Chapitre 13

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PDV Alexandre


C'était la semaine du bac blanc. 

Enfin.

J'étais sûr qu'Hayden était un(e) élève et donc que rien ne nous tomberait dessus pour les prochains jours. Je n'étais pas le seul à le penser, l'atmosphère du lycée s'était détendue, nous sentions tous cette accalmie. Nous en venions presque à espérer que ce bac blanc dure jusqu'à la fin de l'année scolaire. Les murs étaient tapissés d'affiches, pas de liste cette fois mais de prospectus pour nous annoncer la tenue du bal de fin d'année et les thèmes possibles. Je ne participais d'habitude jamais à ce genre de mondanité mais ce matin j'étais parti voter pour le thème de l'année (mon âme de poète avait penché vers Rimbaud). Nous pouvions respirer et ça, ça faisait un bien fou.

Je me rendais à mon premier entrainement : la philosophie, m'enfermer quatre heures pour réfléchir à un sujet me paraissait étrangement tentant à cet instant. Un des deux sujets proposé était "Le langage trahit-il la pensée ?". Ce sujet était vraiment d'actualité, les professeurs étaient ils finalement prêts à nous écouter ? J'en doutais. Après avoir développé l'idée que le langage nous permettrait de nous exprimer mais que parfois nous sommes obligés de reprendre nos paroles car elles ne correspondent pas à ce que nous pensons et voulons dire, alors même que c'est nous-mêmes qui avons choisi les mots employés, je divaguais vers la notion de trahison qui évoquait la déception d'une relation de confiance. Si le langage pouvait nous trahir, alors c'est que nous avions préalablement admis que nous lui confions la tâche d'extérioriser une pensée intime. 

Je m'égarais, je transposais mes propres questionnements dans cette copie.

Au bout de quatre heure je rejoignis mes amis pour la pause déjeuner. Ils comparaient déjà leurs plans, c'était angoissant. 

- Est-ce que vous aussi les sujets vous ont évoqué notre situation actuelle ? entre celui sur la trahison, le rôle des mots et l'autre sur la confiance, on aurait presque dit que les profs se faisaient un malin plaisir à nous rappeler notre situation.

Je n'étais donc pas le seul à avoir fait des parallèles, je n'étais pas fou.

- Nath' aurait eu des choses à écrire aujourd'hui. Ils se tournèrent tous vers moi.

- Les gars, ce qu'il s'est passé entre Nathan et moi c'est notre affaire. Je ne vous demande pas de m'aider à améliorer cette situation. On est tous dans le même bateau la, faut qu'on se soutienne pour les épreuves de la semaines et après pour le reste des secrets qui seront divulgués.

- Que de belles paroles Alexandre. Tu prends pas de nouvelle de Nath' depuis qu'il a été arrêté et tu veux qu'on continue à vivre comme si de rien était ? Je suis pressé de connaître ton secret, que tu goutes un petit peu à la merde que tu as provoqué.

- Pardon ? Je ne comprenais pas son attaque.

- Maintenant arrête gars, on sait tous que c'est toi qui a appelé pour la dope. Ne fais pas cette tête la, un policier a lâché à Sylvie que c'était un homme qui avait donné l'information. Les instructions étaient très claires sur les cachettes. Aucun de nous ne les connaît toutes, sauf toi. A ton avis pourquoi la mère de Nath' t'a appelé au moment où ils l'ont embarqué ?

Aucun mot ne sortait de ma bouche. Mes amis les plus proches, et même Sylvie, pensaient que j'étais lié à ce coup de fil. Je n'avais jamais été d'accord avec Nathan sur son rôle de dealer pour les gosses de riches, je n'arrêtais pas de lui dire que ça lui retomberait dessus. Il n'empêche que je n'aurais jamais rien fait qui aurait pu lui nuire. C'était mon meilleur ami bordel. 

Hayden.frOù les histoires vivent. Découvrez maintenant