12 décembre

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" La charité est la magie qui transforme les actes simples en miracles "


— Ludivine, t'es où ?

— Dans la salle de bain.

— J'ai besoin de toi, mon dos me gratte, mais j'y arrive pas avec mon épaule.

Lorsque Aurore m'a annoncé que la solution était de passer quelques jours chez la copine d'Estelle en attendant que son appart soit vivable, j'ai d'abord crié au scandale. Elle est gentille, la Ludivine, mais j'ai l'impression qu'elle est capable de se transformer en Hulk à la moindre incartade. Une seule nuit chez elle et j'aurais peur de me faire dépecer dans mon sommeil ! Mais quand sa voiture s'est garée devant l'hôpital et que je l'ai vue encore plus dépitée que moi, je me suis dit que ça serait l'opportunité de mieux la connaître.

Me voilà donc installé sur son canapé, paquets de chips et emballages vides à même le sol, en train de quémander de l'attention à la moindre occasion qui se présente... et mon dos me démange vraiment.

Elle traîne des pieds jusqu'au salon et me tend un double décimètre, la mine défaite :

— Tiens. Compte pas sur moi pour des papouilles, je suis déjà bien gentille de t'héberger.

— Parce que si tu crois que c'est un plaisir pour moi ? Quand on n'est même pas capable de réchauffer une brique de soupe, on évite de la ramener.

— Je l'aurais pas oubliée sur le feu, si t'avais pas passé dix minutes à chouiner pour que je te fasse couler un bain.

Elle enrage, et moi j'exulte.

Je sais qu'elle sait que je la taquine, et elle sait que je sais qu'elle feint d'être énervée, nos sourires complices ne trompent pas. Pourtant aucun de nous n'arrête ce jeu.

— T'es toujours aussi désagréable ? C'est pas une façon de traiter les infirmes.

— Tu plaisantes, j'espère ? Je réponds à toutes tes exigences les plus farfelues sans broncher depuis hier soir, je vais être en retard au boulot à cause de ce rôle de domestique, mon appartement est devenu une porcherie en moins de douze heures, et tu me demandes pourquoi je suis désagréable ? J'ai jamais eu droit à un merci. Je crois qu'à force de vivre perdu dans ta forêt, t'as oublié comment te comporter en société, même le dahu voudrait pas d'une coloc avec toi ! Maintenant excuse-moi, mais je dois me préparer, les gens civilisés m'attendent.

J'hésite entre rire et pleurer. C'était drôle de la faire rager un peu, cependant j'ai peut-être poussé le bouchon. Je l'interpelle juste avant qu'elle ne s'enferme dans la salle de bain :

— Eh, Ludi. Merci. Pour tout ce que tu fais pour moi.


***


Je suis de méchante humeur.

Je dirais même plus, de TRÈS méchante humeur.

On m'a collé un parasite dans les pattes. Et pas des moindres : un mètre quatre-vingt au garrot, une crinière à faire pâlir n'importe quel étalon pur sang et une croupe qui n'attend que... Stop.

Calme-toi, Ludi. Be focus. Il est relou, ne l'oublie pas.

Bien que Maxence soit un spécimen plutôt séduisant pour son espèce, il n'en reste pas moins un mec avec un membre estropié. Ou autrement dit, une épaule luxée.

Actuellement, il est vautré dans mon canapé, au milieu de tous mes coussins, avec les doigts de pieds en éventail – enfin, c'est ainsi que je les imagine sous ses grosses chaussettes à motif de biscuits en pain d'épices. Christian ronronne sur son ventre, comme s'ils étaient les meilleurs amis du monde.

Noël en terre inconnueOù les histoires vivent. Découvrez maintenant