Noël en terre inconnue

25 décembre

" Noël, c'est la magie qui descend du ciel pour éclairer nos cœurs de mille étoiles "

" Bred, réponds... "

J'ai récupéré ma voiture, puis conduit en mode "pilote automatique" sans me souvenir des étapes du trajet jusqu'ici.

" Laisse-moi t'expliquer... "

J'ai déverrouillé ma porte d'entrée, jeté à même le sol mes affaires, et ce cadeau que j'avais tellement hâte d'offrir.

" Ludivine ? "

Il le savait, lui.

Il l'avait deviné.

Et je n'ai rien vu. Bien trop naïve que je suis.

" S'il te plaît, donne-nous une chance "

Sans passer par la case salle de bain, je me suis affalée, en robe de soirée, dans mon canapé. Si brusquement que j'en ai réveillé Christian, qui a râlé en s'étirant.

— Toi aussi, tu savais ? lui ai-je demandé, avec l'impression de jouer, une fois de plus, le rôle de la dinde vedette de cette soirée de réveillon.

Malheureusement pour moi, mon compagnon poilu s'en est retourné presque aussitôt compter les moutons, sans plus de compassion à mon égard.

Une heure plus tard, me voilà toujours terrassée par des milliers de questions qui n'obtiendront jamais de réponses. Pelotonnée sous un plaid, un verre de vin blanc dans une main et ma boule avec les patineurs que je viens de secouer dans l'autre, j'observe la neige recouvrir lentement le couple, avant de sombrer dans un sommeil cotonneux.

C'est finalement des grattements depuis l'entrée qui me réveillent. Quelle heure est-il ? Je serais bien incapable de me situer tant la courbure du temps s'est entortillée ces dernières heures.

Mes yeux papillonnent autant que mon esprit pour tâcher de retrouver un semblant de netteté.

Les grattements recommencent, suivis d'un miaulement.

— Christian ?

D'un pas encore engourdi par mon assoupissement, je longe le mur à la recherche de l'interrupteur. Je l'allume – il m'éblouit – je l'éteins. À tâtons, je continue ma procession et bute dans mes affaires délaissées au sol. Ne serais-je pas en train d'effectuer mon chemin de croix ? Pour un 25 décembre, c'est plutôt cocasse.

Les miaulements s'intensifient à mesure que j'approche.

— Que se passe-t-il, minou ?

Celui-ci fait des va-et-vient incessants devant ma porte.

C'est bien la première fois que je le vois réagir de la sorte.

D'une main, j'ouvre le battant tandis que Christian s'élance sur le paquet qui gît sur mon paillasson.

Un joli ruban rouge entoure un présent recouvert de papier kraft. Sur celui-ci est attachée une enveloppe.

J'hésite, me penche, le tâte, me redresse, puis soupire.

Christian tente de jouer avec le galon alors que mon index craint de soulever le rabat du petit mot.

Puis, je rends les armes.

" Ludivine,

J'ai tout gâché et j'en suis désolé.

Sache que si tu voulais me pardonner, je t'attendrais à l'endroit de notre premier baiser jusqu'à la tombée de la nuit, demain.