Chapitre 7

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PDV Sacha :

Vous vous demandez sans doute ce qui est arrivé à notre groupe pendant un mois et demi ?

Tout est parti en vrille.

Lily s'en foutait de la rumeur, qui n'en était pas une et elle n'avait pas peur que ça lui porte préjudice. Ça nous a soulagés dans un premier temps avec mon groupe, elle était plus forte qu'elle ne le laissait paraître. Les ragots n'étaient pas remontés jusqu'à ses parents donc tout était parfait. Il y avait quand même un problème, Lily avait décidé de s'assumer en abandonnant son air enfantin et en changeant drastiquement. Je ne reconnaissais plus mon amie, elle avait teint ses cheveux en noir et arborait un style vestimentaire à l'opposé de ses jupes plissées habituelles. Je n'aimais pas mais je n'avais rien dit, après tout je n'étais personne pour juger ses nouveaux goûts vestimentaires.

Sauf qu'elle n'avait pas uniquement changé son apparence. Son comportement aussi avait évolué. Elle avait pris en assurance, envoyait balader les profs et nous parlait mal. Sarah et moi en avions parlé et on avait essayé de la raisonner : c'était notre rôle d'amies.

Je crois qu'on avait empiré la situation.

En cours elle a commencé à se rapprocher de Camille, puis à manger le midi avec elle.

-          Lily, est ce qu'on pourrait parler la situation s'il te plait ?

-          Mouais, vite fait je dois voir un truc avec Camille après

-          Avec Sasha on s'inquiète de la nouvelle toi. Je suis contente que tu t'assumes mais pourquoi tu dois t'éloigner de nous ?

-          Tout ne tourne pas autour de vous vous savez ?

-          Arrête Lily ! On se connait depuis des années et je ne t'ai jamais vu comme ça. Tu étais toujours pleine de vie et joyeuse. T'es l'ombre de toi-même maintenant et ça nous fait bizarre. Même le fait que tu te sois rapproché de Camille c'est n'importe quoi ! Tu la détestais, qu'est ce qui a changé ? Qu'est-ce qu'on a fait de mal ?

-          Arrêtez ! arrêtez de tout ramener à vous, vous n'êtes pas le centre de l'univers et encore moins de ce lycée. Hayden m'a fait ouvrir les yeux sur les gens qui ne me jugent pas et me soutiendront quoi qu'il arrive et les fausses amitiés. Avec vous j'étais toujours la gamine, la troisième roue du carrosse. Comme je suis plus accessible on venait me parler pour arriver à vous. J'étais humiliée. Cet été j'ai pu enfin vivre, je n'étais dans l'ombre de personne. Vous ne pouvez pas comprendre. Depuis que j'ai rencontré Camille je peux m'épanouir comme bon me semble

-          Pardon ? j'explosais Camille qui se moque de tout le monde, qui critique ses propres copines ?

-          Je n'avais pas terminé mais vous êtes déjà fermées à la discussion, je pense que c'est mieux qu'on en reste là.

La semaine dernière, elle a juste décidé de nous quitter définitivement en ne nous calculant plus. Aucun de nous. Nous étions abasourdis. Tous. J'étais aussi blessée qu'elle se débarrasse de moi après toutes les années qu'on avait passées ensemble. Je ne comprenais pas son comportement.

Quant à Marine et Charly ils s'étaient séparés mais étaient restés dans le groupe. La liste était un sujet tabou avec eux alors n'a jamais vraiment su si ce qui avait été dit sur eux était vrai et pourquoi ils s'étaient séparés alors qu'ils étaient collés h24 auparavant. Chacun, avec des pincettes, on avait demandé mais ils étaient complètement fermés à la discussion l'un comme l'autre. Cela signifiait qu'ils n'avaient pas assez confiance en nous pour les soutenir dans ce moment. Ce mois et demi avait été rude pour notre groupe, nous avions perdu de notre éclat et le moral avait baissé.

<Nouveaux messages>

Sarah : ça recommence

Martin : connecte-toi, Hayden est revenu

<Fin nouveaux messages>

Ce n'était pas les seuls messages que j'avais reçu, ils étaient tous arrivés pratiquement en même temps, comme si mes amis scrutaient la page d'Hayden dès que l'occasion se présentait. Ils ne devaient pas être les seuls d'ailleurs puisqu'autour de moi, une agitation commença à monter dans le couleur des terminales. Je savais ce que ça voulait dire, ça n'avait pas cessé et ce n'était pas prêt de s'arrêter.

Une liste venait d'apparaître

C'était encore pire, en cliquant sur le lien du site je me rendis compte que ce n'était pas une liste mais un message :

<Merci à tous pour vos renseignements très précieux les uns sur les autres, croyez-moi vous ne pouvez même pas faire confiance à votre meilleur ami... Mais bon c'est comme ça qu'on voit qui est vraiment avec vous. Sachez une chose : où que vous alliez quelqu'un vous observe.

Pour ceux qui essayent de me retrouver c'est inutile, ça me donne une raison de plus de chercher des infos dérangeantes sur vous. Vous vous trompez de cible.

Bonne soirée à tous et à bientôt !>

Génial, maintenant le lycée allait prendre des allures de la France durant la Seconde Guerre mondiale. Ironie du sort, je sortais de mon cours d'histoire ou le thème était la collaboration. Hayden  savait placer ses pions. Ça faisait froid dans le dos, j'étais pressée de rentrer chez moi juste pour échapper à cette cohue. Finalement, moi qui pensais que le lycée me permettrait d'échapper à ma famille, c'est l'inverse qui se produisait. Décidément l'ironie était partout en ce lundi.

***

Je crois que le lycée n'avait jamais été aussi silencieux qu'en ce mardi. Il aurait dû fourmiller de voix, d'élèves débriefant des derniers potins ou des profs qui avaient donné trop de travail, mais ici les tous paraissaient absents. Comme des coquilles vides, ils étaient physiquement présents mais se comportaient comme des automates. La publication de la veille remettait tout le monde en question, qui racontait la vie de ses amis pour se faire bien voir ? Qui bafouait toute morale pour pouvoir jouir d'un plus petit secret révélé ? ce n'était pas normal de se comporter comme ça.

Tout le monde se jetait des regards en coins, on se soupçonnait déjà tous, on ne cherchait même plus à savoir qui Hayden était mais qui pouvait lui cafter ses moindres faits et gestes. Avec mon groupe on essayait de se serrer les coudes mais c'était compliqué. On avait été les premiers touchés par cette pluie de noms en série et nous savions que ce n'était pas terminé. Je n'étais pas prête à encore perdre un membre de notre groupe. Le départ de Lily me brisait encore le cœur.

J'avais peur, peur de ce que nous allions devenir. Notre esprit devrait être tourné vers les cours et les examens et c'était étrangement le cas, nous n'avions plus envie de sortir ou de nous divertir de peur de faire un faux pas et de se retrouver afficher sur une liste à un mur comme un fusillé à son poteau d'exécution.

Les terminales étaient toujours les seuls touchés mais l'ambiance pourrie gangrenait les autres niveaux qui n'osaient plus se faire remarquer de peur d'être absorber par le tourbillon infernal Hayden.

Les profs et les parents ne comprenaient pas notre mal être car tous sans exception (même les cancres d'autrefois) avions trouvés comme seul échappatoire les cours, qui occupaient notre esprit un temps. Nous avions des résultats improbables pour certains et pour les adultes cela effaçait tout ce qu'il pouvait y avoir autour que ce soit bon ou mauvais.

C'était triste de regarder cela, mais si on pouvait éviter une nouvelle liste alors c'était le prix à payer. Nous étions résignés.

Hayden.frOù les histoires vivent. Découvrez maintenant