CHAPITRE 18

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Ses épaules bougent aux rythmes de ses pas et je parviens à distinguer son dos musclé parmi les trous dans son t-shirt. Je n'arrive pas à me dire qu'il pourrait peut-être me plaire. Tout cela ne serait que surfait. Et puis quelles seraient les chances que quelque chose se passe. Nous sommes dans les Hunger Games. 

Au bout de quelques heures, j'en conclus qu'il nous a perdus, mais je ne dit rien. Tout se déroule plutôt bien et malgré notre exposition, rien n'est venu nous déranger.

- Alors Emme.

- Qu'est-ce que tu veux Karya. Pas d'humeur à parler, je traîne les pieds en fin de fil.

- Je sais pas, je me disais que tu devais t'ennuyer alors si tu veux discuter.

- Je ne vois pas de quoi tu veux qu'on parle.

- De chez nous. Elle propose, haussant les épaules.

- Pourquoi faire, on n'y retournera pas. J'accélère le pas et la distance rapidement.

Je n'ai peut-être pas réagi de la bonne façon, mais la prise de conscience de ce matin, suite à la remarque de Kay m'a mis un froid. Je ne peux pas m'attacher à ces gens. Bien que je voudrais que les choses se déroulent autrement, ce ne sera pas le cas. Nous rentrerons tous chez nous, l'un sur ses deux pieds, mais les vingt-trois autres entre quatre planches. J'ignore encore laquelle je serai, mais ce que je sais, c'est que je refuse de mourir à cause d'une erreur bête.

Le lac apparaît devant nous alors que le soleil commence sa descente. Assoiffée, je ne perds pas une minute et remplis ma gourde que je bois en quelques secondes. Il fait une chaleur terrible et par chance l'ombre de la bordure de la forêt nous offre la fraîcheur nécessaire.

Installé en cercle, leurs armes au centre, j'écoute d'une oreille les plans de Karya pour la suite des jeux. En effet, comme nous venons de quitter la Corne, celle-ci est maintenant à libre disposition des autres tributs.

- On pourrait profiter des hautes herbes pour se cacher et ensuite fondre sur eux. Propose Anna.

- On risquerait de faire du bruit.

- Pas si on y va en petit groupe. Déclare Diego en réponse à la remarque de Kay.

- En tout cas, il faut se décider, soit on y va maintenant ou soit cette nuit.

- On serait trop visible avec une torche.

Je lâche l'affaire et décide d'aller faire quelques pas, seule avec moi-même. Je garde toujours le lac en vue et longe en silence les berges. L'eau est calme et assez claire malgré la nuit qui commence à tomber. J'aperçois quelques poissons qui lentement remontent à la surface pour filtrer les particules qui flottent. Il reste encore un nombre considérable de tributs et je commence à me demander comment les choses vont se passer. Karya parle de chasse comme si de rien n'était et alors que je pensais me tromper sur Kay, sa manière de réagir ne me trompe pas. Ils ont été entraînés pour ça, ils n'ont aucun problème avec, comme si cela leur était naturel.

- Tu ne vas quand même pas nous lâcher maintenant !

Je me retourne et Kay s'arrête net. Il enjambe une motte de terre et se passe une main dans les cheveux. Ayant éclairci depuis le début des jeux, il paraît plus jeune et moins sérieux.

- Je voulais juste un peu marcher, c'est tout. Je me justifie.

- Y a pas de problème.

Je continue de marcher sans rien dire et il me suit, zigzaguant entre les herbes un peu plus hautes et les roseaux qui débordent sur la berge.

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