dans le noir de la nuit, devant l'université vide. Presque vide.
- Dans quel bâtiment est-il ? murmura John.
- Aucune idée... répondit Gabbie en employant le même ton bas. Le taxi est garé sur la gauche, j'aurai tendance à dire qu'ils sont dans le bâtiment de gauche, mais rien n'est moins sûr.
- On n'a pas de temps à perdre. Cherchez à gauche, j'irai à droite, dit alors John d'un ton déterminé. Gabbie hocha la tête, puis sans perdre plus de temps, elle courut vers le bâtiment de gauche. Elle entendit John faire la même chose à droite, mais lorsqu'elle entra dans le bâtiment sombre, tout son extérieur s'évanouit et elle se retrouva seule dans un silence de mort, tous sens en alerte.
Se félicitant d'avoir gardé son arme de service, elle avait la main dessus, prête à la dégainer si quelqu'un surgissait devant elle, ou au moindre son suspect.
Gabrielle avançait silencieusement, mais d'un bon pas. Aucun son ne lui parvenait au rez-de-chaussé où elle se trouvait actuellement, et elle emprunta les escaliers.
La jeune femme traversa un étage, puis un deuxième, sans trouver aucune trace de Sherlock. Elle tomba sur plusieurs pièces allumées qu'elle ignora car aucune voix ne lui parvenait depuis ces salles, alors qu'elle savait que le tueur parlait à ses victimes avant de les assassiner.
Elle arriva au troisième étage, et enfin, des bruits de voix lui parvinrent du fond du couloir. Elle s'avança à pas de loup, et reconnut la voix grave de Sherlock Holmes, qui parlait avec une, plus frêle et légèrement tremblotante, qu'elle sut appartenir au meurtrier. La conversation lui parvint, et elle se cacha à côté de la porte pour écouter.
- ....La vie vous ennuie, n'est ce pas ? disait la voix frêle et âgée. Gabbie entendait son cœur tambouriner à ses oreilles, et redoubla de concentration pour écouter la suite. L'homme parlait doucement.
- Je sais que j'ai raison, disait-il, c'est le destin des génies de ce monde. L'intelligence... n'a d'intérêt que si elle peut être comparée à celle des autres...
Il se tut un instant, et Gabbie risqua un regard à travers le hublot de la porte. Son cœur rata un battement lorsqu'elle vit Sherlock tenir à bout de bras une petite pilule, qui confirmait toutes les théories de Gabbie sur les méthodes du meurtrier. Elle se fit violence pour ne pas intervenir et laisser une chance à Sherlock de...
- Goûtez-y, invita la voix du meurtrier.
...prendre la bonne décision.
Elle soupira silencieusement.
- Je vous offre le frisson dont vous avez toujours rêvé, conclut le tueur d'une voix calme, presque doucereuse, et surtout d'une froideur de glace qui provoqua un frisson le long de l'échine de Gabbie.
Elle vit Sherlock approcher la pilule de sa bouche, et se décida enfin à agir. Elle poussa les portes de la salle d'un grand coup, et se précipita vers le détective en criant. Elle se jeta sur lui et ils tombèrent à la renverse. Elle lui prit le bras et lui arracha la pilule des mains, quand un coup de feu se fit entendre. Gabbie sut immédiatement qu'il venait de John. Il avait tiré depuis le bâtiment d'en face, et elle entendit le bruit sourd d'un corps qui s'écrase par terre. Elle pensa à jeter la pilule, mais décida de la garder dans sa poche, sachant que Scotland Yard voudra la récupérer pour analyse.
Puis elle lâcha Sherlock, qui se redressa immédiatement et se précipita vers l'homme allongé par terre derrière eux, agonisant. Il se jeta sur lui et cria :
- Est-ce que j'avais bon ? C'était bien le bon ? DITES-MOI QUE J'AVAIS RAISON !
L'homme ne répondit rien et Gabbie se releva en même temps que Sherlock, et se dirigea vers lui. Elle s'arrêta juste à côté, et se pencha pour ramasser la deuxième pilule, qu'elle fourra dans son autre poche. Elle se releva, et regarda le visage du vieillard sans afficher la moindre expression, si ce n'est un léger dégoût. Puis son regard descendit sur la blessure à l'épaule qu'a fait la balle de John, et elle comprit qu'ils n'avaient pas beaucoup de temps pour l'interroger, et que Sherlock n'hésiterait pas à employer la manière forte pour obtenir des réponses.
- J'ai une autre question, engagea Sherlock d'une voix plus calme. Qui est votre sponsor ? Qui vous a parlé de moi ?
Pas de réponse.
- Dites-moi son nom ! ordonna le détective.
- Je refuse...
- Même au bord de la mort, je peux encore vous torturer, dit alors Sherlock. Gabbie détourna le regard du visage de l'homme lorsque celui-ci hurla sous la pression que fit Sherlock sur sa blessure toute fraîche.
- Parlez, je vous dit !
Il se contenta de continuer à hurler, et Sherlock raffermit sa prise.
- Son nom !! le somma Sherlock en haussant la voix pour couvrir ses hurlements de douleur.
- MORIARTY !!! beugla finalement le meurtrier. Sherlock ôta son pied, et l'homme lâcha un sanglot.
- Moriarty... répéta Sherlock pour lui-même. Ce nom te dit quelque chose ? demanda-t-il à Gabbie. Elle remarqua qu'il était passé au tutoiement sans plus de cérémonie, et répondit :
- Absolument pas.
Il ne dit rien, et se dirigea vers elle.
- Allons-y, dit-il en la dépassant. Elle le suivit dans le couloir, et ils traversèrent l'université en silence.
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Sherlocked (Sherlock x OC) (BBC)
Hayran KurguGabbie Midwinter est une jeune criminologue travaillant à Scotland Yard depuis maintenant plusieurs années. Passionnée de psychologie, elle concentre tous ses efforts sur la compréhension de l'être humain, et surtout de celle des criminels. Un soir...