Les Maroun

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« Toute rencontre conduit invariablement quelque part »

New York

13h89

Les rencontres, ce grand théâtre de la vie, sont souvent des comédies absurdes écrites par un dramaturge espiègle dont le sens de l'humour frôle le sadisme. Elles apparaissent comme des farces inattendues, nous poussant à jouer des rôles que nous n'avons jamais auditionnés pour.

Assise dans la voiture, je sens le moteur ronronner comme une métaphore grinçante de ma tranquillité apparente. Les lumières de la ville défilent à une cadence hypnotique, un défilé de couleurs vives qui semble se moquer de la grisaille de mon esprit. Le contraste est presque comique : dehors, une scène de spectacle lumineux ; dedans, un tourbillon de pensées sombres et désordonnées.

Je me souviens de l'enterrement de mes parents, ce jour où la terre a décidé de m'aspirer dans un univers parallèle d'absurdité et de désespoir. À cinq ans, j'étais une petite marionnette perdue parmi les grands personnages en deuil, une enfant dont la naïveté faisait presque rire les adultes qui m'entouraient. Le cimetière, avec ses pierres tombales et ses rituels solennels, était le décor d'une farce tragique dont je ne comprenais ni le scénario ni les répliques.

J'ai couru, à croire que le sol se dérobait sous mes pieds comme dans un mauvais sketch de slapstick, essayant d'échapper à une douleur qui me semblait aussi ridicule qu'ineffable. Et dans ce tourbillon de folie, j'ai rencontré quelqu'un dont le timing comique semblait tout droit sorti d'une pièce de théâtre : un visage familier, comme une apparition d'un passé dont je pensais m'être échappée. La vie a ce don étrange de nous ramener à des situations improbables, nous rappelant que, parfois, elle semble écrire ses propres blagues aux dépens de notre équilibre mental.

Mais un enfant de cinq ans ne devrait jamais connaître la terreur d'être orphelin, abandonné à lui-même dans un monde froid et impitoyable. L'idée même qu'une telle innocence puisse être laissée à la merci des dangers et des cruautés qui rôdent est profondément perturbante, comme un cauchemar éveillé dont on ne peut s'échapper.

Mais le personnage qui est intervenu dans ce chaos, celui qui est venu à ma rescousse, était un inconnu total, une énigme vivante enveloppée dans un manteau de mystère. Sa présence, à la fois inattendue et déroutante, ressemblait à une pièce de théâtre qui se déroule sans avertissement, nous laissant perplexes face au dénouement.

Il est apparu comme un acteur égaré, surgissant des coulisses pour jouer un rôle qu'il semblait avoir répété à la perfection, même si je ne pouvais pas comprendre les répliques. Ses gestes étaient fluides, presque chorégraphiés, et son regard, celui d'un homme qui semblait voir à travers moi, captait chaque fragment de mon désespoir avec une précision glaciale.

Je le regardais, confondue, alors qu'il me sortait de là avec une aisance presque comique, comme s'il était habitué à sauver des gens des situations les plus improbables. Je ne savais rien de lui, de ses intentions, ni même de la raison pour laquelle il avait décidé de se lancer dans cette aventure imprévue. Tout ce que je savais, c'est qu'il m'avait extirpée de ma spirale infernale avec une nonchalance déconcertante.

Il se tenait là, à mes côtés, un paradoxe ambulant : un héros sans nom, dont les actions semblaient glisser dans un registre presque surréaliste. Son aide, à la fois précieuse et étrange, me plongeait dans une réflexion ironique sur la manière dont les rencontres impromptues peuvent changer le cours de nos vies. En l'espace de quelques instants, il avait transformé ma crise en une scène où je n'étais plus la seule actrice, mais un simple spectateur des caprices du destin.

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