fleurs glaciales

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Jaune indigo et magenta émergent sur la page                                                                                                    

Et goutte à goutte s'étirent sur le papier comme la pluie après l'orage

Dans leurs arabesques d'autres couleurs naissent

Une aquarelle alors se dresse, belle comme une déesse

Et l'on pleure de cette splendeur qui émerveille comme elle fait peur

Le papier scintillant par le soleil fondant pour s'ouvrir aux fleurs

Les pétales se déploient aujourd'hui en Antarctique

Et cachent le diable humain dans leurs aspects angéliques

La rose perçant la neige perd sa beauté dans le souvenir

De la couleur rouge du sang des victimes passées et à venir

Toute couleur que l'on s'émerveillait à voir aujourd'hui désole

Quand on l'aperçoit dans l'arc-en-ciel d'une flaque de gazole

Le monde ne se dit plus sans un murmure d'angoisse

Le poète s'écroule dans un paysage qui s'efface

Les ours polaires ne voulaient pas de ces fleurs

L'homme n'a pas le droit d'y trouver une once de bonheur

Ces couleurs avec lesquelles la nature et nous aimions peindre

Jaune indigo et magenta naissent pour mieux s'éteindre

Pour la première fois la faucheuse porte l'habit du printemps

Les pétales se déploient en Antarctique manquent en Afrique et s'envoleront avec le vent

Cette éclosion précoce est l'objet de nos mains qui pensaient toucher l'or

Mais dans la contemplation de la nature qui naît pour signaler la mort

Tout chez nous a cette odeur d'un corps en décomposition

Qui file entre nos doigts rougis par l'effort vain du monde où nous vivons

La terre mourante s'écoule alors plus vite qu'on ne le pense

Et l'homme fier va pleurer face à la contemplation de ses dépenses

Les fleurs éclosent en Antarctique et la Terre meure dans ces fards

Il ne restera plus que le sublime soleil tartare.


image: Femme au parasol, Monet 

Si le monde m'entendaitOù les histoires vivent. Découvrez maintenant