CHAPITRE 6

158 11 1
                                    

Le train entre en gare et alors que nous sortons du tunnel, une foule apparaît. Braillant comme des animaux dans leurs tenues colorées, le visage enfuit sous des couches de maquillages, hommes comme femmes, ils se jettent presque sur le train. Ralentissant de plus en plus, un homme aux cheveux rouges vifs est projeté contre la vitre et je sursaute, butant contre Will, lui aussi debout face à la vitre.

- C'est fou... Il murmure. Ils sont tellement nombreux...

Je ne parviens pas à répondre et reste muette. Je n'avais jamais imaginé une chose pareille. Nous restons plantés devant la foule quelques minutes et je tache de faire ce que Blight m'a dit, sourire et saluer le public pour m'attirer leur intérêt.

- Bon, les enfants, on y va ! Daisy me prend gentiment par le bras et je la suis à petits pas.

Je jette un dernier coup d'œil vers ma chambre et dis au revoir à ce petit cocon que j'avais plus ou moins réussi à me faire. Blight a revêtu une chemise noire et a taillé sa barbe. Il suit Will et nous descendons du train. Une bouffée d'air chaud me frappe le visage et je tousse à cause de l'épais nuage de fumée.

- Souriez et restez ensemble ! s'écrie Daisy en descendant du mieux qu'elle peut monter sur ses talons les minuscule marches du train, avant que notre mentor n'aille l'aider. Toujours vêtue de bleu, elle respire un bon coup comme si c'était à elle d'affronter la foule.

Des pacificateurs nous attendent en bas et seulement séparés par un haut grillage, nous avançons rapidement vers l'entrée de la gare.

L'atmosphère en devient presque étouffante tellement les cris et acclamations résonnent. J'essaye de sourire et lorsque Will me prend la main par surprise, je ne refuse pas. Ses longs doigts s'entrecroisent avec les miens, et je serre sa paume contre la mienne. Il a les mains caleuses, comme celles de mon père, résultats du travail et des longues heures en forêt. La tête haute et un sourire quelque peu forcé, nous traversons la foule d'un pas assuré derrière Daisy. Elle savoure ce moment, une joie se dessine sur son visage et elle salue tous les fans hystériques. Blight quant à lui, marche derrière nous et semble chercher à fuir. Je me demande comment les jeux étaient lorsqu'il a gagné, comment s'est passé son entraînement et comment il a remporté les jeux. Notre mentor est une personne très discrète qui aime se faire oublier et je ne l'imagine pas une seconde dans l'arène. Mais c'est peut-être ça sa stratégie finalement, paraître faible pour mieux frapper. La pression de la main de mon partenaire me sort de mes pensées et pendant quelques secondes me rassure. J'aimerais pouvoir être sûr de son comportement avec moi, mais à cet instant, je sais que je pourrai compter sur lui.

Certains nous appellent par nos prénoms, comme s'ils nous connaissaient. Je suis pris d'un sentiment de dégoût à leur égard, n'ont-ils pas conscience que nous sommes ici pour nous faire massacrer dans une arène ? J'aperçois une adolescente qui pourrait avoir mon âge, vêtue d'une robe semblable à la mienne, de couleur rose bonbon, dévorée des yeux, Will, et je me retiens de ne pas aller la claquer. Elle pourrait être à notre place, au lieu de cela, elle préfère considérer mon partenaire comme un objet. Au même moment, j'attrape une rose au vol et la tiens fermement dans mon autre main.

Nous entrons dans une grande salle au mur de béton dans laquelle est garé un camion. L'arrière est ouvert et deux gardes nous y font monter. Je me hisse sans problème dans l'habitacle et m'installe sur le banc. Will reste en bas et je comprends qu'on nous sépare. Alors que la porte se ferme, je lui souris et respire calmement.

Les battements de mon cœur résonnent dans ma tête, que se passera-t-il ensuite ? Le trajet dure plusieurs minutes qui semblent être des heures, je bouillonne de l'intérieur et pose ma main sur ma jambe pour calmer le spasme musculaire. Une fois arrêté, j'ai à peine le temps de comprendre ce qui se passe qu'une puissance lumière blanche m'éblouit et qu'un garde me fait descendre du camion. J'avance aussi vite que je peux et m'arrête sur l'ordre du pacificateur devant une porte blanche marquée d'un numéro sept.

61 Hunger GamesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant