Et soudainement je n'ai plus rien. Je me suis réveillée vide comme si la nuit avait aspiré la vie en moi. Et plus la journée progresse, plus je me fatigue et me vide d'énergie. Quand qu'est ce que le creux sera trop profond ? Si tout ne cesse de s'empirer, je ne serais plus rien. Tout mon corps, ma chaire et mes os, toute ma personne, ma vie, se sera vidée, et alors je ne serais plus rien. Mais... n'est-ce pas déjà arrivé ? Non...non, il reste encore un peu de moi. Il reste ce fond de bruit de mer dans la coquille vide. Ce bruit c'est celui de la vie. Souvent je l'oublie car le bruit infernal de la haine couvre tout le reste. Mais par des instants soudains je le retrouve, quand j'écris, quand je contemple un paysage, quand j'observe l'humanité des hommes... Ces instants là j'aimerais pouvoir les attraper, les enfermer dans mes mains pour les manger et qu'ils rentrent en moi pour compléter mon vide. Mais ça ne marche pas comme ça. Ce sont des bribes de ce bruit de mer flottant. Cette vie est toujours en moi, bien au fond. C'est la seule chose qui me reste, mais c'est la seule chose qu'il faut. Maintenant, il ne reste plus qu'à ne pas laisser ce vide se remplir de pensées noires qui viennent bloquer le bruit de la mer. Au contraire, en se vidant de cette haine creuse, il faut retrouver un espace qui amplifie le son de la vie dans son écho. Les bribes de vie, se réfléchissant les uns aux autres, ne complètent pas le vide par leur matérialité mais font mieux : ils nous emplissent alors de vie.
image: harmonie de bleu et d'argent, James Abbott McNeill Whistler
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Si le monde m'entendait
PoetryVoilà ce que le monde entendrait si mes pensées devenaient sons. Poésies de réflexion d'un miroir fracturé qui laisse entrevoir une vie d'observateur troublé par son propre monde intérieur. Poésies nocturnes auxquelles n'échappent pas le Soleil tart...