CHAPITRE 2

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Je fais signe que non et un jeune homme assez grand, bâtît comme un roc s'installe à mes côtés. Zyeutant dans sa direction étant sûr de l'avoir déjà vu quelques part, son regard finit par croiser le mien. Prise sur le fait je me détourne furtivement et me tourne vers le paysage gelé qui défile derrière la vitre. Quelques arbres presque mort ici et là. Des buissons sec recouvert d'une fine couche de givre. J'aime ce paysage autant que je le déteste. Le nord et son manteau blanc ont quelque chose de pure et de dangereux.

- On se connaît ? je finis par demander, sentant son regard toujours posé sur moi.

J'ai toujours été doué pour savoir si quelqu'un m'observait, c'est d'ailleurs comme ça que j'ai rencontré June. Un garçon lui volait constamment son goûter à l'école alors un jour je lui suis tombée dessus. Je pouvais être sûr qu'il n'est jamais retourné l'embêter.

-Williams. Classe de monsieur Topard. Il dit en se raclant la gorge.

Analysant son visage, je mets un moment à être sûr qu'il ne me baratine pas. Ce n'est pas Will, ce n'est pas possible, lui qui faisait trois tête de moins que moi lorsque nous avions six ans, lui dont tout le quartier était persuadé qu'il ne passerait pas l'année. Voilà pourquoi il volait des goûters.

- Je sais, t'as aussi changé t'inquiète pas. Sa voix grave contraste avec le vague souvenir de sa voix fluette qui trotte dans ma tête à cet instant et j'ignore quoi lui dire. Que je suis désolée de lui avoir cassé la figure ? Que c'est à cause de moi qu'il n'est pas eu d'ami le reste de l'année ? S'en souvient-il au moins ?

- On pensait que t'étais –

- Mort ? il me coupe sur le ton de la blague.

- Oui ! je m'exclame faisant se retourner un bûcheron moustachue en partie endormit.

- Et bien non, désolé de te décevoir, cogneuse ! il rabat ses mains sur ses cuisses et je sursaute.

Il serait capable de m'étrangler rien qu'avec sa main gauche s'il voulait.

- Comment tu m'as appelé ? je demande.

- Cogneuse. Il me donne une tape sur l'épaule et se lève avant que je me rende compte que le bus s'est arrêté.

Nous sommes arrivés à la scierie. Le trajet n'a jamais paru aussi court et à peine les portes sont ouvertes que l'odeur du bois mélangée à celle du feu s'emparent de mes narines. Cogneuse, il m'a appelé cogneuse. Ne revenant pas, je tente de le rattraper, mais la foule de bûcheron tous vêtu pareil m'empêche de le retrouver.

Une fois dans l'entrepôt, je retrouve mon groupe et m'équipe face à mon casier.

- Messieurs ! tonne le contre-maître, il croise mon regard, mesdames... Il a toujours eu le don de faire rire l'assemblée. Pourtant je n'ai jamais demandé à avoir un traitement de faveur, être un « messieurs » ne me pose pas de problème, au contraire, les autres me fichent la paix et je suis payée pareil. – Le quota a doublé !

Un mécontentement générale se fait entendre et je laisse tomber ma ceinture pas encore attachée à ma taille sur le sol. Vraiment ? je pense, énervée et pas surprise croisant le regard d'un collègue qui lui aussi, vu sa tête, s'y attendait.

- On a perdu quelque chose ?

Me retournant d'un coup je but contre un torse bleu pétrole tâché.

-Will ?

- Surprise, cogneuse, je rejoins l'équipe.

Je n'ai pas le temps de dire quelque chose que Viktor, le contre-maître se place à côté de Will. Alors que tous les regards sont braqués sur nous, je rattache ma ceinture et tente de reculer, avant d'être stoppée par la portière de mon casier. Hacher.

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