Les 19èmes Hunger Games

[ Chapitre 1.2 ] District Quatre - Train

Les deux tributs firent le tour de la partie du train réservée au District 4 sans se parler, trouvèrent leurs quartiers, puis s'installèrent du même côté de la table dans le wagon restaurant. Lori s'assit près de la fenêtre et jeta un œil au dehors. Seul le triste mur de briques de la gare, au pied duquel poussaient des mauvaises herbes, était visible de là. Le train n'était pas encore reparti : il fallait d'abord attendre leur mentor, rôle qui revenait à la dernière gagnante du District 4, chargée de prodiguer des conseils pour gagner et encourager ses tributs. Mais elle semblait prendre son temps pour arriver. Bon, au moins on ira directement au Capitole une fois qu'elle sera là. En effet, chaque année, le train faisait le tour de Panem, partant des districts les plus à l'Est du pays et finissant au District 4, le district le plus à l'Ouest ; et enfin, après avoir récupéré tous les tributs, le train rentrait au Capitole où les participants étaient accueillis au Centre d'Entraînement pendant quelques jours. Cet endroit leur permettait de se reposer, faire connaissance avec les autres tributs, et surtout apprendre à survivre pendant les Jeux.

Lori se retourna pour observer Indigo. Il fixait mélancoliquement la banquette en face d'eux avec ce regard vide qu'il ne quittait qu'en public, et Lori prit la parole :

« Ça va ? »

Cela sembla réveiller son partenaire qui lui adressa un sourire ambigu sans pour autant répondre à sa question. Fais comme si j'existais pas, surtout... Il sortit un stylo plume argenté, que Lori reconnut comme étant celui qu'elle lui avait offert pour un de ses anniversaires, et commença à dessiner divers types de poissons et symboles incompréhensibles sur la nappe en coton qui recouvrait la table pleine de plats raffinés dignes du Capitole. Il s'ennuie tant que ça ? pensa Lori, un peu irritée que son cadeau ne servît qu'à décorer une nappe. Elle attrapa un sablé et le finit en fixant son partenaire qui ne semblait pas d'humeur à parler ou même à la regarder.

« Au moins, réponds au lieu de m'ignorer comme ça ! lui lança Lori en le poussant doucement. Et comment ça tu réfléchis ? ajouta‑t‑elle en voyant la réponse qu'il avait rapidement écrite à côté de la méduse qu'il dessinait. Me dis pas que tu réfléchis à des stratégies hein. C'est à moi de gagner ! Toi, ton seul rôle, c'est de crever. Pff, quelle idée de t'avoir parlé. »

Alors que Lori se détournait, regrettant d'avoir laissé à son partenaire l'honneur de l'ignorer aussi longtemps, elle l'entendit lâcher un petit rire.

« Tu crois vraiment que je veux vivre, moi ? »

Le bruit métallique du stylo posé sur la nappe se fit entendre et Indigo répondit à sa propre question :

« Non... je réfléchissais à des stratégies pour t'aider à gagner. Enfin, si tu acceptes que l'on soit alliés...

- J'ai pas besoin de ton aide, et tu le sais très bien, rétorqua froidement Lori avant de se retourner pour faire face à la surprise de son partenaire. Mais t'inquiète pas. Je te protègerai, si toi t'as besoin de mon aide.

- Pardon mais je n'ai pas envie de t'être inutile ! l'interrompit son partenaire avant de reprendre une voix posée. Enfin, cela ne me paraît pas très... intéressant, de ne rien faire de spécial...

- Intéressant pour qui ? le coupa Lori. Pour moi ? Pour toi ? Pour le public ? »

La tribut du 4 eut alors une illumination en prononçant ces mots. Il espère que le public l'aimera assez pour lui envoyer des sponsors. En effet, les tributs pouvaient avoir accès à des objets venant d'en dehors de l'arène grâce à ces « sponsors ». C'était un concept assez nouveau, datant d'une certaine édition des Hunger Games : les spectateurs pouvaient envoyer de l'argent au mentor du district sur lequel ils pariaient, et ensuite, le mentor était chargé d'utiliser cet argent à bon escient pour acheter des objets utiles à ses tributs. Une fois le mentor ayant fait son choix, ces produits étaient envoyés dans l'arène grâce à des drones qui, avec un peu de chance, arrivaient entre les mains des bons tributs sans avoir subi trop de dommages. C'était pour éviter d'encombrer les machines volantes ou d'envoyer par erreur un objet qui pourrait changer le cours des Jeux aux mauvais tributs que les sponsors ne contenaient la plupart du temps que des sachets de nourriture, des bouteilles d'eau, ou du matériel médical. Bref, moi j'en ai pas besoin. Ni des sponsors, ni de la sympathie du public et de mon mentor, pensa Lori pendant qu'Indigo réfléchissait à une réponse. Alors qu'il semblait sur le point de parler, elle secoua la tête d'un mouvement exagéré.