61 Hunger Games

CHAPITRE 10

Je commence par une préparation aux questions possibles et à un petit cours de gestion du stress et de la parole en public. Daisy me coache jusqu'au bout, et donc pendant plus de deux heures. Puis alors que je suis lancé dans un enchaînement de possibles entrées, un repas nous est apporté. 

Neora et mon hôtesse sont scandalisées de voir un déjeuner aussi pittoresque nous être apporté et je mange par petites bouchées avant d'être stoppé par ma styliste.

- Si tu manges plus que ça, jamais tu ne rentreras dans la robe, donc maintenant stop. 

Aris, la maquilleuse s'occupe de moi pendant une bonne demi-heure, et alors que je suis autorisé à ouvrir les yeux, je découvre le chef-d'œuvre : des paillettes dorées ont été saupoudrées autour de mon œil et la courbe de ces dernières est soulignée par un fin trait vert. Ma peau est comme lisse et mes cheveux détachés sont légèrement ondulés par endroit. Une fois bouclé, Aris fait un pas en arrière et me laisse m'admirer.

- Si tu préfères avoir les mèches posées sur tes épaules, n'hésite pas, d'accord ?

J'acquiesce, ne pouvant pas quitter des yeux la jeune femme qui se tient dans le miroir.

- Tu es magnifique Emme. Maintenant la robe. Ordonne Daisy en claquant des doigts pour mettre tout le monde au travail.

Je ne suis pas autorisé à la voir, je l'enfile donc difficilement, les yeux fermés, écoutant le mieux que je peux les conseils de mes stylistes. Le tissu est léger, froid et lisse. Je le sens se poser sur mon corps et tente d'imaginer à quoi je vais ressembler.

Neora et Daisy s'arrêtent de parler et je comprends, je suis prêt.

- Maintenant, tu peux regarder.

J'ouvre lentement mes yeux, prenant une grande inspiration malgré le corset qui me comprime les poumons.

J'ai l'impression d'émerger de la cime d'un arbre qui si les dernières petites branches glissent sur moi alors que je m'envole. En toute légèreté, je me tourne vers mon équipe et essaye de ne pas verser de larmes. Neora m'aide à descendre de mon piédestal et s'assure que tout est en ordre. Daisy, elle se retient de ne pas pleurer alors que je sors de la loge.

Les autres tributs sont déjà, là, tous habillés de manière très travaillée, chacun portant une petite touche censée rappeler leur district.

- Ce soir, centre des tributs, étage 2. Souffle quelqu'un dans mon oreille alors que je fais la queue derrière le garçon du district 6.

Je sursaute un peu et tente d'apercevoir l'origine de ces paroles quand je croise le regard de Kay qui un sourire jusqu'aux oreilles passe devant tout le monde. Tous types d'interaction entre tributs sont interdits et je cherche discrètement que personne ne nous ait vus.

Les gradins sont noirs de monde, et installés au premier rang, les stylistes, c'est leur dernière chance de briller cette année. La musique est lancée et je retiens mon souffle. César entre en scène presque comme par magie. Cette année, ses cheveux sont blancs comme la neige et son costume habituellement bleu nuit est noir, acclamé par la foule. Je fixe son visage et tente de discerner un signe de vieillesse. Des décennies maintenant qu'il présente les jeux et pourtant son visage ne change pas, rien ne laisse paraître son âge exact comme s'il était destiné à être éternel. Acclamé par la foule, il salue les caméras plantées sur lui et détend l'atmosphère avant de calmer les foules pour l'entrée du premier tribut. La fille passe première cette année et je m'en mords les doigts. Devoir supporter le regard à distance de Will me donne des nausées.

Un à un, les districts s'enchaînent sur le plateau de Caesar, ce dernier en fait des caisses à chaque fois et essaie tant bien que mal de faire ressortir la personnalité de chacun de ses invités. Annabelle charme le public dans sa robe jaune pâle qui fait ressortir sa couleur de peau et ses yeux vert émeraude tandis que Diego, détenteur de la meilleure note, semble effectuer un interview d'après jeux. Karya est étrangement silencieuse et répond aux questions de manière très formelle.