61 Hunger Games

CHAPITRE 9

- Mais ce n'est pas possible !

Daisy est dans tous ses états, mon visage est encore enflé et rouge tandis que ma lèvre est complètement détruite. Je ne sens plus mon arcade qui a encaissé la plupart des coups et mes poings sont à vif alors que je n'ai frappé Karya qu'une fois.

- L'interview est ce soir ! Elle ne peut pas y aller comme ça ! Et il y a la parade !

Son maquillage coule sur son visage alors qu'elle vogue entre la colère et les larmes. Blight reste en retrait, silencieux, attendant le bon moment pour s'intégrer dans la conversation et annoncé à notre chère hôtesse que les meilleurs médecins sont en route pour me faire un lifting parfait.

Je ne sens pas les aiguilles pénétrer dans ma peau, ni les mains des médecins qui manipulent mon visage comme de la pâte. J'ignore ce qu'ils me font, tout ce que je sais, c'est que d'ici l'entretien, je n'aurai plus aucune trace. Daisy a mis un moment à se calmer suite à l'annonce de notre mentor, croyant que malgré tout je serais balafrée pour ce qui est l'événement le plus important à ses yeux.

Une fois finit, on m'ordonne de rester au lit le plus longtemps possible et d'éviter les chocs lors de la session de test. J'obéis et reste couché jusqu'à ce qu'on appelle les tributs en centre d'entraînement.

Couverte de crème cicatrisante et de maquillage, j'entre rejoindre les autres tributs dans le sas d'attente. Je commence à sentir les effets des piqûres et un rapide coup d'œil dans le reflet d'une vitre me montre que je n'ai presque plus de traces. Les premiers districts sont déjà passés et je n'ai pas eu de contacts avec Karya depuis. Will est posté à côté de moi et son tour ne va pas tarder. Je ne sais pas ce qu'il va préparer, j'espère qu'il n'utilise pas les haches ce qui discréditera toute ma performance. J'ai prévu d'utiliser les cibles du lancer de couteaux et d'y envoyer le plus de haches dessus, d'après le peu de talent qu'il me reste, je pense que deux ou trois devraient atteindre leur cible.

- District sept, William Bradson. Annonce le micro.

Il se lève, et pose sa main sur mon épaule avant de s'en aller. Je ne réagis pas, mais la brûlure qu'a laissé sa main sur mon corps persiste. Il est un mystère total pour moi. M'entrainant dans les pires situations pour ensuite être un parfait gentleman, je suis confuse. Il reste encore cinq districts à passer et je plains le douze, installé au fond. La fille observe le plafond, balançant ses jambes qui ne touchent pas le sol d'avant en arrière tandis que le garçon assit à côté d'elle fixe le sol. Ce dernier finit par remarquer que je les observe et préviens sa partenaire d'un coup de coude. Elle se stoppe et son regard bleu croise le mien. Elle n'a pas le visage d'une tueuse, elle ne gagnera pas. Je lui souris, espérant qu'elle ne perde pas tous ses moyens une fois là-dedans.

Les minutes passent, je me ronge encore les ongles et compte les petites taches au sol que je soupçonne être du sang séché.

- District sept, Emme Carter !

Je me lève, essayant de ne bousculer personne. Devant la grille, je patiente et une fois ouverte pénètre dans la salle et respire. Je suis Emme Carter, je maîtrise les haches comme personne, je me répète en marchant droit vers la tribune des juges. Pratiquement tous installés face à moi dans leur fauteuil rouge velours, ils posent leurs verres quand je me positionne devant eux. Celui qui doit être le concepteur des jeux m'indique que je peux commencer et sans perdre une minute, je marche d'un pas rapide vers le mur de béton et saisis la seule chose que je rêve de toucher depuis que je suis ici.

La hache est différente de celle que j'utilise chez moi, plus ergonomique, comme destinée à être lancée, son manche est légèrement recourbé et la lame bien plus tranchante et fine, mes doigts serrent le manche et je marche avec jusqu'aux cibles déjà disposées à quelques mètres de moi. Les juges peuvent me voir et voir mes résultats, je cale mes deux pieds au sol, calme ma respiration et ferme les yeux. J'imagine l'arbre, le gros chêne à côté de la scie, celle avec les dents qui me donnait des cauchemars lorsque je la voyais. Mon bras part en arrière et d'une puissante impulsion, je la lance.